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Les archives psychiatriques ne se trouvent pas uniquement bien rangées dans des boîtes et des classeurs, sur les étagères d’un sous-sol d’hôpital ou d’un centre d’archivage. En tant que traces diverses et multiples de l’activité psychiatrique, elles se font jour partout où les acteurs de la science de l’esprit menaient leur existence et leurs travaux. À l’image traditionnelle des mètres linéaires de rayonnages alignés en ordre, il convient donc de substituer celle d’un éparpillement chaotique. Comme suite à une explosion, les souvenirs de la psychiatrie passée ont souvent été disséminés aux vents des existences singulières. Dès lors que l’on s’intéresse à une institution, un médecin, des malades, des savoirs ou des techniques, une quête à part entière – à la fois interne et préalable à l’enquête historique – s’impose souvent pour retrouver les documents perdus, pour constituer les archives psychiatriques et les rassembler dans des fonds propres. Rares sont en effet les documents qui attendent sagement, dans un lieu et un espace définis, les chercheurs, pour qu’ils les dépouillent et les analysent. L’archive psychiatrique est souvent à retrouver, à découvrir, à pister. Elle impose à l’historien de prospecter dans des bibliothèques, des hôpitaux, des universités, des centres d’archives, des ventes aux enchères, des brocantes, mais aussi des greniers, des tiroirs de commode et autres fonds de placards qui, dans nombre de maisons, conservent, comme souvenirs d’un père, d’un grand-père ou d’un illustre aïeul, des traces de l’activité psychiatrique.

C’est cette réalité du travail historique qu’illustrent les archives du psychologue français Alfred Binet (1857-1911). Loin du fonds unique, rangé dans des boîtes ou des dossiers sur une étagère identifiable, les archives Binet sont aujourd’hui une collection de documents appartenant à des fonds multiples et dont l’existence comme ensemble unitaire n’a été rendu possible, de manière temporaire, que par un travail de longue haleine, auquel ont contribué plusieurs générations de chercheurs. C’est sur l’histoire de cette collection que je souhaiterais ici revenir, afin de mettre en lumière tant la diversité qui qualifie l’archive psychiatrique que les difficultés du travail historique qui s’y rapporte.

Célèbre pour avoir inventé avec Théodore Simon (1873-1961) la première échelle métrique de l’intelligence, prémisse au test du QI, Alfred Binet n’était pas psychiatre[1]. Après avoir étudié le droit, il abandonna la profession d’avocat à laquelle il se destinait pour s’intéresser aux sciences de l’esprit et en particulier à la psychologie, qui s’épanouissait en France en ce début des années 1880. Certes, c’est à l’hôpital de la Salpêtrière, auprès du célèbre neurologue Jean-Martin Charcot (1825-1893), qu’il fit ses classes, mais il ne suivit jamais, à proprement parler, d’études de médecine. Son principal diplôme scientifique fut une thèse en sciences naturelles soutenue en 1894 sous la direction de son beau-père, l’embryologiste Édouard-Gérard Balbiani (1823-1899) et portant sur le système nerveux sous-intestinal des insectes. C’est ensuite sous l’étiquette de psychologue qu’il fit carrière, notamment en tant que directeur du Laboratoire de psychologie physiologique de la Sorbonne. Reconnu comme l’un des fondateurs de la psychologie expérimentale en France, Binet fut aussi un acteur à part entière de l’histoire de la psychiatrie. Au-delà du fait qu’à cette époque où les sciences de l’esprit prenaient leur envol les distinctions que nous connaissons aujourd’hui étaient encore floues, force est en effet de constater que nombre de ses travaux participèrent effectivement de la science psychiatrique. Depuis ses premières études sur l’hystérie et l’hypnose à la Salpêtrière jusqu’à ses dernières recherches portant sur les différents types d’aliénation mentale, Binet ne cessa de « flirter » avec la psychiatrie, notamment grâce à des collaborations étroites avec des aliénistes, comme son ami Charles Féré (1852-1907) ou son disciple Théodore Simon. D’ailleurs, sa fameuse Échelle métrique de l’intelligence fut, depuis le contexte de sa formation à la demande du gouvernement français en 1904 jusqu’à son utilisation tout au long du XXe siècle dans le monde entier, un véritable outil psychiatrique. Ainsi, tout en participant pleinement à l’écriture d’une histoire de la psychologie scientifique, les archives d’Alfred Binet sont également partie prenante de l’histoire de la psychiatrie. Le récit de leur constitution nous permet donc d’aborder, de manière originale, un aspect souvent oublié du travail sur l’archive psychiatrique.

