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De nouvelles dynamiques relationnelles émergent au sein des territoires, entre des acteurs aux identités multiples. Elles participent à la construction d’écosystèmes d’innovation. Elles impliquent des acteurs formels tels que les institutions politiques, les grandes entreprises, les centres de recherche, les établissements d’enseignement supérieur, les intermédiaires d’innovation (Matt et Schaeffer, 2015), ainsi que des collectifs informels notamment appréhendés par le concept de communautés (Gertler et Wolfe, 2004; Grandadam et al., 2013; Autio et Thomas, 2014). Des espaces et des temps nouveaux de création collective apparaissent (“Tiers lieux,” “living labs,” “fab-labs”, co-working spaces, “jams,” co-design sessions, hackathons, etc.), pour favoriser l’émergence et la circulation d’idées et contribuer à nourrir la capacité d’innovation des acteurs formels. Face à ces phénomènes, les recherches portant sur les concepts d’écosystème et de communauté suscitent un intérêt croissant. Le développement des écosystèmes d’innovation soulève de nouveaux défis pour les chercheurs, qui cherchent à comprendre les dynamiques à l’oeuvre et à caractériser les comportements et le positionnement stratégique des acteurs impliqués. Ce numéro spécial propose huit articles qui contribuent à apporter des réponses aux questions encore ouvertes ainsi qu’un article introductif.

En introduction de ce numéro spécial, Schaeffer, Simon, Wolfe et Guittard différentient les écosystèmes d’affaires et d’innovation. Ils proposent une classification des problématiques relatives aux écosystèmes d’innovation. Cet article introductif ouvre également un certain nombre de questionnements relatifs à la différentiation entre les écosystèmes d’innovation et des concepts proches tels que les clusters ou les communautés de connaissances.

Boyer, Labour, Astier et Douceur se penchent sur le dispositif des openlabs. Ils étudient leur rôle dans la dynamique d’innovation au sein des écosystèmes, en considérant leur influence sur les relations entre les acteurs, les actions qu’ils entreprennent et leur décision d’innover. Ils s’interrogent sur la nature de leur rôle dans l’écosystème, en tant qu’acteur de connexion, de conciliation ou d’intermédiation.

Delorme et Schieb-Bienfait adoptent une perspective dynamique pour étudier le processus d’adaptation du rôle d’un acteur intermédiaire, dont la mission est de favoriser le développement d’un écosystème d’innovation fondé sur l’émergence de nouvelles formes de collaborations entre les sphères académiques et économiques. Elles montrent comment la question de l’architecture de la valeur, au sein de l’écosystème d’innovation, conditionne le processus de configuration de cette organisation intermédiaire.

Brunner et Schaeffer étudient un écosystème de la mobilité urbaine orchestré par un acteur public. Elles montrent l’influence de ce contexte sur les relations que les start-ups entretiennent avec les autres acteurs de l’écosystème et sur les stratégies de protection de l’innovation qu’elles adoptent afin de capter la valeur de leur innovation.

Cuenoud, Helfrich et Ramonjy abordent la question de la dynamique de structuration d’un écosystème d’innovation. Ils proposent une approche multi-niveaux du processus de structuration d’un écosystème d’innovation territorial. Ils mettent en avant la dynamique des relations de coopétition entre les acteurs et le rôle de leurs ressources respectives dans ce processus de structuration.

Barmeyer, Joly et Wilhelm comparent les écosystèmes d’innovation de deux villes créatives, Montréal et Munich et explorent plus spécifiquement la dynamique entre l’underground, le middleground et l’upperground dans les deux cas. Ils montrent l’influence forte du contexte local sur la nature de cette interaction. Alors qu’à Munich l’upperground joue un rôle essentiel dans la dynamique d’innovation, c’est la vigueur de l’underground qui est perçue comme le moteur de la créativité de la ville de Montréal.

Le concept de middleground se retrouve dans la contribution de David et Mounier. Ils la transposent dans un contexte institutionnel. Ils défendent l’idée que ces entités informelles ont également une pertinence dans le contexte d’une dynamique de création institutionnelle. Ils proposent la notion de travail en mode middleground afin d’appréhender le rôle des acteurs qui favorisent la dynamique des créatifs collectifs dans un contexte institutionnel.

Trois contributions se focalisent sur le rôle des communautés dans les dynamiques d’innovation. Rampa, Simon et Manent, étudient le rôle des plateformes locales informelles et des interactions entre une diversité de communautés, dans la dynamique d’un écosystème d’innovation. À travers l’analyse du cas de l’industrie du jeu vidéo à Montréal, les auteurs montrent le rôle des communautés informelles dans la capacité des écosystèmes à se régénérer et à attirer de nouveaux talents.

