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Introduction[1]

Avec les changements survenus dans les rapports sociaux entre sexes, le rôle des femmes s’est élargi au point d’inclure maintenant bien plus que les tâches traditionnelles liées au soin des enfants (Villeneuve, 1991). Les femmes, et tout particulièrement les jeunes mères ayant des enfants d’âge pré-scolaire, sont de plus en plus nombreuses à faire partie du marché du travail. Néanmoins, elles doivent généralement assumer à la fois les tâches reliées au travail salarié et les responsabilités familiales, la conciliation de ces deux types de responsabilités n’étant pas toujours facile. Cette situation introduit beaucoup de contraintes dans l’organisation de la vie quotidienne de la famille. Celles-ci, parmi d’autres, font des services de garde à l’enfance un enjeu particulier dans la société contemporaine. Les services de garde ont un impact important sur les parents, les familles et la société en général (Belsky et Steinberg, 1978), ce qui explique pourquoi depuis une vingtaine d’années, les politiques qui ont trait aux services de garde à l’enfance sont devenues une composante importante des politiques familiales. Les médias diffusent de plus en plus de discours et de nouvelles à ce sujet. D’ailleurs, tous les niveaux de gouvernement considèrent les services de garde à l’enfance comme une responsabilité sociale. De plus, ces services font partie des conditions indispensables permettant d’assurer un fonctionnement efficace du marché du travail (Prentice, 1988). Cette problématique d’actualité est complexe et met en évidence son rôle important au sein de la société.

Un autre phénomène qui contribue à augmenter la demande des services de garde à l’enfance est l’aide de plus en plus rare fournie par la famille élargie. Autrefois, il était fréquent de confier la garde de ses enfants à une tante ou à un des grands-parents (Berthiaume, 1994). Cependant, depuis environ vingt ans la garde des enfants par des personnes autres que les parents ou la famille est devenue pratique courante (Blau et Joseph, 1992; Clarke-Stewart, 1993).

Il est de plus en plus admis que les services de garde jouent un rôle important dans l’amélioration de la condition de vie des familles, notamment celle des femmes. Selon les résultats du comité d’étude sur les services de garde formé en 1993 au Nouveau-Brunswick, les tendances de la population infantile et de la population active féminine annoncent un besoin accru de services de garde à l’enfance (Nouveau-Brunswick, 1994). De plus en plus de chercheurs se penchent donc sur ce sujet d’actualité (Fuqua et Labensohn, 1986; Rose, 1990; Cleveland et Hyatt, 1993; Provost, 1991; Corsaro, 1996).

Le passage vers la société post-industrielle s’accompagne de nouvelles problématiques. La société cherche à redéfinir un nouvel équilibre face aux responsabilités familiales, sociales et professionnelles (Cao et Villeneuve, 1998). Les rapports sociaux entre hommes et femmes ont beaucoup changé depuis les vingt dernières années dans les pays industrialisés. Un nombre croissant de familles n’arrive plus à gérer simultanément les besoins de la famille et les contraintes liées à l’emploi. C’est dans ce sens que les services de garde à l’enfance sont susceptibles de jouer un rôle important.

Chez certains traditionalistes, on peut penser que les services de garde nuisent à l’enfant, car ils impliquent une réduction des contacts entre enfants et parents. Cependant, selon Corsaro (1996), le service de garde se présente comme un des passages possibles entre le milieu protégé de la famille et le contexte plus élargi de l’école. Provost (1991) démontre que plus un enfant passe de temps en garderie, plus son comportement social devient structuré. Le choix d’un service de garde est donc une question cruciale tant dans la vie quotidienne de la famille que dans le développement des enfants.

Recherches récentes sur les services de garde à l’enfance

Au cours des vingt dernières années, les services de garde à l’enfance ont été étudiés dans leurs multiples dimensions. Certaines études font état de l’importance du contexte familial dans la décision des parents en ce qui concerne le choix du type de service de garde comme par exemple, le choix d’une garderie plutôt que celui de la garde en milieu familial (Steinberg et Green, 1979; Fuqua et Labensohn, 1986; Rose, 1990; Cleveland et Hyatt, 1993). Certaines études, notamment celle de Steinberg et Green (1979) ainsi que celle de Robins et Spiegelman (1978), essaient de comprendre la façon dont les familles procèdent au choix d’un service de garde. L’étude de Steinberg et Green (1979) souligne que différents types de service de garde peuvent engendrer des conséquences variées pour les enfants et influencer les parents et les membres de la famille de diverses manières. Celle de Robins et Spiegelman (1978), qui porte sur les régions de Denver et Seattle (États-Unis), a tenté d’identifier les facteurs qui influencent les choix de service de garde de parents qui occupent tous les deux des emplois. Selon eux, les principaux facteurs qui influencent la demande de services de garde seraient les caractéristiques démographiques du ménage, comme le nombre d’enfants et la structure familiale. Ces auteurs indiquent aussi que le revenu annuel de la mère est un facteur essentiel dans la décision de faire appel à des services de garde en garderie plutôt qu’en milieu familial. Cleveland et Hyatt (1993) arrivent à la même conclusion dans leur étude au Québec et en Ontario. Selon eux, plus le revenu annuel de la mère est élevé, plus il est probable qu’elle choisira un service de garde de type non familial.