Théodore Simon fut le premier à ouvrir la voie à la constitution des archives d’Alfred Binet. Chargé, à la mort de ce dernier, de reprendre la présidence de la Société Libre pour l’Étude Psychologique de l’Enfant[2], il fut, tout au long de son existence, en disciple fidèle, le défenseur de l’oeuvre de son maître et ami. Mais il fallut attendre 1960 pour qu’il commence à rendre publics les documents en sa possession[3], en publiant un premier recueil d’inédits (Binet, 1960). Cette courte brochure présentait en deux textes la retranscription de manuscrits et de notes de Binet, à laquelle venait s’ajouter la reproduction hors-texte d’une page autographe. Dans sa courte introduction, Simon rappelait que Binet avait pour habitude de détruire ses brouillons ainsi que ses textes non achevés, et que par conséquent peu de documents avaient survécu, à l’exception de quelques notes de travail, de deux brouillons de manuels de psychologie et d’une poignée de lettres. Malheureusement, Simon décéda l’année suivante, emportant avec lui ces derniers documents. Sa femme aurait en effet, à sa demande ou non selon les versions, brûlé l’ensemble de ses papiers, incluant ceux qui restaient de Binet. Ainsi, à peine dévoilées, les archives du psychologue disparaissaient à nouveau.

Alfred Binet – Circa 1905 (courtoisie de la Société Binet-Simon).

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C’est, de manière assez surprenante, en Roumanie, que surgirent en 1966 de nouvelles traces du psychologue français. Un chercheur du nom de Marian Bejat fit paraître dans la Revue roumaine des sciences sociales un article dans lequel il retranscrivait, commentait, mais aussi reproduisait cinq lettres inédites de Binet, retrouvées dans les archives de la Bibliothèque de l’Académie nationale roumaine (Bejat, 1966). Adressés à Titu Maiorescu (1840-1917), le recteur de l’Université de Bucarest qui avait invité Binet à y donner une série de conférences au printemps 1895, ces courriers donnaient accès à un épisode jusqu’alors peu connu de la vie du psychologue. Ils mettaient également en évidence une source d’archives inattendues : la correspondance que Binet entretenait quotidiennement avec des amis, de la famille, et surtout des savants du monde entier[4]. Il fallut pourtant attendre plus de trente ans pour que des chercheurs suivent cette voie d’investigation féconde.

Entre temps, c’est une autre piste de recherche qui se dévoila lorsque, en 1968, à l’occasion du 500e numéro du bulletin de la SLEPE[5], des extraits du journal de Madeleine Binet, la fille du psychologue, furent publiés sous le titre « Souvenirs sur Alfred Binet » (Binet, 1968). Cette archive familiale unique offrait, du moins dans les quelques pages qui avaient été rendues publiques, un regard inédit sur la vie personnelle, mais également professionnelle, de Binet. On découvrait en outre, à cette occasion, l’existence d’une descendance intéressée à l’histoire et à la préservation de la mémoire de leur célèbre aïeul : les deux filles de Madeleine, Georgette et Géraldine Binet qui avaient partagé avec la Société les extraits de ce document rare.