Dubouloz, Bethinier-Poncet, Castro-Gonçalves, Ruiz et Thévenard-Puthod se focalisent sur les mécanismes de décloisonnement des communautés, à travers l’étude de trois cas de communautés d’innovation dans le domaine du sport outdoor. Les auteures caractérisent la contribution des communautés de pratique, des communautés épistémiques et des communautés d’utilisateurs, aux dynamiques d’innovation. Elles mettent en évidence les mécanismes de la porosité des frontières entre ces différentes communautés.

Mérindol, Auboin et Capdevila explorent les modes de coordination adoptés au sein des communautés d’innovation à travers l’étude des cas de 12 open-labs situés en Île-de-France. Ils montrent que ces modes de coordination se fondent sur une combinaison originale entre la confiance résiliente et réflexive, le prix et la hiérarchie.

Deux articles, soumis à la revue Management internationale et non aux rédacteurs invités de ce numéro spécial, s’y intègrent. Berraies, Chaher, Hamdi et Mejri interrogent l’effet des systèmes de contrôle de gestion sur l’innovation ambidextre et montrent que le contrôle de gestion interactif favorise l’exploration, tandis que le contrôle de gestion diagnostic favorise l’exploitation. Ils mettent en avant le rôle du style de leadership dans la relation entre les systèmes de contrôle de gestion et l’innovation ambidextre. Yan, Belkhouja et Xiong étudient quant à eux l’évolution de la recherche consacrée au monde des affaires, par le biais transferts de connaissances entre disciplines. Leur approche fondée sur l’analyse des réseaux de citations met en évidence une augmentation des liens entre disciplines et l’influence de quelques journaux dans ces connexions.

Nous adressons nos sincères remerciements à l’ensemble des auteurs pour leur contribution à ce dossier. Ce dossier thématique a pu être réalisé grâce au précieux travail des évaluateurs qui ont ainsi contribué à l’enrichissement et au perfectionnement des articles retenus. Nous leur en sommes très reconnaissants.

Nous tenons également à exprimer notre gratitude au comité éditorial de la revue Management international, en particulier à Patrick Cohendet et Bachir Mazouz, rédacteurs en chef et à Sara Hammiche, responsable de la publication et à la diffusion.

Nous espérons que ce dossier permettra d’enrichir la réflexion des communautés académiques et professionnelles qui s’intéressent à la thématique de l’innovation et qu’il apportera des réponses aux questionnements concernant l’animation et la coordination des dynamiques relationnelles entre des acteurs hétérogènes.


New relational dynamics between players with multiple identities are emerging within the territories and are helping to build innovation ecosystems. These dynamics involve formal actors such as political institutions, large companies, research centres, higher education institutions, innovation intermediaries (Matt and Schaeffer, 2015), as well as informal collectives, which can be grasped with the concept of communities (Gertler and Wolfe, 2004; Grandadam et al., 2013; Autio and Thomas, 2014). New spaces and times of collective creation are emerging (“Third places,” “living labs,” “fab-labs,” “co-working spaces,” “jams,” co-design sessions,” “hackathons,” etc.), to foster the emergence of ideas, their circulation and enrichment, which feeds the innovation capacity of formal actors. Consequently, there is a growing interest in research on ecosystem and community concepts. The understanding of the dynamics of innovation ecosystems brings many challenges for researchers, including grasping the dynamics at work and characterizing the behaviours and strategic positioning of the players involved. This special issue features eight articles that bring several contributions on current questioning as well as an introductory article.

In the introduction section of this special issue, Schaeffer, Simon, Wolfe and Guittard differentiate business and innovation ecosystems and provide a classification of issues related to innovation ecosystems. This introductory article also raises a number of questions about differentiation between innovation ecosystems and similar concepts such as clusters or knowledge communities.

Boyer, Labour, Astier and Douceur focus on openlabs. They study their role in the dynamics of innovation within ecosystems. They consider their influence on the relationships between the players, the actions they undertake and their decision to innovate. They question the nature of their role in the ecosystem, as an actor of connection, conciliation or intermediation.

Delorme and Schieb-Bienfait take a dynamic perspective to study the process of adapting the role of an intermediate actor, whose mission is to foster the development of an innovation ecosystem based on the emergence of new forms of collaboration between the academic and economic spheres. They show how the issue of value architecture within the innovation ecosystem determines the process of setting up this intermediary organization.

Brunner and Schaeffer study an ecosystem of urban mobility orchestrated by a public actor. They show the influence of this context on the relationships that start-ups have with other players in the ecosystem and on the innovation protection strategies they adopt in order to capture the value of their innovation.

Cuenoud, Helfrich and Ramonjy discuss the dynamics of structuring an innovation ecosystem. They propose a multi-level approach to the process of structuring a territorial innovation ecosystem. They highlight the dynamics of cooperative relations between actors and the role of their respective resources in this structuring process.

