Abstracts
Résumé
En octobre 1935, un passage a lieu dans l’oeuvre poétique d’Hector de Saint-Denys Garneau, entre des « Esquisses en plein air » tournées vers les paysages du monde « extérieur » et une série de poèmes proposant des personnages et des paraboles dont la tâche est de symboliser le monde « intérieur », tels « Le Jeu » ou « Commencement perpétuel ». Curieusement, le passage s’est fait, semble-t-il, à l’insu de Garneau, qui continue dans son journal et ses lettres à adhérer à une poésie et à un art ancrés dans le sensible, alors que les poèmes qu’il écrit au même instant font un théâtre de sa vie intérieure. Le renversement est tel que l’autoréflexivité, perçue comme le plus grand obstacle à l’écriture comme à la prière, devient le moteur de la créativité. L’hypothèse formulée ici, à partir d’une citation de Goethe, est que cette poésie cherche avant tout, à l’extérieur comme à l’intérieur, une voie de réconciliation des contraires, une voie pour intérioriser le dehors et pour extérioriser le dedans. Cette confluence du dehors et du dedans est la grande intuition garnélienne.
Abstract
In October 1935, a shift takes place in the poetic work of Hector de Saint-Denys Garneau, from “Esquisses en plein air” oriented toward the landscapes of the “outer” world to poems such as “Le Jeu” or “Commencement perpétuel” whose characters and parables are intended to symbolize the “inner” world. Curiously, the shift seems to have taken place without Garneau being aware of it: his journals and letters keep on expressing his commitment to poetry and art rooted in the senses, while he is writing poems that make a drama of his inner life. The reversal is such that self-reflexivity, seen as the greatest obstacle both to writing and to prayer, becomes the motor of creativity. The hypothesis examined here, based on a quotation from Goethe, is that the poems are essentially looking for a way to reconcile opposites, to internalize what is outside and to externalize what is inside. This merging of inside and outside is Garneau’s great insight.
Resumen
En octubre de 1935, ocurrió un paso en la obra poética de Hector de Saint-Denys Garneau entre « Esquisses en plein air » (“Bosquejos al aire libre”), orientados hacia los paisajes del mundo ‘exterior’, y una serie de poemas que proponían personajes y parábolas cuya tarea era simbolizar el mundo ‘interior’, tales como « Le Jeu » (“El Juego”) o « Commencement perpétuel » (“Comienzo perpetuo”). Curiosamente, parece que el paso se dio a espaldas de Garneau quien, en su diario y sus cartas, sigue adhiriéndose a una poesía y un arte anclados en lo sensible, mientras que los poemas que escribió en aquel mismo instante transformaron su vida interior en teatro. La inversión es tal que la autorreflexividad, percibida como el mayor obstáculo para la escritura y la oración, se transforma en motor de creatividad. La hipótesis formulada aquí, a partir de una cita de Goethe, es que esta poesía busca ante todo, tanto en lo exterior como en lo interior, una vía de reconciliación de los contrarios, una vía para interiorizar lo de fuera y exteriorizar lo de dentro. Esta confluencia de lo de fuera y lo de dentro constituye la gran intuición de Saint-Denys Garneau.