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Dans cet ouvrage de 245 pages, les auteures présentent une grille d’analyse de la qualité linguistique, très détaillée, et expérimentée sur plus de 300 textes d’élèves. Leurs quatre critères de qualité correspondent aux quatre aspects de la grille et à autant de chapitres du livre, qui comprend aussi 61 pages d’annexes.

Chaque chapitre présente et exemplifie toutes les catégories d’analyse liées à un aspect. La partie pertinente de la grille, dont l’application est illustrée à l’aide d’un texte d’élève, est donnée en annexe. Dans les trois premiers chapitres (syntaxe et morphosyntaxe), l’approche est plutôt traditionnelle et le cadre théorique de l’analyse n’est pas explicité. Le chapitre 4 (Grammaire textuelle) présente les concepts pertinents en s’appuyant explicitement sur un cadre issu de travaux scientifiques.

Le chapitre 1 (Aspect général) propose un décompte des phrases (graphiques), des mots, et des « propositions ». On distingue « proposition » racine indépendante, principale et enchâssée (en grammaire nouvelle : phrase syntaxique simple, phrase matrice limitée à l’enchâssante, phrase subordonnée).

Le chapitre 2 concerne l’aspect syntaxique (31 pages). Le degré de complexité syntaxique est évalué par le rapport entre le nombre de subordonnées et de coordonnées, et le nombre de propositions. Le degré de réussite syntaxique est le rapport entre le nombre d’anomalies syntaxiques et le nombre de propositions. Les anomalies comptent sept catégories, quatre très générales (omission, ajout, permutation, autres) et trois très spécifiques (problème de coordination, phrase incomplète, pronom relatif erroné). Cette description sommaire des erreurs ne constitue pas la contribution centrale du livre.

Le chapitre 3 (Aspect lexico-morphologique, 53 pages) se centre sur l’orthographe grammaticale. On y identifie de nombreux contextes dans lesquels peuvent figurer le nom, le verbe, l’adjectif et le participe. Les contextes de l’accord du verbe sont très détaillés, notamment la « coordination de verbes », l’inversion du sujet, un sujet simple, complexe, réalisé ou effacé. L’identification de 13 types d’écran constitue un apport très utile. Toutefois, l’absence d’un cadre théorique explicite se fait sentir. Par exemple, en grammaire nouvelle, la « coordination de verbes » est plutôt analysée comme une coordination de phrases avec effacement du sujet (et serait donc un cas de « sujet effacé »). De même, le pronom relatif qui, considéré comme un écran entre verbe et sujet, est plutôt le sujet du verbe dans la relative.

Le chapitre 4, sur l’aspect textuel (66 pages), constitue une partie importante (40 %). La cohérence textuelle est évaluée en fonction de trois éléments : cohérence référentielle, cohérence événementielle et système de repérage temporel. L’évaluation quantitative dépend du nombre de ruptures de cohérence sur le nombre de contextes de rupture possibles. Une cote de gravité de 1 à 3 est attribuée à chaque rupture.

À notre avis, cet ouvrage très bien structuré constitue un apport notable à l’évaluation de la qualité des textes, en particulier pour l’aspect textuel, alors que l’analyse syntaxique et morphosyntaxique, qui couvre cependant un très large éventail de contextes, gagnerait à utiliser un cadre théorique plus explicite.