Barmeyer, Joly and Wilhelm compare the innovation ecosystems of two creative cities, Montreal and Munich, and specifically explore the dynamics between the underground, the middleground and the upperground. They show the strong influence of the local context on the nature of this interaction. While in Munich the upperground plays an essential role in the dynamics of innovation, it is the strengh of the underground that is seen as the engine of the creativity of the city of Montreal.

The concept of middleground is key in the contribution of David and Mounier. They transpose it into an institutional context. They argue that these informal entities also have relevance in the context of an institutional creative dynamic. They propose the concept of working in middleground mode in order to understand the role of actors who promote the dynamics of collective creatives in an institutional context.

Three contributions focus on the role of communities in innovation dynamics. Rampa, Simon and Manent analyze the role of informal local platforms and interactions between a diversity of communities in the dynamics of an innovation ecosystem. Through an analysis of the case of the video game industry in Montreal, the authors show the role of informal communities in the ability of ecosystems to regenerate and attract new talent.

Dubouloz, Bethinier-Poncet, Castro-Gonçalves, Ruiz and Thévenard-Puthod focus on the mechanisms of decompartmentalisation of communities, through the study of three cases of innovation communities in the field of outdoor sports. The authors characterise the contribution of communities of practice, epistemic communities and user communities to innovation dynamics. They highlight the mechanisms of the porosity of the borders between these different communities.

Mérindol, Auboin and Capdevila explore the modes of coordination adopted within innovation communities through the case study of 12 open-labs located in Ile-de-France. They show that these coordination modes are based on an original combination of resilient and reflexive trust, price and hierarchy.

Two articles, submitted to the journal Management International and not to the guest editors of this special issue, are included. Berraies, Chaher, Hamdi and Mejri question the effect of management control systems on ambidextrous innovation and show that interactive management control favours exploration, while diagnostic management control favours exploitation. They highlight the role of leadership style in the relationship between management control systems and ambidextrous innovation. Yan, Belkhouja and Xiong study the evolution of business research through knowledge transfer between disciplines. Their approach based on citation network analysis shows an increase in cross-disciplinary connections and the influence of a few journals in these connections.

We would like to express our sincere thanks to all the authors for their contribution to this dossier. This thematic dossier was made possible thanks to the valuable work of the reviewers who contributed to the enrichment and improvement of the articles selected. We are very grateful to them.

We would also like to express our gratitude to the editorial board of the journal Management International, in particular to Patrick Cohendet and Bachir Mazouz, editors-in-chief, and to Sara Hammiche, publication and distribution assistant.

We hope that this issue will enrich the thinking of the academic and professional communities interested in the theme of innovation and that it will provide answers to questions concerning the animation and coordination of relational dynamics between heterogeneous actors.


Nuevas relaciones dinámicas entre actores de identidades múltiples surgen en los territorios. Participan en la construcción de ecosistemas de innovación. Implican a actores formales tal las instituciones políticas, las empresas mayores, los centros de investigación y/o de enseñanza superior, los intermediarios de la innovación (Matt y Schaeffer, 2015), así como a colectivos informales notablemente aprehendidos por el concepto de comunidades (Gertler y Wolfe, 2004; Grandadam et al., 2013; Autio y Thomas, 2014). Aparecen nuevos espacios y tiempos de creación colectiva (“Third places”, “living labs”, “fab-labs”, espacios de co-working, “jams”, sesiones de co-diseño, hackathons, etc.), para favorecer la emergencia y circulación de ideas y así contribuyendo a alimentar la capacidad de innovación de los actores formales. Ante estos fenómenos, la investigación sobre los conceptos de ecosistema y comunidad suscita un interés creciente. El desarrollo de los ecosistemas de innovación plantea nuevos retos a los investigadores, intentando entender las dinámicas implicadas y de caracterizar el comportamiento y la ubicación estratégica de los actores implicados. Aquel número especial tiene ocho artículos que proponen respuestas a las preguntas que quedan abiertas.

En la introducción de este número especial, Schaeffer, Simon, Wolfe y Guittard apartan los ecosistemas empresariales y los de innovación por una clasificación de cuestiones en relación con los ecosistemas de innovación. Este artículo introductorio también abre una serie de cuestiones relativas a la diferenciación entre los ecosistemas de innovación y otros conceptos relacionados, como los clusters o las comunidades de conocimiento.

Boyer, Labour, Astier y Douceur examinan el sistema “openlab”. Estudian su papel en la dinámica de la innovación en los ecosistemas, considerando su influencia en las relaciones entre los actores, las acciones que emprenden y su decisión de innovar, cuestionándose sobre el índole de su papel en el ecosistema: ¿actor, conector, conciliador o intermediario?

