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Cet ouvrage émanant d’un sociologue se décompose en cinq chapitres. Les concepts fondamentaux de l’écologie politique constituent le premier, la sociologie brésilienne et la question écologique, le deuxième, le chapitre III est consacré au mouvement écologique brésilien, tandis que la démocratie et la politique brésilienne pour la durabilité occupe le chapitre IV, et que le cinquième chapitre porte sur le changement géopolitique, les changements climatiques et les nouvelles pratiques d’action de l’écologisme politique brésilien (2008-2015).

Ce travail traite d’un sujet intéressant dans un pays où les enjeux, débats, conflits sont nombreux autour des questions d’écologie et plus largement d’environnement, et où ces thématiques ont été discutées depuis plusieurs décennies déjà par les acteurs internationaux, lors de la Conférence de Rio sur l’environnement et le développement de 1992 puis, à nouveau, lors de la Conférence des Nations unies sur le développement durable 2012 (Rio plus 20). La forêt amazonienne, ses usages, la déforestation, les populations autochtones… ont fait l’objet de très nombreux travaux et sont à l’origine de postures écologistes qu’on s’attend à voir présenter et développer de manière précise dans cet ouvrage. Or, les différentes conceptions de l’écologie (écocentrée, anthropocentrée…) sont envisagées de façon assez confuse, sans aucune référence aux travaux américains et européens, sans tentative pourtant indispensable d’établir des équivalences entre ces différentes approches et les terminologies existantes. L’écologie politique demandait aussi définition. L’auteur traite le plus souvent de l’écologie dans la politique brésilienne (chapitres IV et V) mais, là encore, l’approche est succincte, le contexte politique et les acteurs insuffisamment présentés.

Globalement, les acteurs de l’écologie politique comme les grandes problématiques d’environnement sont évoqués trop rapidement, sans que soit discuté le statut des acteurs, sans que leurs postures soient envisagées et critiquées de façon approfondie. Or, l’auteur indique avoir enquêté auprès de 260 représentants d’ONG environnementales. Mais les informations obtenues sont diluées au fil du texte et les personnes interrogées ainsi que les types d’entretiens ne font pas l’objet de l’analyse que tout travail de recherche nécessite. La place de l’écologie dans la politique brésilienne, des années Lula et Rousseff notamment, est évoquée, mais de manière bien trop rapide. La question de la durabilité, à travers quelques exemples, aborde les « conflits » classiques entre écologie, protection des ressources et pressions économiques. Il aurait été intéressant de montrer, également avec des exemples, la difficulté de traiter de tels conflits dans un pays en développement, dont les attentes de la population diffèrent forcément de celles qu’on a dans les pays riches. L’importance des réseaux sociaux, dont le rôle en écologie politique paraît de plus en plus affirmé, aurait aussi demandé un développement plus important. Finalement, cet ouvrage n’éclaire guère sur l’écologie politique brésilienne, ce qu’on ne peut que regretter. Il apparaît comme un saupoudrage, une succession d’idées présentées sans recul et sans analyse critique. En outre, il souffre probablement d’une traduction déficiente qui contribue à accroître la confusion de l’ensemble.