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Volume 30 of the Journal of the Canadian Historical Association carries on the tradition of publishing articles based on the best papers presented at the annual meeting of the Canadian Historical Association. It also introduces what the editors hope will become a new tradition of sharing the annual meeting’s keynote address, and restores an earlier practice of assembling papers under a common theme.

By opening with a presidential address, this issue follows a convention that has been in place through the lineage of the JCHA since 1922 (when it was called Report of the Annual Meeting). Adele Perry’s “Starting with Water: Canada, Colonialism, and History at 2019” invites us to reconsider our perspectives by placing water at the centre of historical questions. Perry’s address flows through several thousand years of history to discuss colonialism and the weight of the past on people today. With a focus on the area around Winnipeg, but a view that sees much further, Perry begins with and returns to “intimate, consequential” water to bring us into a thoughtful and subtle critique of what it means to be a historian of Canada and a member of Canada’s largest professional organization for historians.

The keynote address from the 2019 annual meeting also asks us to recognize the legacy of the past we study in the world we inhabit. In “Settler Colonialism and Beyond,” Allan Greer intercepts an influential concept and holds it up for historians’ scrutiny. Without denying the force or influence of settler colonial theory, Greer’s address challenges us to avoid presuming that it is always and everywhere applicable. In short, Greer historicises settler colonial theory as an analytical tool, and settler colonialism as a historical process. He insists on precision in how we use terms like “colonialism,” “empire,” and, for that matter, “Canada,” and reminds us to be sensitive to specific historical contexts when using theoretical approaches developed for a different time or place. He shows the limits of settler colonial theory for trying to understand early modern North America, discusses its strengths for explaining immigration and migration from the later eighteenth century to the formation of the Canadian state in the mid-nineteenth century, and suggests that it has been overshadowed globally by extractivism as the most significant form of colonialism affecting Indigenous peoples and their lands today.

The other articles in this issue come from research on “Histories of the Senses,” which was the theme chosen for the JCHA-sponsored sessions in Vancouver. These sessions brought together an international group of scholars working on a variety of historical periods and places. The papers published here are three that focused on early modern Europe and European colonies in the Americas. In “Possession and the Senses in Early Modern England,” Erika Gasser considers how people thought about the senses as they tried to discern, explain, and eventually dispute possible cases of demonic possession. Gasser’s analysis of the role of sense perception in questions of evidence and faith builds upon well-developed fields of scholarship in early modern demonology and history of the senses, and adds a new facet to the social, political, and religious history of England during the long seventeenth century. Andrew Kettler’s “Queer Mineralogy and the Depths of Hell: Sulfuric Skills, Early Modern England, and the North American Frontier” bridges the history of senses with environmental history by examining how and why the association between the smell of sulfur and the perception of evil weakened between the sixteenth and the nineteenth centuries. As industrialization increased the demand for sulfur, and as potential industrial profits pulled sulfur mining westward across North America, the sensory meanings of sulfur changed in response to economic incentives. The third paper in the group, “A Perfect Fifth of Blue and Red: Enlightened Harmonies of the Senses,” by Edward Halley Barnet, presents a new way of thinking about the significance of a fascinating instrument. The ocular harpsichord was invented by Louis-Bertrand Castel in the eighteenth century to create harmonies of colour and light. It was of great interest to people who were thinking about the role of the senses in physiology and psychology, and Barnet shows how Castel’s instrument can fruitfully be considered as part of wider eighteenth-century debates on the human body and soul. Together, this group of papers offers a sense of the vigour energizing studies into the history of senses, and a demonstration of how historicizing the senses contributes new insight into how people of the past perceived their world.

The second issue of Volume 30 will contain collections of essays arising from the panels convened for prize-winning books, along with additional articles based on papers presented at the CHA annual meeting. We hope both issues will provide historians of Canada and historians in Canada with much that is helpful for their thinking, research, and teaching.


Le volume 30 de la Revue de la Société historique du Canada maintient la tradition de publier des articles basés sur les meilleures communications présentées lors de la réunion annuelle de la Société historique du Canada. Il contient également le discours liminaire de la réunion annuelle, une nouveauté que les rédacteurs espèrent voir devenir une nouvelle tradition, et rétablit une pratique antérieure qui consistait à réunir des textes sous un thème commun.

