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Un homme fait le projet de dessiner le monde. Les années passent : il peuple une surface d’images de provinces, de royaumes, de montagnes, de golfes, de navires, d’îles, de poissons, de maisons, d’instruments, d’astres, de chevaux, de gens. Peu avant sa mort, il s’aperçoit que ce patient labyrinthe n’est rien d’autre que son portrait.

Jorge-Luis Borges 1982 : 215

Les plus belles réalisations de la littérature contemporaine sont ces oeuvres où la fiction déborde sur un terrain connexe – soit l’histoire, le récit de voyage ou l’ethnographie. Que l’on pense à Austerlitz de G. W. Sebald, au Danube de Claudio Magris, à La Québécoite de Régine Robin, ou à In an Antique Land d’Amitav Ghosh, le texte hybride offre un parcours inusité où chaque tournant est une révélation. Sebald (2002) a peut-être développé cet art à son degré le plus achevé, lui qui mélange fiction, voyage, recherche historique et documentation photographique, dans une prose limpide et pourtant mystérieuse. Chez Sebald, c’est le hasard qui dicte le trajet narratif. Il n’y a aucune trame préétablie, seulement des déviations au gré des rencontres ou des souvenirs. Et pourtant, ce qui résulte, ce sont des vérités les plus précises.

In an Antique Land a marqué une étape décisive pour l’écriture ethnographique. La thèse de doctorat de Ghosh en anthropologie sociale (1981) devient un livre en 1992, mais elle est transformée en récit et augmentée d’une quête historique. Le travail de terrain en Égypte est accompagné d’une recherche portant sur un esclave indien du Moyen Âge, sorti des marges de l’histoire pour devenir son objet principal. Autre renversement : le chercheur devient lui-même un personnage du récit, et objet d’ironie. Le narrateur est observé autant qu’il observe, est questionné autant qu’il questionne. Ouvrage emblématique de la nouvelle écriture ethnographique, In an Antique Land se joint à toute une prolifération de textes hybrides qui, à la suite des interventions décisives de Clifford et Marcus (1986), de James Clifford (1988), de Clifford Geertz (1988) et d’autres, ont redéfini l’écriture ethnologique au cours des années 1980.

Le journalisme littéraire, l’autobiographie ethnographique, l’ethnographie féministe, le témoignage, l’ethno-fiction et le journal de terrain – autant de formes où le texte est un carrefour de voix. Le féminisme a été un stimulant important dans ce tournant, provoquant de nouvelles prises de conscience quant aux thèmes de la recherche, renouvelant les formes d’écriture et inscrivant l’identité sexuelle de l’ethnologue dans toute expérience de rencontre de l’autre (voir, entre autres, Behar 1993). Entre anthropologie et littérature, dit Geertz (2003), il y a depuis un certain temps une étrange liaison passionnelle, « a strange romance ». Se décrivant comme un « Flaubert manqué », un « faux Henry James » Geertz réclame pour l’ethnologue un pouvoir de témoignage fondé sur la sensibilité, plutôt que sur des méthodologies préétablies. En même temps, se manifeste une conscience très grande du pouvoir contraignant des formes mêmes de l’écriture ethnographique – sa rhétorique et son public. Impossible de concevoir la démarche scientifique de l’observateur sans mettre en question ses propres formes d’écriture. Impossible d’interroger les rapports entre science et littérature sans revenir à Roland Barthes rappelant que seule la littérature « effectue le langage dans sa totalité » (1984 : 19). Impossible de penser la médiation entre les langues et les réalités de l’autre sans invoquer les apories de la traduction.

La réélaboration du projet d’écriture des oeuvres ethnographiques qui s’est accomplie depuis les années 1980 ne se comprend que si elle est reportée sur l’horizon de la mutation épistémologique majeure qui a profondément marqué, et d’une double façon, notre discipline. D’abord à travers la relativisation de l’idée même d’objectivité en science, ce qui a conduit à poser dans des termes nouveaux les anciens rapports entre littérature et science : « Literature actually has the means to meet science on its own territory in a contest concerning which epistemological activity does a better job of telling the truth » (Porush 1989 : 373). Ensuite à travers la réalisation que le langage descriptif se révèle souvent impuissant à dire la complexité de la réalité ethnographique qui déborde constamment les ressources de la langue et du récit. Le fait d’adopter un style littéraire indique par là même que toutes les descriptions ne sont jamais que des comptes-rendus partiels, approximatifs, provisoires, sujets à être redits autrement, avec d’autres outils rhétoriques et dans de nouvelles versions qui n’épuisent jamais la richesse de la réalité.