Rose (1990) souligne les trois principaux facteurs qui influencent les parents dans leur choix d’une garderie pour leurs enfants d’âge scolaire : le niveau socio-occupationnel, le type de famille ainsi que le statut lié à l’immigration et à l’ethnicité. Plus récemment, dans une étude sur l’agglomération de Québec, Cao et Villeneuve (1997) ont voulu établir les facteurs qui influencent précisément la décision des parents de placer leurs enfants en garderie à temps plein ou à temps partiel. Ils expliquent que la décision des parents dépend de plusieurs facteurs, le plus important étant le régime de travail des parents. Ils démontrent aussi que le nombre d’enfants contribue à faire augmenter la probabilité de la garde à temps partiel. Ils indiquent enfin que la distance entre le lieu de résidence et le centre-ville a un effet significatif sur le choix d’un régime de garde.

Tout en reconnaissant l’importance du contexte familial, certaines études soulignent l’importance des facteurs géographiques (notamment l’accessibilité géographique), qui joueraient un rôle clé dans le choix d’un service de garde. Par exemple, Hodgson et Doyle (1978) abordent la question du choix du service de garde en fonction de sa localisation propre. Dans une étude de la répartition spatiale des garderies en fonction de leur clientèle, ils ont spécifiquement tenu compte du réseau de transport en commun. Dans la même veine, Cromley (1987) fait remarquer l’intérêt d’inclure dans l’analyse les modèles d’activités et de déplacement de tous les membres de la famille. Truelove (1984) partage cet avis et souligne l’importance de la localisation du lieu de travail des parents et du contexte familial. Kanaroglou et Rhodes (1990) se sont penchés spécialement sur le problème de la demande et de l’offre de services de garde à l’enfance à Waterloo (Ontario) en tenant compte de facteurs démographiques à plus grande échelle. Ils concluent que le nombre de places en garderie n’est pas suffisant et que la localisation des garderies n’est pas optimale par rapport à la demande actuelle et future.

Dans une étude à Toronto, Truelove (1996) a montré que les garderies ont tendance à se localiser majoritairement dans les zones urbaines centrales, alors que les enfants d’âge pré-scolaire habitent surtout les zones résidentielles périphériques. Dans ce même contexte, Cao et Villeneuve (1998) analysent la localisation des garderies et de leur clientèle, tout en tenant compte du milieu socio-spatial au sein de la ville de Québec, une agglomération de taille moyenne à majorité francophone. Ils confirment que les services de garde sont concentrés au centre de l’agglomération, autour des principaux axes urbains, et non dans les zones où réside la clientèle.

Notre étude s’inscrit dans ce courant de recherche, c’est-à-dire l’analyse de la localisation des garderies de la région urbaine de Moncton, particulièrement l’étude de la dynamique de l’implantation de ces garderies au cours de la période 1990-2001.

Méthodologie

1. Limites du corpus

Cette étude se limite aux services de garde à l’enfance agréés[2] dans la région urbaine de Moncton incluant trois villes : Moncton, Riverview et Dieppe.

2. Collecte de données

Le bureau du ministère des Services familiaux et communautaires du Nouveau-Brunswick à Moncton nous a fourni les données relatives aux garderies agréées de 1991 à 2001. La collecte de données nous a permis de construire une matrice d’information spatiale (MIS) portant sur les caractéristiques des services de garde, comme leurs coordonnées (notamment le code postal), l’année de leur ouverture ainsi que celle de leur fermeture.

A l’aide du géocodage dans un système d’information géographique (SIG) et grâce aux codes postaux, il a été possible de représenter l’emplacement des garderies sur la carte de la région urbaine de Moncton. La carte numérique de cette région, qui compte 114 secteurs de dénombrement (SD), ainsi que les données thématiques relatives à ces SD ont été recueillies grâce à la banque de données de Statistique Canada.

