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La notion d’espace public transcende plusieurs disciplines des sciences sociales et humaines. Loin de faire consensus, cette notion permet néanmoins de mieux comprendre des phénomènes à la lisière des sciences géographiques et politiques. C’est à partir de ce postulat que les auteurs de L’espace public à l’épreuve définissent les objectifs de leur l’ouvrage collectif. Ces objectifs sont précisément de relever « les enjeux intellectuels et scientifiques que pose l’intérêt contemporain pour la notion d’espace public » (p. 9). L’angle d’approche théorique est délibérément celui de la spatialité de la vie politique et les relations qu’il est possible de tisser entre elle et les discours des aménagistes, urbanistes et autres spécialistes des sciences humaines.

À cette fin, la notion d’espace public sert de fil conducteur à cet ouvrage composé de quatre parties et de 18 chapitres. La première partie expose les tenants et aboutissants de l’espace public face aux enjeux environnementaux. L’apport de l’analyse classique de l’espace public y est précisé. Les quatre chapitres qui forment cette première partie abordent des sujets variés. Les concepts spécifiques d’infra-planning et de NIMBY sont discutés ainsi que le modèle de justice véhiculé par les éléments de l’environnement urbain. Les liens spécifiques qui unissent l’espace public et l’action collective font également l’objet d’une analyse particulière.

La deuxième partie du livre est consacrée à l’explication des tensions existant entre l’espace public et la représentation politique. Constituée de quatre chapitres, cette deuxième partie s’arrime autour de l’idée que l’espace public est un milieu propice au développement de l’action publique. Il est ainsi question de penser la façon dont l’espace public peut être habitable et de souligner les relations qui unissent l’espace public au pouvoir politique. La cohérence des politiques publiques avec les différentes dimensions de l’espace public interpellées est également étudiée, ainsi que le dialogue qui s’opère entre l’espace public matériel et l’espace public idéel.

La troisième partie du livre cherche à comprendre les limites du modèle classique en ce qui a trait à l’espace public. Cinq contributions interrogent la pertinence de la notion d’espace public. La notion d’espace public est remise en question face aux réseaux d’organisations qui dominent le monde, puis à la lumière de cas spécifiques comme la ville arabo- musulmane, la ville d’extrême-orient, la favela brésilienne.

La dernière partie de l’ouvrage est destinée à faire valoir le rôle de la mise en scène organisée de l’espace public. À cet effet, quatre chapitres illustrent les difficultés mais aussi les apports de la mise en scène de l’espace public en interrogeant la dimension rhétorique, les différentes représentations et leurs impacts ou influences sur l’aménagement de l’espace public.

L’absence de conclusion et de cadre d’analyse uniforme sont certainement à déplorer. Toutefois, l’originalité et la grande qualité des différentes contributions augmentent la cohérence d’ensemble de l’ouvrage. L’introduction stimule plusieurs questionnements et interrogations qui sont détaillés, par la suite, par les différents contributeurs de l’ouvrage. Une autre grande force de l’ouvrage consiste en ses multiples études de cas qui couvrent presque toutes les parties du monde.