Mais c’est surtout avec le travail d’ampleur mené par la chercheuse américaine Theta Wolf (1904-1997) pour la biographie qu’elle fit paraître en 1973, que les archives d’Alfred Binet se révélèrent comme une source historique de choix, et donc un champ de recherche à explorer (Wolf, 1973). Dans ce volume, devenu depuis une référence, Wolf recourait en effet à différents documents inédits pour apporter des précisions sur la vie et l’oeuvre du psychologue français. Son analyse se nourrissait notamment de nombreux courriers qu’elle était parvenue à mettre au jour. Sa bibliographie signalait en outre l’existence de trois manuscrits jusqu’alors inconnus. Bien que l’origine et l’emplacement de ces documents ne fussent pas toujours précisés, la voie était ainsi ouverte au développement des travaux sur les archives de Binet, dont on savait désormais qu’elles n’avaient pas toutes disparu. Malheureusement, à cette époque, les recherches proprement historiques étaient encore rares au sein des études sur Binet qui se multipliaient pourtant, en particulier autour de la Société[6] et au sein de son Bulletin. Personne ne suivit donc les pistes indiquées par Wolf et il fallut attendre 1986 pour entendre à nouveau parler d’archives du psychologue. Pour commémorer les 75 ans de sa mort, le Bulletinde la Société Alfred Binet et Théodore Simon publia en effet un nouvel extrait du journal de Madeleine, mis à disposition par Georgette et Géraldine Binet (Binet, 1986).

Cette même année, le classement et l’inventaire des archives d’un autre psychologue, Henri Piéron (1881-1964), mirent au jour plusieurs cartons de documents ayant appartenu à Binet. Après avoir été son élève, Piéron lui avait en effet succédé en 1912 à la tête du Laboratoire de psychologie physiologique de la Sorbonne[7]. Différentes archives avaient alors été conservées (ou plutôt oubliées) au sein de l’institution : des résumés d’expériences, des fiches d’interrogatoires, de nombreux enregistrements de laboratoire et même quelques lettres et photographies. Ces éléments, dont on supposait alors qu’ils étaient les dernières traces du psychologue qui aient pu échapper à la destruction (Parot, 1989, 144), composèrent le premier fonds officiel d’archives d’Alfred Binet[8].

Parallèlement à cette fondation passée alors inaperçue, le début des années 1990 vit le renouveau des études sur Binet et apporta donc son nouveau lot de publications d’archives. En 1994, à l’occasion du centenaire de L’année psychologique, revue fondée par Binet avec le physiologiste Henry Beaunis (1830-1921), les historiennes Jacqueline Carroy et Régine Plas (1994) éditèrent, en collaboration avec Anne-Marie Hans-Drouin, une courte brochure reproduisant un certain nombre de documents oubliés et inédits, dont trois lettres de Binet à Edmond de Goncourt (1822-1896) et Louis Havet (1849-1925), retranscrites dans leur intégralité, et une série de photographies. L’année suivante, Agnès Pierron reproduisait, en annexe de son édition des textes du Grand-Guignol dans laquelle figuraient des pièces écrites par Binet avec le dramaturge André de Lorde (1869-1942), une lettre inédite de Binet à Eugénie (1862-1917), la belle-mère de sa fille aînée Madeleine (Pierron, 1995, 1359-1361). C’est cette même année que le philosophe Bernard Andrieu retrouva un texte de Binet que l’on pensait perdu : son mémoire de 1886 sur la perception extérieure, soumis pour le prix Bordin. L’Académie des sciences morales et politiques, organisatrice du concours, avait soigneusement conservé le précieux manuscrit de 511 pages. Grâce à l’aide financière des petites-filles Binet, la retranscription de ce manuscrit inédit – le plus imposant jamais retrouvé – put être publiée dès janvier 1996 (Binet, 1996). En 1997, les psychologues Serge Nicolas (1997) et Élisabeth Chapuis (1997) publièrent simultanément deux articles sur la correspondance de Binet avec son collègue suisse Jean Larguier des Bancels (1876-1961), dans lesquels ils présentaient des extraits de ces lettres, dont l’existence avait été signalée par Wolf. Ce fut ensuite dans le contexte d’un travail sur l’histoire de l’éducation spécialisée que Monique Vial et Marie-Anne Hugon publièrent en 1998 des textes inédits de Binet (Vial & Hugon, 1998) rédigés pour la commission ministérielle sur l’éducation des anormaux (qui fut à l’origine de la création de l’Échelle métrique de l’intelligence). Enfin, la même année, le psychologue Yvan Lourdais, qui préparait alors une thèse sur Binet et la criminologie, mit à jour le passé d’avocat du psychologue. Grâce à Géraldine et Georgette Binet, il retrouva le faire-part de mariage d’Alfred avec Laure Balbiani (1857-1922), sur lequel apparaissait la profession du marié : avocat au barreau de Paris. De là, il réussit à obtenir de l’Ordre des avocats des lettres de Binet ainsi que des documents relatant sa formation et sa courte carrière juridiques (Lourdais, 2000, 66). Dans l’article qu’il fit paraître à ce sujet en 2000, il citait en outre une lettre de Binet à Édouard Claparède (1873-1940), redécouverte à Genève et dont on ignorait jusqu’alors l’existence (Ibid., 90).