Les avis sont partagés quant aux effets durables du « virage littéraire » en anthropologie. Dans ce numéro, Jean-Claude Muller avancera que le « dialogisme » est devenu une nouvelle doxa, et que certains excès et transgressions dans cette voie ont menacé la crédibilité de la discipline anthropologique. Pour Elspeth Probyn, au contraire, les expériences ne sont pas allées assez loin. « Dès que le chercheur se met à raconter ses propres histoires, un signal d’alarme se fait entendre. Une ou deux anecdotes peuvent passer, mais qu’arrive-t-il si le chercheur se met à assumer pleinement le rôle de narrateur? ». Entre ces deux avis, il y a à la fois la différence des traditions (francophones, anglophones), mais aussi un parti-pris sur la vérité ethnographique. Cette ligne de partage est toujours active, même s’il faut reconnaître qu’il est davantage question du degré d’intervention du sujet écrivant que de l’idéal illusoire d’une objectivité parfaite.

Ce numéro propose plusieurs cas de figure de la relation ethnologie-fiction. Il est question d’anthropologues « plurigraphes », d’auteurs qui se dédoublent, produisant un oeuvre où textes scientifiques et créatifs se côtoient (Jean-Claude Muller), et il est question de la littérature quand elle devient objet de l’analyse anthropologique (Charlie Galibert), où la matière première de l’analyse ethnologique est fournie par l’oeuvre de fiction. Les auteurs s’intéressent à des pratiques où l’écriture ethnographique est déjà hybridisée, c’est-à-dire où elle se confond avec une pratique artistique : c’est le cas du romancier-ethnographe Jack Kerouac (Gilles Bibeau), du reporter-ethnographe Malcolm Reid (Sherry Simon), de la peinture ethnographique d’Anne Eisner (Christie McDonald). Et enfin, dans les articles de Yara El-Ghadban et d’Elspeth Probyn, c’est la notion de fiction – autant que l’ethnographie – qui est problématisée. Quels sont les éléments de l’intime qui sont légitimes dans le discours anthropologique, et comment se définit cette intimité?

Tous les textes ont en commun d’interroger les limites du savoir ethnographique. Ce questionnement est particulièrement vif dans le cas de l’essai de Yara El-Ghadban, puisque le texte trouve son origine dans un sentiment d’échec disciplinaire. À la suite de la rédaction de son mémoire de maîtrise portant sur la musique palestinienne, l’auteure s’interroge sur la vérité de ce qu’elle a produit. Le mémoire suit les normes de la discipline, et pourtant l’auteure a l’impression que la conclusion ne reflète pas la réalité qu’elle a observée. À partir de ce sentiment de porte-à-faux, elle entreprend une réflexion sur les aspects multiples et contradictoires de l’identité palestinienne. Cette réflexion prend la forme d’une série de scènes, des séquences narratives, exposées dans la discontinuité, qui permettent d’interroger les significations contradictoires que peut revêtir l’identité palestinienne. L’écriture scénographique permet le déploiement d’un style en fragments qui fait surgir la pluralité et qui autorise le mélange entre observation et jugement. En même temps, les scènes deviennent le lieu d’un récit de soi, qui est inévitablement une fiction. L’identité s’écrit dans la dramatisation, et dans l’esthétisisation. Confrontée à ses propres paroles, à sa propre mise en scène, à la présentation de soi, le personnage – la Palestinienne – se découvre être un foyer de différences irréconciliables. Elle habite dans la sphère de la fiction identitaire, au croisement des étiquettes, entre « membre » de la communauté et observatrice, entre son chez soi et la Diaspora, entre l’identité stratégique et la multiplicité postmoderne, entre l’indigence culturelle et la créativité. Ces différences irréconciliables appellent une écriture de la discontinuité, ponctuée de blancs et de brèches – d’où surgiront peut-être de nouveaux aperçus.

L’interrogation sur « l’échec » chez El-Ghadban trouve écho dans le point de départ de la réflexion d’Elspeth Probyn. Chez Probyn, c’est le sentiment de la honte qui donne lieu à une interrogation sur les outils d’analyse légitimés par les sciences humaines. La honte est un sentiment positif, dit Probyn, puisqu’elle nous arrive de l’intérieur et nous oblige à remettre en question notre rapport à autrui. Mais traquer les origines de la honte dans le corps, raconter l’intimité de la honte, ce sont des démarches qui – même après le soi-disant tournant postmoderne – restent suspectes. Le tabou sur l’intimité persiste en effet dans les sciences humaines. Il faut donc expérimenter des styles différents pour dégager de nouvelles formes de vérité, ne pas craindre le récit de soi. L’article de Probyn se développe autour d’un récit de la honte, sa propre découverte de sa honte devant le rocher d’Uluru. Un sentiment de se sentir « si peu à ma place ». À partir de cette expérience clé, elle est amenée à réfléchir sur la place qu’occupe le sentiment-le corps-l’émotion dans les sciences humaines, de Bourdieu à Mauss. Contrairement à Bourdieu, Mauss réclame le corps pour le social. Mais il reste, pour Probyn, une difficulté réelle de traduire les signes du corps.

