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Pour l’agrégation en lettres modernes de 2003, les sermons que Bossuet a prononcés pour son Carême du Louvre en 1662 sont au programme. Pour préparer les candidats à ce concours, Jean-Pierre Landry et Catherine Costentin ont écrit ce livre, mais leur livre s’adresse à un public bien plus large. Ce livre contient deux parties très différentes. Jean-Pierre Landry analyse les dimensions littéraires et théologiques des sermons et Catherine Costentin en propose une étude stylistique. Les deux parties ne sont ni de la même longueur ni de la même qualité. La partie écrite par Jean-Pierre Landry occupe plus des deux tiers du livre et son analyse solide remet ces sermons justement célèbres dans le contexte de la Contre-Réforme et explique clairement leur profondeur psychologique et religieuse. Il indique que le catholicisme français du dix-septième siècle diffère nettement du catholicisme contemporain. À cette époque-là, les oeuvres spirituelles les plus influentes étaient les Exercices spirituels de saint Ignace de Loyola et celles de saint Vincent de Paul et de saint François de Sales. Le fondateur de la Société de Jésus propose des arguments intellectuels pour justifier une croyance dans le catholicisme et encourage les gens à se faire une image visuelle des souffrances du Christ pour mieux comprendre les différences profondes entre le catholicisme et les Églises Réformées. Les saints François de Sales et Vincent de Paul développent une spiritualité pratique que les catholiques laïcs peuvent utiliser dans leur vie quotidienne et encouragent les gens à se méfier des valeurs trompeuses et éphémères du monde social et à se tourner vers un Christianisme plus dévot et sérieux. Jean-Pierre Landry explique bien comment Bossuet réconcilie ces trois grandes tendances de la spiritualité de la Contre-Réforme dans son Carême du Louvre de 1662. En plus, il examine bien l’éloquence finement persuasive de Bossuet et la profondeur intellectuelle et psychologique de ses arguments.

Malheureusement la partie écrite par Catherine Costentin est moins satisfaisante. Au lieu d’analyser la structure, le style et les techniques persuasives dans des sermons spécifiques, elle se contente de faire des remarques très vagues, mais ce qui est pire, elle écrit dans un jargon critique qui rend la compréhension difficile pour les lecteurs. La première partie de ce livre sera très utile pour les candidats de l’agrégation en lettres modernes en 2003 mais permettra aussi aux chercheurs de mieux comprendre la profondeur psychologique et l’excellence rhétorique de Bossuet.