Les services de garde à l’enfance dans la région urbaine de Moncton

La région urbaine de Moncton est située au coeur des Provinces maritimes canadiennes, plus précisément dans le Sud-Est du Nouveau-Brunswick, le long de la rivière Petitcodiac, à environ quarante kilomètres des côtes de la baie de Fundy (Pelletier et Arsenault, 1977). Cette région urbaine est la seule qui présente une forte concentration d’Acadiens[3], même si ces derniers demeurent minoritaires au sein de la population. L’agglomération comprend trois villes : Moncton, Riverview et Dieppe. Cette triade de communautés joue un rôle bien particulier dans l’équilibre linguistique de la région. Dieppe et Riverview sont les centres de polarisation linguistique traditionnels et montrent une dichotomie très marquée quant à leur composition respective. Ces deux villes appartiennent en effet à des territoires fortement monolinguistiques : la ville de Riverview est composée presque uniquement d’habitants de langue anglaise, alors que celle de Dieppe regroupe une population majoritairement francophone. Située au centre de la région urbaine, Moncton présente des dynamiques plus complexes qui suivent l’évolution du processus de cohabitation entre francophones et anglophones (Cao et Dehoorne, 2002).

Grâce à son emplacement géographique, Moncton a été le centre ferroviaire des Provinces maritimes pendant presque un siècle avant de devenir à partir des années soixante, un centre de distribution et de services important. Aujourd’hui, Moncton joue un rôle remarquable en matière de haute technologie (Cormier, 1995). Selon Statistique Canada, la région de Moncton représente une des trois régions urbaines qui se sont développées le plus rapidement au Canada au cours de la dernière décennie.

Les services de garde à l’enfance au Nouveau-Brunswick, y compris dans la région de Moncton, se sont développés un peu plus tard qu’ailleurs au Canada (Duguay, 1997). Diverses subventions des gouvernements provincial et fédéral ont permis le développement de ces services, qui contribuent grandement à la participation des femmes au marché du travail et au bien-être de leurs enfants (Bureau des services à l’enfance, 1991). Depuis 1994, à la suite des réformes politiques à l’égard des services de garde à l’enfance du gouvernement du Nouveau-Brunswick, on remarque que la survie des garderies dépend entièrement de la fluctuation entre l’offre et la demande (Nouveau-Brunswick, 1994). Les données des Services à la petite enfance de la région de Moncton montrent d’ailleurs que depuis les réformes de 1994, sur la centaine de garderies agréées existantes, 10 % ferment leurs portes chaque année alors que 20 % viennent s’ajouter (Furlong, 1999).

Résultats et discussion

1. Dynamique de l’implantation des garderies dans la région urbaine de Moncton

Les services de garde[4] de la région urbaine de Moncton ont subi plusieurs transformations entre 1990 et 2001, notamment au niveau de leur répartition. Certains secteurs de l’agglomération ont connu la fermeture de garderies, alors que d’autres ont vu leur nombre augmenter considérablement. Ces changements peuvent être associés à des facteurs sociaux, économiques, démographiques et géographiques, ainsi qu’aux réformes politiques à l’égard des services de garde à l’enfance du gouvernement du Nouveau-Brunswick en 1994. Une série d’analyses spatiales portant sur la dynamique de l’implantation des garderies nous permet de mieux comprendre et d’expliquer le modèle de localisation des garderies dans la région de Moncton.

Sur une centaine de garderies dans la région de Moncton, 37 % ont dû fermer leurs portes, soit 38 fermetures contre 65 ouvertures. Parmi les 38 fermetures, 27 ont eu lieu après la réforme de 1994, tandis que parmi les 65 ouvertures, 37 ont eu lieu entre 1995 et 2001 (voir tableau 1).

2. Répartition des garderies dans la région urbaine de Moncton

La localisation des garderies ouvertes et fermées durant la période 1990-2001 montre un modèle particulier dans le cas de la région urbaine de Moncton. Les garderies qui ont fermé ou ouvert au fil des années sont réparties sur l’ensemble du territoire, plus particulièrement près des principaux axes routiers, comme les rues Mountain, St. George, Main, Coverdale, Elmwood, McLaughlin et Amirault.

