Article body

Le 13 décembre dernier, le Collectif de recherche sur l’itinérance, la pauvreté et l’exclusion sociale (CRI)[1] faisait parvenir une lettre aux membres du conseil d’administration de l’UQÀM afin que celui-ci clarifie son orientation quant aux conséquences sociales de son développement immobilier. Depuis cet envoi, aucune réponse n’a encore été donnée par le conseil d’administration. C’est pourquoi, vous trouverez ci-contre, le contenu intégral de la lettre que le collectif de recherche a transmise au conseil d’administration.

De quoi s’agit-il ? Tout au long de l’année 2004, plusieurs ressources communautaires venant en aide aux personnes itinérantes et aux jeunes de la rue se sont heurtées à d’importantes difficultés de localisation à cause des projets de développement immobilier de l’UQÀM. Soucieux de respecter les acteurs du milieu, tant dans le contexte de la recherche sociale en partenariat qu’au regard du rôle joué par l’UQÀM comme institution située dans un centre-ville, les membres du CRI tiennent à partager avec l’ensemble du corps professoral leurs inquiétudes. Résumons les faits. Au mois de mai 2004, le centre communautaire punk l’X ainsi que le groupe communautaire Diogène sont dans l’obligation de déménager à la suite de l’achat par l’UQÀM de l’ancien édifice de La Patrie sur la rue Sainte-Catherine (la future Maison des sciences humaines). Au même moment, l’architecte en chef de l’UQÀM intervient auprès du CLSC des Faubourgs afin qu’un organisateur communautaire de cet établissement, en l’occurrence un membre du CRI, effectue une médiation entre le centre de jour pour itinérants de l’église St-Michael’s Mission (sur Président-Kennedy) et l’UQÀM. L’objet de cette médiation était de favoriser le déplacement de ce centre de jour menacé par la construction éventuelle d’un tunnel sous le pavillon des sciences.

Au mois de juin 2004, le groupe communautaire Cactus a rencontré plusieurs obstacles dans ses démarches de relocalisation sur un terrain situé au coin des rues Sanguinet et Sainte-Catherine (site idéal sur le plan de l’accessibilité des services). Nous avons appris que la direction de l’UQÀM projetait d’acquérir un édifice (au 290, rue Sainte-Catherine Est) situé à proximité de l’espace convoité par Cactus représentant ainsi un concurrent de taille en faisant valoir ses propres intérêts. Lors d’une réunion du conseil d’arrondissement, une résolution est adoptée empêchant le déménagement de Cactus sur la rue Sanguinet. Ce règlement « pas dans ma cour » vise à imposer une consultation publique concernant l’implantation et le déménagement des groupes communautaires à « mission délicate » (traduisez : itinérance et marginalité) sur le territoire. La Corporation de développement urbain du Faubourg Saint-Laurent (CDU), dont monsieur Desmarais, membre de la direction de l’UQÀM et ex-président de la CDU, affirme qu’elle est d’accord avec ce projet ayant pour conséquence de restreindre la marge de manoeuvre des organismes communautaires sur le territoire.

Au moment d’écrire ces lignes, aucune amélioration n’est à signaler concernant la relocalisation de l’X, de Cactus et de St-Michael’s Mission. Il n’y a aucune indication qui pourrait nous laisser penser que la direction de l’UQÀM se penche sérieusement sur ces problèmes et qu’elle cherche à trouver des pistes de solution. Au contraire, monsieur Desmarais a affirmé, lors d’une rencontre organisée par la Table de concertation du Faubourg Saint-Laurent (18 octobre 2004), que l’UQÀM n’avait pas de vision d’avenir concernant l’inscription de son développement au centre-ville outre le fait que celui-ci visait la consolidation de l’Université. Dans la même foulée, il a déclaré que les projets de développement étaient définitifs. Compte tenu de ces diverses situations, il est pour le moins étonnant de lire dans un article du Devoir publié le 23 décembre dernier que monsieur Desmarais attribue la cause de ces problèmes au « pur hasard »[2].

Au-delà des faits, vous trouverez dans la lettre du CRI des éléments de réflexions sur les effets négatifs de ces obstacles non seulement au regard de l’accès aux ressources, mais aussi en ce qui concerne les populations marginalisées elles-mêmes et leur sentiment d’appartenance.