Chronique bibliographique

Bjarne Melkevik, L’intelligence du droit : épistémologie juridique, Paris, Éditions Buenos Books International, 2021, 180 p., ISBN 978-2-36671-068-8.

  • Frédéric Levesque

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  • Frédéric Levesque
    Université Laval

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Qui peut être assez vaniteux pour intituler l’un de ses ouvrages « L’intelligence du droit » ? Cet être prétentieux a même poussé l’audace jusqu’à mettre son propre visage en gros plan sur la page couverture du livre. Je parle ici de nul autre que mon collègue et ami sincère, le meilleur professeur de droit que je connaisse, l’illustre Bjarne Melkevik. C’est de loin le professeur de droit le plus productif à mes yeux. Il a publié un nombre impressionnant de livres, sans compter les articles, le tout ayant été traduit dans de nombreuses langues. Je me rappelle qu’un jour il est arrivé à mon bureau avec un livre, avec son nom et sa photo sur la page couverture, écrit en langue étrangère, et il ne se souvenait plus de la langue de l’ouvrage. Cela est typique du personnage. Lorsque j’ai reçu le courriel des Cahiers de droit au sujet des derniers livres reçus pour recension, je me suis précipité sur celui de ce cher Bjarne, qui s’intitule L’intelligence du droit : épistémologie juridique. Cet ouvrage ne traite pas de philosophie du droit, et il est par conséquent plus accessible que ses autres écrits. En fait, le livre regroupe des textes qu’il a publiés séparément. Bien que les écrits forment un certain tout, il y a quand même des différences notables entre les textes. Si je devais renommer le livre de Bjarne, j’opterais pour le titre suivant : « La recherche et l’enseignement en droit selon Bjarne Melkevik ». Tel est le fil conducteur de ses textes ou plutôt de son livre. Pendant longtemps, j’ai cru que le professeur Melkevik jugeait l’approche juridique positiviste traditionnelle. Je croyais que, pour mon ami, seule la théorie du droit était digne. Je me rends compte aujourd’hui que j’avais très mal compris le personnage. Après la lecture de son livre, je pense que nous avons sensiblement la même vision de la recherche et de l’enseignement en droit. Je tenterai donc dans les prochaines pages de décrire la pensée de Bjarne, telle qu’elle ressort de son livre, et ce, en y ajoutant quelques commentaires personnels pour compléter le tout. Dans son ouvrage ayant pour titre L’intelligence du droit : épistémologie juridique, le professeur Melkevik se montre vraiment tranchant, voire arrogant. Le court avant-propos et le premier texte, qui est nommé le chapitre 1, en forment le premier bloc. Ils s’intitulent respectivement « Avant-propos contre l’obscurantisme juridique » et « Chapitre 1 – Quatre thèses critiques sur l’interdisciplinarité dans le domaine juridique : une précision d’épistémologie ». Le principe qui guide le premier bloc est de conserver la spécificité du droit et de ne pas se laisser envahir par les sciences sociales, par les cadres théoriques des sciences sociales, par la pseudoscience qui inonde les sciences sociales, le ressenti, les sentiments et les microagressions. Je partage en grande partie son point de vue. La recherche en droit semble de plus en plus inutile pour le juriste moyen, soit celui que nous rencontrons le plus souvent. Elle est rendue sociale, multidisciplinaire, axée sur la justice, le bon, le politiquement correct, l’environnement, le « il faut sauver le monde », le droit international public... Elle est de moins en moins pratique, axée sur les besoins des étudiants, des praticiens et des juges québécois, qui sont pourtant la principale « clientèle » de la faculté de droit québécoise. Surtout, la recherche doit prévoir un cadre théorique. La dérive à cet égard paraît provenir des sciences sociales et elle se manifeste principalement dans les demandes de subvention des professeurs et dans les thèses de doctorat. Au cours des …