Le discours de la présidente vient en premier lieu, une coutume qui est en place depuis le tout premier numéro de la RSHC en 1922 (qui s’appelait alors The Annual Report). « À commencer par l’eau. Le Canada, le colonialisme et l’histoire en 2019 » d’Adele Perry nous invite à réexaminer nos points de vue en plaçant l’eau au centre des questions historiques. L’allocution d’Adele Perry s’étend sur plusieurs milliers d’années d’histoire pour discuter du colonialisme et de l’impact qu’exerce le passé sur les gens aujourd’hui. En mettant l’accent sur la région de Winnipeg, mais d’un point de vue beaucoup plus large, Perry débute avec l’eau « intime, fondamentale » avant d’y revenir pour nous amener à un examen réfléchi et subtil de ce que signifie être un historien.ne du Canada et membre de la plus grande organisation professionnelle d’historien.ne.s au Canada.

Le discours liminaire de la réunion annuelle de 2019 nous demande également de reconnaître l’héritage du passé que nous étudions sur le monde dans lequel nous vivons. Dans « Settler Colonialism and Beyond », Allan Greer discerne un concept dominant et le soumet à l’examen des historien.ne.s. Sans nier pour autant la force ou l’influence de la théorie du colonialisme de peuplement, l’allocution de Greer nous invite à ne pas présumer qu’elle s’applique toujours et partout. En bref, Greer historicise la théorie du colonialisme de peuplement en tant qu’outil analytique et le colonialisme de peuplement en tant que processus historique. Il insiste sur le besoin d’utiliser les termes tels que « colonialisme », « empire » et même « Canada » avec exactitude, et nous rappelle d’être sensibles aux contextes historiques spécifiques lorsque nous utilisons des approches théoriques élaborées pour une autre époque ou pour un endroit différent. Il démontre les limites de la théorie du colonialisme de peuplement pour tenter de comprendre l’Amérique du Nord moderne, discute de ses points forts pour expliquer l’immigration et la migration de la fin du XVIIIe siècle à la formation de l’État canadien au milieu du XIXe siècle, et suggère qu’elle a été éclipsée à l’échelle mondiale par l’extractivisme comme étant la forme la plus significative de colonialisme affectant les peuples autochtones et leurs territoires aujourd’hui.

Les autres articles de ce numéro sont issus de recherches sur les « Histoires des sens », thème choisi pour les sessions parrainées par la RSHC à Vancouver. Ces sessions ont rassemblé un groupe international de chercheur.e.s travaillant sur une variété de périodes et de lieux historiques. Les trois articles publiés ici portent sur l’Europe moderne et les colonies européennes en Amérique. Dans « Possession and the Senses in Early Modern England », Erika Gasser examine comment les gens pensaient aux sens lorsqu’ils tentaient de discerner, d’expliquer et finalement de contester les cas possibles de possession démoniaque. L’analyse de Gasser sur le rôle de la perception des sens dans les questions de preuves et de foi s’appuie sur des domaines d’étude bien développés de la démonologie et de l’histoire des sens au début de l’ère moderne, et ajoute une nouvelle facette à l’histoire sociale, politique et religieuse de l’Angleterre au cours du long XVIIe siècle. « Queer Mineralogy and the Depths of Hell : Sulfuric Skills, Early Modern England, and the North American Frontier » d’Andrew Kettler fait le lien entre l’histoire des sens et l’histoire de l’environnement en examinant comment et pourquoi l’association entre l’odeur du soufre et la perception du mal s’est amoindrie entre le XVIe et le XIXe siècle. Alors que l’industrialisation augmentait la demande de soufre et que les profits industriels potentiels incitaient l’exploitation de mines de soufre vers l’ouest de l’Amérique du Nord, les significations sensorielles du soufre ont changé en réponse aux incitations économiques. Le troisième article du groupe, « A Perfect Fifth of Blue and Red: Enlightened Harmonies of the Senses » d’Edward Halley Barnet, présente une réflexion nouvelle sur la signification d’un instrument fascinant. Le clavecin oculaire a été inventé par Louis-Bertrand Castel au XVIIIe siècle pour créer des harmonies de couleurs et de lumière. Il a suscité un grand intérêt chez les personnes qui réfléchissaient au rôle des sens en physiologie et en psychologie, et Barnet démontre comment l’instrument de Castel peut être considéré avantageusement dans le cadre plus large des débats sur le corps et l’âme humains du XVIIIe siècle. Ensemble, ce groupe d’articles nous donne une idée de la vigueur qui anime les études sur l’histoire des sens, et démontre comment l’historicisation des sens apporte un nouvel éclairage sur la façon dont les gens du passé percevaient leur univers.

Le deuxième numéro du volume 30 contiendra des recueils d’essais issus des panels sollicités pour les livres primés, ainsi que des articles basés sur les communications présentées lors de la réunion annuelle de la SHC. Nous espérons que ces deux numéros offriront aux historien.ne.s du Canada et aux historien.ne.s au Canada beaucoup de renseignements utiles pour leur réflexion, leur recherche et leur enseignement.