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La publication du livre La foi et la Raison a coïncidé avec la sortie de l’encyclique de Jean-Paul II : Fides et Ratio, publiée en octobre 1998. L’A. ne propose pas ici un commentaire de l’encyclique mais, comme théologien et philosophe, cherche à montrer comment la foi chrétienne, sans se confondre avec ses croyances, en demeure inséparable.

La foi et la Raison ne présente pas une oeuvre totalement originale. L’A. regroupe ici six études déjà publiées et en ajoute trois nouvelles.

À la suite d’un chapitre de prologue philosophique, les thèmes étudiés se distribuent en trois ensembles : quelques éléments fondamentaux sur la théologie chrétienne, quelques aspects historiques et systématiques sur les théologies négative et mystique, enfin quelques questions plus récentes relatives à la théologie des religions.

La situation du premier chapitre ne laisse aucunement supposer que l’entrée en théologie doive se faire par le choix d’une philosophie. Toutes les études rassemblées dans l’ouvrage contredisent cette interprétation. La théologie demeure une oeuvre de la foi. Mais l’intelligence croyante ne s’effectuant jamais dans une intelligibilité du vide, il est apparu utile à l’A. pour la compréhension des études de l’ouvrage, de commencer par esquisser l’horizon philosophique où il se situe. C’est en revenant sur la formation complexe du sens dans un symbolisme, que l’A. fait réfléchir sur des notions aussi fondamentales que nature, culture, acte, être ou vérité.

Regroupés dans les chapitres 2 et 4, les éléments fondamentaux propres à la théologie chrétienne conduiront à parler successivement de la foi, de la révélation, enfin de la théologie elle-même. Tout naturellement, on y retrouve la référence à l’identité de Jésus-Christ, la place déterminante de l’Esprit Saint dans la christologie, soit la confession chrétienne de Jésus. Ce premier ensemble se clôt par un retour sur l’emploi des concepts en théologie en vue d’en faire apparaître les différentes exigences. Quand celles-ci sont respectées, dans leur diversité et selon leur ordre, le concept théologique ne saurait se confondre avec un concept philosophique.

Les chapitres 5 à 7 traitent de la théologie négative et de l’apophatisme théologique, ce dernier étant souvent confondu aujourd’hui avec la mystique. Si la négation opérant dans le discours théologique reste là mesurée, elle devient ici radicale. Chacune des questions précédentes appelle à vérifier cette distinction trop communément négligée.

La foi n’outrepasserait-elle pas les croyances ? Le Dieu caché n’excéderait-il pas le Dieu révélé ? La dissemblance des symboles n’entraînerait-elle pas plus que la rectitude des concepts ? Mais, au-delà des limitations de la connaissance, ne serions-nous pas renvoyés vers une inconnaissance absolue ? N’aurions-nous pas à quitter les déterminations de la foi pour un abandon à l’absolument indéterminé ? Les questions sont anciennes et la réponse n’est pas dans l’immédiat, si jamais elle vient.

L’A. amorce sa réponse en montrant l’importance prise dans la tradition chrétienne par l’apophatisme mystique néoplatonicien. Puis, il tente de faire saisir la priorité trinitaire sur la théologie négative. La première devant redevenir la règle de la seconde et non l’inverse. L’A. en expose quelques tenants et aboutissants, dans une théologie chrétienne des religions.

Le thème des religions ferme le livre, aux chapitres 7, 8 et 9. Les trois s’intéressent aux rapports que le christianisme entretient avec les autres traditions religieuses de l’humanité. Cet effort permet d’esquisser la question du dialogue interreligieux, en comparant celui-ci avec le dialogue oecuménique.

Un livre difficile. La foi chrétienne y est présentée comme une réalité ne pouvant plus se comprendre en dehors de tout échange avec les autres croyances. L’exposé offre une réflexion sur l’unité possible de la religion face à la diversité réelle des religions.