D’après la figure 1, on constate d’ailleurs qu’un grand nombre de garderies (environ 30 %), se localise à proximité de l’un des principaux axes routiers de Moncton, le chemin Mountain. Cette rue traverse la ville de Moncton d’est en ouest, en plus d’être la plus importante rue commerciale de la région. Plusieurs édifices de services, tels des restaurants, magasins, et établissements d’enseignement se retrouvent sur cette rue. Disposant d’une localisation favorable, cette rue est très facile d’accès et est empruntée par les services de transport en commun.La rue St. George est également facile d’accès puisqu’elle débute à l’ouest de la ville de Moncton et se rend jusqu’au centre, en croisant le chemin Mountain.Pourtant, la concentration de garderies sur cette rue est beaucoup plus importante au centre-ville de Moncton. Plus on se dirige vers l’est, plus il y a de garderies. Se situant parallèlement au sud de la rue St. George, la rue Main connaît le même modèle, avec un nombre de garderies plus élevé à proximité du coeur de la ville. Situé à l’est de l’Université de Moncton, le chemin Mill est également occupé par un bon nombre de garderies, ouvertes et fermées pendant la période d’étude (environ 5 % du total). Les rues Elmwood et McLaughlin, situées à l’ouest de la rue Mill, jouent un rôle important dans la répartition des garderies car elles se rendent jusqu’à la limite nord de la ville de Moncton. La rue Coverdale est très importante pour la ville de Riverview puisqu’elle traverse la ville d’ouest en est, tout en suivant la rivière Petitcodiac. Par contre, la concentration de garderies est beaucoup plus grande au centre-ville de Riverview qu’à ses deux extrémités. On retrouve également une autre concentration de garderies le long de la rue Amirault. Cette rue part de la ville de Dieppe pour se rendre dans un secteur qui se développe rapidement, celui de Saint-Anselme.

Tableau 1

Statistiques sur les fermetures et ouvertures de garderies dans trois villes de la région urbaine de Moncton, 1990-2001

Statistiques sur les fermetures et ouvertures de garderies dans trois villes de la région urbaine de Moncton, 1990-2001

Note: Le pourcentage est le rapport entre le nombre de fermetures ou d’ouvertures dans une ville et le nombre total.

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Figure 1

Répartition des garderies par rapport au réseau routier et à la densité des enfants de 0 à 6 ans, région urbaine de Moncton, Canada 2001

Répartition des garderies par rapport au réseau routier et à la densité des enfants de 0 à 6 ans, région urbaine de Moncton, Canada 2001

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Bien qu’il y ait une concentration de garderies au centre-ville de Moncton, le modèle de localisation des services de garde semble aussi correspondre au nouveau développement urbain de la région. Des secteurs en pleine expansion, comme les secteurs ouest (vers l’extrémité du chemin Mountain) et sud-est (près de Saint-Anselme), contribuent de façon significative à cette répartition plus proportionnelle des garderies. Selon le recensement de Statistique Canada de 2001, ces deux secteurs ont une population de 7 217 et 7 571 habitants respectivement.

La région ouest a connu une augmentation considérable du nombre de ses habitants depuis les dix dernières années, atteignant environ 60 %. Les secteurs de l’ouest et du sud-est présentent également le plus haut pourcentage d’enfants âgés de moins de six ans par rapport à la population totale du secteur (environ 10 %). Par ailleurs, on remarque des secteurs peu développés malgré leur localisation dans la zone urbaine de l’agglomération, particulièrement au nord-est et au sud-ouest. Au cours des dix dernières années, il n’y pas eu d’implantation de services de garde dans la région du nord-est, qui compte 5 491 habitants (selon le recensement de 2001). Le pourcentage de la population âgée de moins de six ans est de 7 %, par rapport à 10,7 % pour la population âgée de six à 14 ans. Depuis 1986, le pourcentage de la population âgée de six à 14 ans a diminué d’environ 2 %. Ces statistiques expliquent l’absence de nouvelles garderies dans ce secteur.

3. Implantation des garderies dans les trois villes

La ville de Moncton, bilingue, est le centre d’activité socio-économique et culturelle de la région et compte une population totale de plus de 60 000 habitants en 2001. La ville de Riverview, majoritairement anglophone, compte une population d’environ 15 000 habitants, alors que la ville de Dieppe, pratiquement de même taille que Riverview, est composée principalement de francophones.

Parmi ces trois villes, Moncton est celle qui a connu le plus de transformations au cours des années quatre-vingt-dix, plus particulièrement après 1994 alors que le nombre de fermetures et d’ouvertures de garderies a augmenté. On a noté 29 fermetures de garderies au cours de la période 1990-2001 dont 25 se sont produites après 1994. Le même phénomène s’observe dans le cas d’ouvertures enregistrées. Sur un total de 48 ouvertures, 28 garderies ont vu le jour entre 1995 et 2001.

