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En Espagne en mars 2011, comme au Portugal en ce début d’année 2013, demain au Québec et en France et peut-être après-demain dans les instances européennes, les parlementaires ont promulgué, ou s’apprêtent à le faire, des lois-cadres pour promouvoir l’économie sociale. On ne peut que se réjouir de cet intérêt politique en faveur d’un mouvement qui se donne comme finalité de réconcilier économie et société. On se doit également de garder une vigilance critique sur les approches et les définitions, au sens politique, assignées par ces lois à ce mouvement et particulièrement sur l’attention qu’elles portent à l’initiative collective que définissent les groupements de personnes et qui constituent l’objet éditorial central de la Rec-Recma depuis 1921.

Née avec l’essor de la coopération de consommateurs, la Revue s’est progressivement ouverte aux autres familles coopératives, avant de contribuer de façon décisive à l’étude empirique des associations, des mutuelles et des coopératives, à l’élaboration doctrinale et à la critique théorique de l’économie sociale contemporaine. La Rec est devenue Revue des études coopératives, mutualistes et associatives, puis Recma-Revue internationale de l’économie sociale. Simultanément, elle a retrouvé le lectorat universitaire qui l’avait portée au moment de sa fondation. Sans cesser d’être « une revue d’études » tournée vers les problématiques des acteurs, la Recma est devenue une revue scientifique à la reconnaissance croissante, dont témoigne son récent référencement par l’Agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (Aeres).

En proposant une nouvelle formule, la Recma entend s’adapter à l’évolution des attentes de ses lecteurs, qu’ils soient acteurs bénévoles ou salariés de l’économie sociale, élus ou cadres des collectivités publiques, étudiants ou chercheurs. La présente maquette améliore la lisibilité de la revue en offrant des pages plus aérées et des rubriques mieux identifiées. Les « varias », initiés il y a deux ans, continuent de proposer des textes plus courts et tournés vers les pratiques. Les « temps forts » et les brèves offrent au lecteur pressé, mais curieux, le résumé d’un trimestre d’actualité.

Les articles de recherche sont désormais introduits par leurs résumés en anglais et en espagnol. La refonte de la maquette de la Recma répond en effet également au souci de se conformer aux canons internationaux des publications scientifiques : explicitation des procédures d’évaluation, valorisation des référés, notes aux auteurs à la fois en français et en anglais…

A l’image de l’économie sociale, la Recma s’internationalise. Parallèlement à la revue papier, nous avons entrepris de la mettre en ligne sur un portail québécois de revues de sciences humaines, Erudit.org. A compter de septembre 2013, la Recma sera également une revue en ligne à part entière, inscrite dans les grands catalogues bibliothécaires nord-américains.

Aujourd’hui, elle permet à des auteurs de tous les continents de publier en français. Inversement, il apparaît nécessaire de permettre aux chercheurs non francophones de lire la Recma. A plus forte raison parce que les grandes bases de données bibliométriques fonctionnent en anglais et que les revues anglo-saxonnes s’intéressant au même champ de pratiques promeuvent une conception théorique distincte de l’économie sociale (essentiellement en termes de « non-profit » ou « social business »).

Publier les résumés en anglais et en espagnol – auxquels s’ajoutera peut-être demain une sélection d’articles traduits en anglais – constitue un premier pas modeste, mais décidé, dans la promotion de la pensée francophone dans le monde de la recherche, où la production en langue anglaise règne en maître. Que nos lecteurs se rassurent : cette démarche de normalisation de la revue, au regard des critères de la publication scientifique internationale, n’est pas synonyme d’affaissement de « l’esprit critique » cher à Charles Gide (selon le terme de Marc Pénin), ainsi qu’en témoigne ce numéro 328.