Delorme y Schieb-Bienfait adoptan una perspectiva dinámica para estudiar el proceso de adaptación del papel de un actor intermediario, cuya misión es fomentar el desarrollo de un ecosistema de innovación basado en la aparición de nuevas formas de colaboración entre las esferas académicas y económicas. Muestran cómo la cuestión de la estructura del valor, en el ecosistema de innovación, condiciona el proceso de configuración de esta organización intermediaria.

Brunner y Schaeffer estudian un ecosistema de movilidad urbana orquestado por un actor público. Muestran la influencia de aquel contexto sobre el modo de relaciones entre las “start-up’s” y los demás actores del ecosistema, así como las estrategias de protección de la innovación adoptadas para captar el valor de su innovación.

Cuenoud, Helfrich y Ramonjy abordan la cuestión de la dinámica de la estructuración de un ecosistema de innovación. Proponen un enfoque multinivel para el proceso de estructuración de un ecosistema de innovación territorial. Destacan la dinámica de las relaciones de competición entre los actores y el papel de sus respectivos recursos en este proceso de estructuración.

Barmeyer, Joly y Wilhelm comparan los ecosistemas de innovación de dos ciudades creativas, Montreal y Múnich, y exploran más concretamente la dinámica entre el “underground”, el “middleground” y el “upperground” en ambos casos. Muestran la fuerte influencia del contexto local sobre la índole de esta interacción. Mientras que en Múnich la zona alta desempeña un papel esencial en la dinámica de la innovación, es el vigor de la zona baja que, ella, actúa de motor para la creatividad en Montreal.

El concepto de “middleground” se encuentra en la contribución de David y Mounier. Lo trasladan a un contexto institucional. Defienden la idea de que estas entidades informales también son relevantes en el contexto de una dinámica de creación institucional. Proponen la noción de trabajo intermedio para entender el papel de los actores que promueven la dinámica de los creativos colectivos en un contexto institucional.

Tres contribuciones se centran en el papel de las comunidades en las dinámicas de innovación. Rampa, Simon y Manent, estudian el papel de las plataformas locales informales y de las interacciones entre comunidades diversas en la dinámica de un ecosistema de innovación. Por el análisis del caso de la industria del videojuego en Montreal, los autores demuestran la importancia de las comunidades informales en la capacidad de los ecosistemas para de regenerarse y atraer nuevos talentos.

Dubouloz, Bethinier-Poncet, Castro-Gonçalves, Ruiz y Thévenard-Puthod se centran en los mecanismos des compartimentación de las comunidades, a través del estudio de tres casos de comunidades de innovación en el ámbito de los deportes al aire libre. Las autoras caracterizan la contribución a la dinámica de la innovación de las comunidades de práctica, las comunidades epistémicas y las comunidades de usuarios. Destacan los mecanismos de la porosidad de los límites entre estas diferentes comunidades.

Mérindol, Auboin y Capdevila exploran los modos de coordinación adoptados dentro de las comunidades de innovación a través del estudio de caso de 12 laboratorios abiertos situados en Ile-de-France. Demuestran que estos modos de coordinación se basan en una combinación original de confianza resistente y reflexiva, precio y jerarquía.

Se incluyen dos artículos, presentados a la revista Management International y no a los editores invitados de este número especial. Berraies, Chaher, Hamdi y Mejri se preguntan por el efecto de los sistemas de control de gestión sobre la innovación ambidiestra y muestran que el control de gestión interactivo favorece la exploración, mientras que el control de gestión de diagnóstico favorece la explotación. Destacan el papel del estilo de liderazgo en la relación entre los sistemas de control de gestión y la innovación ambidiestra. Yan, Belkhouja y Xiong estudian la evolución de la investigación empresarial mediante la transferencia de conocimientos entre disciplinas. Su enfoque basado en el análisis de la red de citas muestra un aumento de las conexiones interdisciplinarias y la influencia de unas pocas revistas en estas conexiones.

Nos gustaría expresar nuestro más sincero agradecimiento a todos los autores por su contribución a este dossier que ha sido posible gracias al valioso trabajo de los revisores que han contribuido a enriquecer y mejorar los artículos seleccionados. Les estamos muy agradecidos.

También queremos expresar nuestros agradecimientos al consejo de redacción de la revista Management International, en particular a Patrick Cohendet y Bachir Mazouz, redactores jefes, y a Sara Hammiche, asistente de publicación y distribución.

Esperamos que este número enriquezca la reflexión de las comunidades académicas y profesionales interesadas en el tema de la innovación y que lleve respuestas a los problemas de animación y coordinación en las dinámicas relacionales entre actores heterogéneos.