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L’association Pôle de ressources pour l’histoire sociale, mutualiste et coopérative de Limoges et du Limousin (PR2L) a souhaité garder une trace écrite, par cet ouvrage, des échanges qui eurent lieu lors de la journée d’étude tenue au Sénat le 24 avril 2013 et dont la Recma a déjà rendu compte [1].

L’ouvrage reprend le déroulement de cette journée, organisée autour de trois tables rondes. La première, présidée par Henri Noguès, abordait la question de l’économie sociale aujourd’hui, confrontant la situation française à d’autres, principalement européennes et québécoise, pour rappeler l’importance des histoires nationales dans l’élaboration et dans l’usage ou non du concept.

La deuxième table ronde, animée par Michel Dreyfus, soulevait la question de l’histoire de l’économie sociale comme patrimoine à valoriser et laissait place au discours de préservation des archives à travers la présentation de plusieurs centres conservant des fonds coopératifs, mutualistes, syndicaux ou associatifs. Relevons à ce sujet que l’action initiée par l’association PR2L n’est pas la première, comme en témoignent largement les présentations du Collectif des centres de documentation en histoire ouvrière et sociale (Codhos) [2], fondé en 2001, et du Cedias-Musée social, du reste membre du Codhos ; on peut ajouter aussi l’existence au niveau international de la très dynamique International Association of Labour History Institutions (IALHI) [3], fondée en 1981.

La dernière table ronde, enfin, donnait la parole aux acteurs contemporains de l’économie sociale, qui s’exprimaient sur les dernières vicissitudes de leurs organisations – en l’occurrence la Mutualité française (FNMF) et le Conseil national des chambres régionales de l’économie sociale (CNCres) –, tout en restant vigilants sur le respect et l’application des valeurs dites fondatrices.

Michel Dreyfus concluait sur l’importance du projet de l’association organisatrice de cette journée pour la mémoire de l’économie sociale, notamment par la constitution de fonds d’archives.

La volonté de l’association PR2L est bien, en effet, de collecter, de conserver et de mettre à la disposition du public et des chercheurs potentiels la mémoire limousine des différents mouvements sociaux aujourd’hui rassemblés sous la bannière de l’économie sociale – avec une vocation nationale, voire internationale ambitieuse. Le Limousin est une région qui, en France, aurait connu un développement particulièrement précoce de propositions et d’entreprises sociales (coopératives, sociétés de secours mutuels, associations syndicales, etc.). Certains auteurs ont souligné plusieurs fois la spécificité limousine, qui tenta très tôt, selon eux, la fusion des différentes familles. Pourtant, d’autres territoires-réseaux ont bien expérimenté ou produit des synthèses entre les mouvements. Ce qui n’enlève rien à cette histoire ni à l’importance de collecter, de rassembler et de mettre à la disposition des chercheurs les documents de ces entreprises dont l’histoire est trop peu connue ; certaines expériences sommairement relatées dans l’ouvrage appâtent le lecteur qui aimerait en découvrir les développements. L’intérêt est donc grand de voir se constituer un groupement d’acteurs en quête d’une documentation souvent erratique, si toutefois les fonds sont bien identifiés et disponibles.

Un ouvrage intéressant pour l’éclairage qu’il donne sur cette expérience régionale nouvelle de valorisation du patrimoine de l’économie sociale.