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Créé officiellement en avril 2012, selon les termes de la nouvelle loi de 2006, le Parc national des calanques, parc littoral et marin tout près de Marseille, procède d’une longue histoire. Les auteurs, au nombre de huit, qui rapportent ici les résultats de leurs travaux d’observation de la longue phase de concertation ayant présidé à cette création entre les nombreux et divers acteurs, ont choisi d’organiser leur compte rendu autour de trois thèmes.

Dans la première partie de l’ouvrage, Philippe Deboudt, Arlette Hérat, Anne-Peggy Hellequin et Vincent Herbert se donnent pour tâche de restituer la manière dont a pu s’effectuer une construction territoriale fort problématique là où la nature sauvage, d’un côté, s’imbrique dans les interstices urbains d’une métropole fragmentée, de l’autre. Jamais, parc naturel ne fut si étroitement « périurbain » et donc pris dans les enjeux afférents.

Dans la seconde partie, Valérie Deldrève présente, dans trois approches successives, la concertation qui a dû être menée pour résoudre cet imbroglio : quels objectifs et quelles formes, avec quels acteurs et pour quels enjeux ? Ce qui pose la question capitale des légitimités à prendre part au débat.

La troisième et dernière partie est consacrée à ce qu’on pressentait être l’essentiel de cette affaire complexe : les usages, à savoir, qui au bout du compte va avoir le droit de faire quoi et où ?

Un parc qui procède d’une longue histoire, disions-nous, ce que les auteurs n’ont pas manqué de découvrir quand, engagés dans le programme de recherche Concertation, décision, environnement du CNRS et du ministère de l’Écologie, ils se sont trouvés face à des acteurs locaux qui « avaient pris leur marques » depuis longtemps, tant ce projet d’un parc sur ce site naturel de 8000 ha classé depuis le milieu des années 1970 faisait partie du paysage local. Si le processus de création a débuté en 2007, c’est même bien plus tôt que l’idée en avait germé chez les excursionnistes marseillais dès les années 1920, puis qu’elle a pris corps avec les classements en 1975-1976 et qu’elle s’était déjà institutionnalisée en 1999 avec la création du Groupement d’intérêt public des calanques. Sauf que, plutôt que de vouloir y protéger la biodiversité, les promoteurs d’alors s’impliquaient pour sauvegarder leurs pratiques de plein-air (randonnée, plongée sous-marine, escalade…). Ajoutons à cela – ce qui est essentiel pour comprendre le cas d’espèce − la présence dans les dites calanques de nombreux « cabanons », bicoques sans confort ou petites maisonnettes accrochées aux rochers et dont les occupants tolérés entendaient bien garder leur habitudes. Dussent-ils, pour cela, s’ériger en « gardiens » du parc.

La concertation, dans ces conditions, devait être la plus impartiale qui fût et il y a tout lieu de penser qu’elle le fut. Sauf que, pour faire devenir « bien commun » cet espace approprié depuis si longtemps tant par des usagers jaloux de leurs passions que par des résidants « historiques », il aurait fallu sans doute beaucoup plus de temps que celui autorisé par une procédure administrative, fût-elle la plus « démocratique ».