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La théologie politique des années 1960, selon la terminologie usitée par J.B. Metz, a réactivé le débat des années 1930 entre les théologiens E. Peterson et C. Schmitt dans l’Europe à l’aube du national-socialisme. Elle est devenue la source féconde de nouvelles théologies politiques des pays du Sud. Une riche littérature a inventorié les thèmes et les méthodes de la théologie politique qui s’est ainsi diversifiée en un pluriel de réflexions contextuelles. La pertinence du christianisme dans les sociétés ultramodernes est au coeur des problématiques qu’elles soulèvent. La puissance de renouvellement de l’Évangile dans ces sociétés en crise de transmission, d’autorité et de sens est le levier avec lequel elles travaillent. Partagées entre une protestation prophétique contre l’injustice et une éthique critique des sociétés libérales, les théologies politiques semblent peiner devant le défi de l’invention démocratique, d’un nouveau vivre-ensemble requis par les soubresauts de la mondialisation.

Le dossier présenté ici retrace la généalogie des problématiques théologiques qui alimentent les théologies politiques contemporaines. Il repart du débat entre Schmitt et Peterson sur le statut même de la théologie politique pour vérifier la réception actuelle de sa reprise par les auteurs des années 1960. Réinterrogeant enfin le politique à partir de l’Évangile, ce dossier voudrait au terme poser la question politique de toute théologie : de quoi telle théologie se sent-elle, se porte-t-elle responsable devant Dieu, les hommes et l’histoire ?

À la manière de la médecine qui s’oblige à la vérification de ses résultats par la guérison du malade, les théologies politiques convoquent la foi chrétienne à montrer la responsabilité qu’elle se reconnaît dans l’histoire et la société.

C’est surtout à de jeunes chercheurs qu’il a été demandé de réfléchir à ces questions dans le cadre de ce dossier pour manifester qu’une nouvelle réception des théologies politiques est en cours.