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À l’origine de la série Littératures du monde, dans laquelle s’inscrit cette histoire littéraire canadienne, l’initiative de faire découvrir ou redécouvrir les plus grands auteurs, les plus beaux textes et les grands courants de pensée de la littérature sous forme d’un guide de voyage littéraire apparaît a priori fort louable. Et de fait, le livre de Michel Barrucand, maître de conférences à l’Université du Mirail (Toulouse), s’adresse d’abord et avant tout à l’étranger qui veut découvrir la littérature du Canada, comme en font foi les premières pages de l’ouvrage, qui reprennent d’assez belle manière certains des plus célèbres clichés évoqués au sujet de ce grand pays de neige. Parcourant l’histoire littéraire canadienne depuis les origines du pays (les mythes fondateurs de la culture indienne [sic]) jusqu’à la poésie contemporaine, l’auteur dresse la liste des écrivains et des titres à retenir, en langues française et anglaise, de la période coloniale (1500-1867), de l’autonomie intellectuelle (1867-1920), du modernisme canadien (1920-1960) et du temps des contestations (époque contemporaine). Michel Barrucand n’oublie personne, lui qui évoque jusqu’aux plus prolifiques écrivains de la sphère de large production, en citant notamment des auteurs de romans sentimentaux publiés par la maison d’édition Harlequin.

Or, à trop vouloir embrasser la littérature canadienne dans son ensemble, on l’étreint mal. Ici, on aurait eu tout intérêt à hiérarchiser davantage l’importance de certaines oeuvres, auteurs ou courants par rapport à d’autres, de manière à en dégager une vision plus spécialisée. L’auteur méconnaît-il son sujet quand il écrit par exemple que les Amérindiens […] se sont [...] bien adaptés au monde moderne et qu’ils comptent bien jouer un rôle déterminant dans la littérature contemporaine (p. 20) ? Plusieurs énoncés peu ou mal appuyés donnent en tout cas l’impression que les informations ont été glanées ici et là (d’autant qu’aucun livre sur l’histoire canadienne n’apparaît en bibliographie) ou qu’elles n’ont pas été (contre-)vérifiées. Puis, c’est un détail, mais qui n’est pas sans importance, l’auteur commet des erreurs qui auraient facilement pu être évitées par une relecture sérieuse – il cite la Française Dany Laferrière et le Chinois Ying Chen, entre autres (p. 142) – en plus de multiplier les coquilles. Enfin, on peut s’interroger sur le travail et les objectifs de la maison d’édition Ellipses, qui donne une histoire littéraire du Canada approximative et presque superflue, étant donné le nombre et la qualité des ouvrages théoriques existant déjà sur ce sujet, au Canada même.