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L’ouvrage de Castets-Fontaine s’inscrit dans le vaste domaine de la sociologie de l’éducation. Il s’intéresse particulièrement aux trajectoires scolaires atypiques d’individus ayant décroché un diplôme d’une Grande École (l’un des deux pôles de l’éducation supérieure en France, l’autre pôle correspondant à l’Université française), et ce, malgré leurs origines sociales populaires.

Le livre se divise en deux parties où l’auteur propose l’hypothèse du cercle vertueux de la réussite scolaire (CVRS) comme une explication alternative à l’influence des (seuls) facteurs familiaux dans le parcours d’excellence scolaire atypique d’élèves de Grandes Écoles issus de milieux populaires. Sa démarche réflexive est le fruit d’une thèse de doctorat où il recentre la réussite scolaire sur l’étudiant engagé dans divers contextes et réseaux. L’auteur se sert des propos recueillis auprès d’une quarantaine d’étudiants pour illustrer les indicateurs des écrits de recherche sur les réussites atypiques ou des parties de théories utilisées en sociologie pour expliquer les inégalités scolaires. Il utilise également les résultats de son investigation pour déconstruire certaines approches ou théories sociologiques et orienter le lecteur vers l’inévitable considération du parcours (vertueux) de la réussite scolaire de l’étudiant. Sa démarche méthodologique est bien détaillée.

L’engagement de l’étudiant y est présenté comme une dimension à trois facettes aux intensités potentiellement variables dont la force croît au fil des opportunités. Il représente l’une des trois dimensions en interaction du cercle vertueux de la réussite scolaire mais l’auteur n’en précise toutefois aucune définition formelle, ce qui rend sa nature difficile à percevoir pour le lecteur. Par ailleurs, même si les cas retenus en font mention, l’auteur choisit d’évacuer la performance scolaire du concept de réussite scolaire, sans donner d’arguments. Étrangement, on omet de souligner qu’à un certain moment de son parcours, l’étudiant aura dû « performer » tôt ou tard pour croire en son potentiel de réussite. Enfin, le concept de réussite sociale qui semble ici implicitement chevaucher celui de la réussite scolaire ne sera abordé qu’à la fin de l’ouvrage comme une piste à explorer.

Sans miner la pertinence de la thèse présentée, certains éléments peuvent donc se révéler agaçants pour le lecteur habitué à davantage de systématisation dans l’utilisation et la présentation d’indicateurs ou de dimensions liées aux concepts clés d’une recherche. Par ailleurs, plusieurs synonymes ou répétitions de mêmes mots par endroits donnent certainement lieu à de beaux effets de style littéraire, mais entravent parfois la clarté du texte. En outre, certains acronymes utilisés dans le texte (PCS professions intermédiaires, BEPC, DEUG, notamment) ne sont pas traduits ; par conséquent, ce qui ressort comme une évidence pour le lecteur français ne l’est pas pour le lecteur francophone hors de France.

Enfin, en élargissant le cadre de la réussite scolaire atypique dans les Grandes Écoles, la thèse présentée par Castets-Fontaine peut servir d’appui et apporter un éclairage utile et des fondements sociologiques pertinents pour toutes les recherches du domaine de l’éducation qui s’intéressent à la réussite scolaire atypique.