Les garderies fermées dans la ville de Moncton semblent être dispersées sur le plan géographique, tandis que les garderies ouvertes sont relativement concentrées et plus près des axes routiers principaux (figure 2). On observe plusieurs fermetures du côté sud du chemin Mountain, représentant environ 30 % du nombre total de fermetures enregistrées. Les secteurs entourant le lac Jones ont aussi connu plusieurs changements au cours des dernières années. Il y a eu cinq fermetures contre trois ouvertures au cours de la même période. Ces quartiers sont habités par une population aisée et dont l’âge se situe entre 40 et 60 ans. La baisse de la demande est une des principales causes de ce phénomène. Par ailleurs, on note qu’il y a eu la fermeture de la garderie Playcenter After School Childcare Service en 1993, localisée dans l’ouest de la ville de Moncton, près des terrains appartenant au CN. Cependant, au cours de la même période, plusieurs nouvelles garderies se sont implantées dans le même secteur, mais cette fois, bien plus faciles d’accès. Cela confirme la tendance des services de gardes de la ville de Moncton à se rapprocher du centre-ville et à être plus concentrés.

Il est intéressant de signaler un autre phénomène : peu de garderies localisées dans le centre-ville ont fermé leurs portes au cours de la période 1990-2001. Cette constatation est très intéressante, car selon certaines études menées dans plusieurs villes canadiennes auprès des services de garde à l’enfance, les garderies sont souvent localisées dans les centres-villes, l’accessibilité et la localisation à proximité des lieux de travail des parents étant des facteurs très importants (Cao, 1998; Truelove, 1996).

Il y a eu huit fermetures de garderies dans la ville de Riverview au cours de la période étudiée, soit 21 % du nombre total de fermetures de l’agglomération (tableau 1). Toutefois, on en retrouve huit nouvelles, soit 12 % du total. Deux phénomènes qui se produisent dans cette ville ont piqué notre curiosité. D’abord, qu’elles soient fermées ou ouvertes, les garderies sont concentrées dans le même secteur (l’est de la ville), le secteur ouest demeurant sans garderie. Deuxièmement, les garderies fermées sont concentrées près des rues principales, tandis que les garderies ouvertes se localisent au sein des quartiers résidentiels (figure 2). Pourquoi se produit-il de tels phénomènes, contraires à la situation de la ville de Moncton ? L’accessibilité est en général le plus important facteur pour la localisation des garderies. Toutefois, lorsque l’on se penche sur la situation de Riverview, la recherche de Lacombe (2002) confirme que la clientèle des garderies de Riverview est essentiellement locale et que les garderies se trouvent à l’intérieur de quartiers, ce qui apporte de nombreux avantages à l’épanouissement des enfants, comme la sécurité, les amis du quartier, etc.

La ville de Dieppe s’est développée rapidement au cours des dernières décennies, en particulier sur le plan démographique. Cette tendance s’inscrit dans le développement des services de garde : au cours des dix dernières années, seulement une garderie a fermé ses portes et neuf autres ont ouvert (14 % du total des ouvertures) (figure 2). On observe un phénomène d’expansion rapide dans deux directions géographiques différentes : l’une vers l’est de la ville (l’aéroport international de Moncton), et l’autre vers Saint-Anselme. Ces secteurs sont en pleine expansion et principalement constitués de jeunes familles francophones. Le phénomène d’implantation de services de garde à Dieppe s’explique par le fort développement de secteurs résidentiels où se trouvent des familles avec de jeunes enfants.

Figure 2

Répartition des garderies avant et après 1995, région urbaine de Moncton, Canada, 2001

Répartition des garderies avant et après 1995, région urbaine de Moncton, Canada, 2001

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Conclusion

Les analyses que nous avons effectuées ont permis de découvrir plusieurs aspects intéressants. Premièrement, on constate que le développement urbain influence considérablement la répartition des services de garde à l’enfance. La ville de Moncton a été un milieu très dynamique en ce qui concerne l’implantation de garderies au cours de la dernière décennie. On remarque que les fermetures de garderies dans la ville de Moncton étaient plus dispersées, tandis que les nouvelles garderies se localisent près des principaux axes routiers. Les services de garde doivent donc être plus faciles d’accès, que ce soit par voiture ou par transport en commun. Les garderies de la ville de Moncton ont tendance à être localisées près des principaux axes routiers, ainsi que dans les centres-villes.

Contrairement à la ville de Moncton, les garderies fermées de Riverview se localisaient près des rues principales, tandis que les nouvelles garderies se situent plutôt à l’intérieur des quartiers. Pour ce qui est de la ville de Dieppe, elle s’est développée rapidement au cours des dernières années, augmentant ainsi le besoin de services de garde. La plupart des nouveaux habitants de la ville sont de jeunes couples. La banlieue de Saint-Anselme est celle où l’on retrouve le plus grand nombre de garderies, dont l’accès est très facile.