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L’ouvrage rapporte les résultats d’une étude financée par le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport, à la demande de l’Association de la recherche au collégial (ARC) et de Performa, pour faire le bilan de la recherche sur les interventions à connotation pédagogique effectuées à l’ordre collégial et pour en déterminer les effets sur la réussite des étudiants.

L’idée de poser un tel regard est une initiative pertinente, compte tenu du très grand nombre de recherches qui ont été menées au collégial sur ces aspects. La recherche couvre la période de 1985 à 2005 et s’est limitée aux recherches réalisées selon une approche quasi-expérimentale avec groupe contrôle ou témoin. Ce choix de se limiter aux recherches présentant une certaine rigueur méthodologique assure une plus grande homogénéité des données et permet de comparer les effets à des groupes qui n’ont pas fait l’objet des interventions. L’ouvrage se divise en cinq chapitres qui reprennent les mêmes divisions qu’une recherche traditionnelle ou qu’une thèse.

La plus grande richesse de l’ouvrage réside dans la présentation, en annexe, des fiches de lecture très détaillées reprenant les données de chacune des recherches qui ont été utilisées dans la méta-analyse. Ces fiches constituent en soi un travail fort appréciable et elles représentent une source très riche d’informations. L’autre partie appréciable se trouve dans le chapitre qui porte sur les résultats. Ils sont décrits de façon simple et à l’aide de conclusions synthèses mises en exergue à l’intérieur d’encadrés, et ils font ressortir des données très intéressantes quant aux effets des interventions pédagogiques.

Toutefois, des faiblesses importantes nuisent à la valeur de l’ouvrage. Premièrement, on se surprend de l’âge des références qui font partie du chapitre du cadre théorique. Seulement huit références différentes datent des années 2000, alors que près du tiers datent des années 1980 ! Ensuite, un cadre théorique devrait être construit à partir de choix conceptuels et théoriques servant à définir l’objet d’étude et à en déterminer les paramètres pour l’analyse. Le chapitre semble plutôt présenter l’éventail des variables et des facteurs liés à la réussite qui proviennent des recherches appartenant au corpus de la méta-analyse. Plus surprenante encore est l’absence de liens significatifs entre les objectifs de recherche et ce qui est décrit dans le chapitre. Presque tout le propos est centré autour des facteurs associés à la réussite, alors que les objectifs de recherche portent sur les effets des conditions pédagogiques. Celles-ci ne sont définies que de façon très succincte et seulement dans un tableau présenté en fin de chapitre.

D’autres absences posent problème. Le tableau 2 comprend quatre catégories de variables associées à la réussite, mais on n’en évoque que trois partout dans le texte, passant sous silence une quatrième catégorie portant sur la qualité de l’attention et de la concentration. De plus, l’absence d’un tableau pourtant mentionné dans le texte en page 58 nous laisse songeur quant au processus de révision des épreuves.

En somme, les résultats tirés des analyses ne semblent pas devoir être remis en question et constituent en eux-mêmes des pistes de réflexions et de recherches très pertinentes qui gagneraient à être connues. Cependant, les lacunes évoquées laissent planer un doute sur la rigueur apportée à la production des deux premiers chapitres et à leur pertinence par rapport aux autres chapitres, et cela affecte malheureusement négativement l’impression générale qu’on en retire.