À l’aube du nouveau millénaire, les études binetiennes continuèrent à se développer, permettant la découverte de nouvelles archives. Le colloque organisé en novembre 1999 pour le centenaire de la Société Binet-Simon fut une occasion de présenter des documents inédits. Anne-Marie Drouin-Hans (2000) y dévoila l’existence d’une correspondance entre le psychologue et le philosophe Edmond Goblot (1858-1935), tandis que Serge Nicolas (2000) y présentait les procès-verbaux et rapports relatifs aux candidatures de Binet au Collège de France et à la Sorbonne en 1902. Puis, en 2001, Bernard Andrieu engagea sous l’égide de la Société Binet-Simon la publication des oeuvres complètes du psychologue, en faisant paraître quatre premiers volumes[9]. En ouverture du tome 1, consacré à la vie et l’oeuvre de Binet (2001), Yvan Lourdais présentait le certificat de naissance de Binet retrouvé par ses soins, mettant ainsi fin aux incertitudes sur la date de naissance exacte du psychologue. Dans ce même volume, le corpus réalisé par Bernard Andrieu présentait une liste importante de correspondances, pour beaucoup encore inédites, et révélait également l’existence de manuscrits jusqu’alors inconnus.

Tandis que les commémorations[10] et que les travaux sur l’oeuvre du psychologue se multipliaient, la recherche sur les archives s’organisa, notamment grâce au dynamisme de Bernard Andrieu et de la Société Binet-Simon. Le 17 janvier 2006 furent inaugurées, à l’Université Nancy 2, les Archives Alfred Binet, une petite structure de recherche dirigée par Bernard Andrieu et rattachée au laboratoire CNRS d’histoire et de philosophie des sciences Archives H. Poincaré, dont il était alors membre. Elle s’organisait autour d’un fonds composé de volumes des oeuvres du psychologue, d’ouvrages sur ses travaux et sa vie, d’une collection des bulletins de la Société et de photocopies de manuscrits et de lettres données par la famille. La fondation de cette entité officielle permit de développer les travaux de recherche sur les archives, notamment grâce à l’obtention de financements. C’est ainsi que, jeune étudiant au doctorat, je fus employé dès novembre 2006 afin d’assurer l’édition de la correspondance entre Binet et Jean Larguier des Bancels. Ce premier volume de la correspondance Binet paru en 2008 (Klein, 2008a) marquait le début d’une recherche systématique de ses archives épistolaires, qui déboucha sur l’édition, trois ans plus tard, d’un second volume (Klein, 2011a). À cette démarche volontariste de recherche de l’archive s’ajouta l’établissement de relations nouvelles avec la famille Binet, qui permirent de voir ressurgir un certain nombre d’archives oubliées. Les petites-filles Georgette et Géraldine possédaient en effet de nombreux documents dont elles révélèrent tardivement l’existence à l’équipe des Archives Alfred Binet. C’est ainsi que, en 2009, le corpus et la biographie de Binet, mis à jour à l’occasion de la parution d’un nouveau collectif, listaient de nombreuses lettres inédites, ainsi que de nouveaux manuscrits, dont un roman intitulé Ce qu’on lit sur les routes (Andrieu & Klein, 2009). Dans ce même volume, on trouvait également un court cahier photographique incluant des images inédites de Binet, de sa famille et de ses collaborateurs. Mais ce n’est qu’à la suite du décès consécutif[11] des deux soeurs que se révéla l’ampleur des archives qu’elles conservaient réellement : en plus des dizaines de photographies rangées dans des albums ou conservées dans des boîtes, des manuscrits connus comme le journal de Madeleine ou le roman, on découvrit de nombreuses notes de travail de Binet, des esquisses d’articles, ainsi que des courriers familiaux et personnels, un carnet d’adresses et des ouvrages ayant appartenu à Binet. Ce fonds exceptionnel, cédé par la famille à la Bibliothèque Nationale de France en septembre 2015, forme désormais un troisième fonds officiel d’archives d’Alfred Binet : le fonds de la Famille Binet.

