Article body

-> See the list of figures

Voici un bouquin, style livre de poche, qui surprend et s’avère un outil d’une grande utilité pour tout lecteur intéressé par la thématique de la mobilité des personnes dans son caractère multidimensionnel.

La mobilité dont il est question s’avère être la facilité à se déplacer en milieu urbain et territorial pour avoir accès aux ressources des lieux afin d’y vivre avec décence et satisfaction. Les deux auteurs sont de formations différentes. Orfeuil y est présenté comme professeur émérite et chercheur de l’Institut d’urbanisme de Paris, associé au sens large au domaine de la socioéconomie. Ripoll, géographe de formation, oeuvre entre autres dans le secteur des mouvements sociaux se rapportant aux inégalités.

On pourrait supposer, au départ, que le but de l’ouvrage est de susciter le débat afin de confronter les opinions et d’en faire ressortir la plus forte ou la plus éclairante. Il n’en n’est rien. En effet, dans leurs exposés respectifs, les auteurs arrivent, de façon croisée, à bien définir leurs termes, avec tenants et aboutissants, et à exposer leurs concepts et leur vision. Ils s’appuient sur une solide littérature et sur leur expertise de chercheurs.

Orfeuil présente un texte extrêmement bien construit. En sept chapitres écrits « serrés », il situe le lecteur par un exposé d’une qualité pédagogique évidente. Il conduit littéralement le lecteur à saisir et comprendre le sujet et l’amène ainsi à appréhender, tant le thème, que le message qu’il livre dans la section finale « Perspective ». Tout lecteur en sortira plus averti de la complexité de la situation et du fait que, somme toute, « la mobilité n’est pas qu’une question de transport ».

Le texte de Ripoll se présente en quatre chapitres. Il s’agit d’un texte à la fois documenté et critique, où l’auteur argumente avec force sur le thème de la mobilité, dans un sens élargi, issu de la discipline géographique dans ses aspects humains et sociaux. Dans plusieurs paragraphes, Ripoll examinele sens exact de la terminologie appliquée à la mobilité et amène le lecteur à être plus prudent, plus averti de la chose. Son chapitre sur les inégalités sociales et spatiales, donc sur la mobilité qui s’y manifeste, est porteur. Dans sa présentation, il offre au lecteur une interrogation valide qui éclaire.

Globalement, ce livre s’inscrit dans la tendance dissociant, jusqu’à un certain point, le thème de la mobilité de celui du transport, un lien désormais dépassé dans le développement et l’aménagement des villes et des régions. Quant à savoir comment, et qui, devrait s’assurer de cette autre façon de concevoir et de faire, le débat demeure entièrement ouvert.

Nous nous permettons de faire une recommandation aux lecteurs. Il n’est pas inutile d’entreprendre la lecture en allant directement à la dernière section du livre, l’épilogue, avant de s’attaquer à l’ouvrage. Ces quelques lignes, bien rendues, permettent de mieux connaître le cheminement professionnel et personnel des auteurs et de mieux saisir, comprendre et assimiler leurs exposés, de même que les valeurs sous-tendues.