Abstracts
Résumé
Dans son article « Le parti pris du niaiseux », Laurence Côté-Fournier recrée, autour de Mathieu Arsenault, une communauté d’écrivain·e·s et d’artistes uni·e·s par leur sens de l’autodérision et leur goût de l’ironie, offrant à la niaiserie « une nouvelle légitimité, une nouvelle visibilité ». Afin d’illustrer ce parti pris, elle convoque quelques oeuvres littéraires québécoises, dont celles de Réjean Ducharme et de François Blais, et s’intéresse à la manière dont elles accueillent le « décalage et le ridicule pour exprimer une fatigue généralisée devant tout ce qui se prend trop au sérieux ». Partant de cette prémisse plus que pertinente, nous nous proposons d’analyser les représentations de l’amitié dans l’oeuvre de François Blais. Il s’agira de réfléchir à ce que l’amitié dit du rapport à l’autre, mais plus encore au réel, dans l’univers romanesque de Blais. Comment sert-elle de refuge, comme de béquille, aux personnages principaux ? Comment influe-t-elle sur la forme même des romans ? En quoi laisse-t-elle entrevoir une désillusion envers le vivre-ensemble et la possibilité même de faire communauté ? Et en quoi permet-elle de penser la communauté telle qu’elle se déploie dans la durée ; ou pour le dire mieux, comment l’amitié permet-elle de réfléchir la filiation dans laquelle s’inscrivent les personnages et leur auteur ? Ces questions nous amènent finalement à considérer le rôle paradoxal qu’on peut prêter à ces amitiés, sorte de communautés restreintes qui résistent modestement à un ensemble plus grand qu’elles, tout en y adhérant quelque peu. Mais surtout, elles éclairent la familiarité ou l’espèce de proximité décomplexée qui émerge des romans de Blais, dont les narratrices et les narrateurs sont le plus souvent à tu et à toi avec le langage, la littérature, l’histoire et leur réalité.
Abstract
In her article, “Le parti pris du niaiseux,” Laurence Côté-Fournier recreates a community of authors and artists around Mathieu Arsenault who are united by their sense of self-deprecation and their taste for irony, giving silliness “a new legitimacy, a new visibility.” To support her point-of-view, she brings together selected works of Québécois literature, including those of Réjean Ducharme and of François Blais, and examines the manner in which they embrace “inconsistencies and ridicule as a way to express a generalized fatigue with anyone who takes her or himself too seriously.” Working with this highly pertinent premise, we proceed to analyze representations of friendship in the work of François Blais. It is a question of reflecting on what friendship reveals about the rapport with the other, but also with reality, in Blais’ fictional world. How does it serve as a refuge, a crutch, for his main characters? What influence does it have on the very form of the novels? How does it provide a glimpse into a disenchantment with living together and even with the possibility of forming a community? In what ways does it allow us to think about the community as it evolves over time; or to be more precise, how does friendship allow us to reflect on the alliance formed by the characters and their author? In the end, these questions lead us to consider the paradoxical role that one can attribute to these friendships, sorts of restricted communities that quietly resist a group larger than themselves while belonging somewhat to it . Above all, they shed light on the familiarity or the kind of uninhibited proximity that emerges from Blais’ novels, whose narrators are most often on a first name basis with language, literature, history and their reality.
Resumen
En su artículo «Le parti pris du niaiseux», Laurence Côté-Fournier recrea, en torno a Mathieu Arsenault, una comunidad de escritores y artistas unidos por su sentido de la autoburla y su gusto por la ironía, que ofrecen a la bobería «una nueva legitimidad, una nueva visibilidad». Para ilustrar este prejuicio, se basa en varias obras literarias quebequesas, entre ellas las de Réjean Ducharme y François Blais, y examina la forma en que esas obras adoptan «lo insólito y lo ridículo para expresar una fatiga general con todo lo que se toma demasiado en serio». Partiendo de esta premisa más que pertinente, nos proponemos analizar las representaciones de la amistad en la obra de François Blais. El objetivo es reflexionar sobre lo que la amistad dice de la relación con los demás, y más aún con la realidad, en el universo novelesco de Blais. ¿Cómo sirve de refugio, de muleta, a los protagonistas? ¿Cómo influye en la forma misma de las novelas? ¿Cómo sugiere una desilusión con la convivencia y la posibilidad misma de la coexistencia ¿Y cómo nos permite pensar en la coexistencia a medida que se desarrolla en el tiempo?; o para decirlo mejor, ¿cómo nos permite la amistad pensar en la filiación en la que están insertos los personajes y su autor? Estas preguntas nos llevan, en última instancia, a considerar el papel paradójico que puede atribuirse a estas amistades, una especie de comunidades restringidas que se resisten modestamente a un todo más grande que ellas mismas, al tiempo que adhieren a él en cierta medida. Pero, sobre todo, arrojan luz sobre la familiaridad o la especie de proximidad desinhibida que se desprende de las novelas de Blais, cuyos narradores se encuentran las más de las veces en armonía con la lengua, la literatura, la historia y su realidad.