La découverte de ces nouveaux documents permit un renouveau des travaux historiques et éditoriaux. À l’occasion du centenaire de la mort de Binet en 2011, la Société publia ainsi deux numéros hors série de son bulletin, présentant des archives exceptionnelles de ce nouveau fonds : d’une part, les notes préparatoires à l’Étude expérimentale de l’intelligence (Andrieu & Morlot, 2011), contenant notamment les tests que Binet fit passer à ses filles, et, d’autre part, le fameux journal de Madeleine (Andrieu & Klein, 2011a). Lors du colloque que la Société organisa à cette occasion[12], ou dans les numéros spéciaux de revues auxquels contribuèrent ses membres[13], ces archives eurent également la part belle. Depuis 2014, des documents de ce nouveau fonds sont en outre régulièrement publiés, simplement scannés et retranscrits, dans la section « Archives Binet » de la revue de la Société (qui accueillait déjà, depuis 2008, des articles historiques valorisant les archives du psychologue[14]). Un troisième volume de la correspondance Binet présentant les lettres et les archives familiales que conservaient les petites-filles est également en cours de préparation (Klein, 2017). En attendant, la recherche se poursuit et de nouveaux documents émergent régulièrement d’un peu partout dans le monde, dont des manuscrits[15], mais aussi de nombreux courriers scientifiques et professionnels qui permettront, dans un avenir proche, l’édition d’un quatrième volume de correspondance. Enfin, pour célébrer les 160 ans de la naissance du psychologue, la Société Binet-Simon prévoit pour 2017 la publication du roman inédit de Binet, ainsi que l’organisation d’une exposition, au sein de la BNF, des principales pièces du fonds qui y a été déposé.

Ainsi, grâce aux efforts de quatre générations de chercheurs, des dizaines de documents d’archives ont pu, au cours des soixante dernières années, être retrouvés, étudiés et, pour beaucoup, publiés. Ils offrent une meilleure compréhension des travaux et de la vie d’Alfred Binet, mais aussi un accès rare à l’histoire des sciences de l’esprit à la Belle Époque. C’est grâce à ces documents, aujourd’hui éparpillés dans trois fonds d’archives distincts et dans de multiples publications, qu’a pu être réalisé en 2014 un webdocumentaire intitulé Alfred Binet (1857-1911). Naissance de la psychologie scientifique (Klein & Thomine, 2014), qui donne à voir ce qu’ont été la vie et l’oeuvre de ce savant touche- à-tout d’exception. Ce support multimédia a en outre permis de donner corps à un fonds d’archives qui n’existe en tant qu’ensemble unifié qu’à travers les recherches qui l’utilisent et le font vivre. Car à ce jour les archives d’Alfred Binet restent une collection de documents sans unité de lieu, un fonds d’archives virtuel et surtout toujours en devenir. En parallèle du travail d’édition, de commentaires et de mise en ligne[16] des oeuvres de Binet, la recherche sur ses archives se poursuit en effet avec passion. Bien que les sources tendent naturellement à s’épuiser, de nombreux documents, concernant son travail, sa vie et son oeuvre, attendent encore les chercheurs dans des fonds partout à travers le monde. C’est ce qui fait des archives d’Alfred Binet un ensemble toujours ouvert, un fonds d’archives psychiatriques qui, comme beaucoup d’autres, sera toujours en cours d’élaboration.