Pour Probyn, comme pour El-Ghadban, l’écriture ethnographique doit permettre la contradiction et l’instabilité, la fidélité à une réalité éclatée à travers d’audacieux exercices d’auto-réflexivité. L’ethnographie des Franco-Américains que Bibeau débusque dans les oeuvres de fiction de Jack Kerouac démontre, une fois de plus, que M. Leiris avait raison de soutenir que l’ethnographie n’échappe jamais, tout comme la littérature, à l’auto-graphie. Chronique des Canucks émigrés aux États-Unis, réinvention du mythe fondateur de l’américanité, quête de la limite à travers le voyage, les romans de Kerouac écrivent « La légende des Duluoz » en emmêlant constamment récit de soi et ethnographie. Partie compte-rendu, partie fiction, l’ethnographie de Kerouac s’est écrite dans un style mobile comme le voyage, spontanée comme le jazz, en prise constante sur le bouillonnement contre-culturel qui a marqué la fin des années 1950. La légende franco-américaine des Duluoz est ainsi devenue pour un temps, par le biais des romans de l’ethnographe-écrivain, le mythe du peuple américain.

Dans l’ouvrage classique de Malcolm Reid, The Shouting Signpainters (1972), il y a imbrication de récit de voyage, reportage politique, quête ethnographique et traduction. Reid entreprend sa traversée de Montréal à la fin des années 1960, au moment où l’effervescence politique et culturelle du Québec francophone attire la curiosité et l’admiration de la gauche canadienne-anglaise. Reid dresse un portrait détaillé du groupe Parti pris – les idées du groupe, leurs réalisations littéraires, mais aussi les personnalités et les « styles » de chacun des membres. Selon Sherry Simon, il y a un désir d’intraduisibilité inscrit dans cette quête, même si le voyage qui mène au « terrain » n’est qu’un trajet d’autobus vers l’est de la ville. C’est la différence qui attire – et le caractère résolument local de la lutte culturelle et linguistique.

L’histoire d’Anne Eisner est singulière. Peintre connue dans les milieux de l’art américain, elle abandonne tout pour suivre le passionné Patrick Putnam en Afrique. À la mort de Putnam, elle prend en charge la population qui habite le « Camp Putnam ». Plus tard, elle permettra aux légendes manuscrites qu’elle a transcrites d’être utilisées par l’anthropologue Colin Turnbull qui s’en est servi pour écrire un livre déterminant dans l’histoire de l’anthropologie. Quel est le statut des images peintes par Anne Eisner? Comment traduisent-elles son regard sur la communauté des pygmées avec qui elle a partagé son existence durant une dizaine d’années? Pour Christie McDonald, les peintures d’Anne Eisner présentent une perspective sui generis sur les pygmées d’Epulu qui diffère de celle proposée par l’anthropologue Turnbull. Eisner a transcrit 200 légendes et a écrit des notes ethnographiques. Elle a produit de nombreuses toiles. Son autorité anthropologique réside, selon McDonald, dans ses qualités d’observation en tant que peintre et dans sa participation à la vie africaine en tant que femme. Sa peinture est un gage de la complexité qu’elle recherchait dans ses relations avec les pygmées.

À l’opposé des analyses précédentes qui font de la fiction un élément du travail ethnologique, Charlie Galibert propose de lire la fiction comme matière de l’analyse anthropologique. Flaminia et autres contes de l’île de Corse, de Félix Arrighi, fournit une foule d’informations de diverses natures à l’anthropologue, puisque oeuvre d’un acteur social et reflet d’une communauté qui se passionne pour l’histoire. Le « langage redoublé » de la fiction donne cohérence au savoir. Les nouvelles témoignent des pratiques politiques ou familiales, des techniques de pêche et de chasse, et sont une construction spécifique de la mémoire et de l’histoire collectives. Galibert montre que littérature et ethnographie « se croisent dans leur tentative pour accéder à la vérité », précisant qu’on a bien affaire « dans tout récit à du langage redoublé, c’est-à-dire à une fiction ». Il rejoint en cela de nombreux collègues ethnologues qui lisent de plus en plus souvent les oeuvres de fiction de certains romanciers à la manière de sources ethnographiques.

Jean-Claude Muller propose un survol des expériences « plurigraphes » de l’anthropologie moderne. Il évoque les auteurs qui ressentent le besoin d’écrire selon plusieurs modes – depuis Michel Leiris et Claude Lévi-Strauss en France jusqu’à Laura Bohannan, Bronislav Malinowski, Nigel Barley et Carlos Castaneda en anglosaxonnie. Dans certains cas, comme chez Laura Bohannan, l’écriture « à deux mains » prend la forme d’un oeuvre « double » puisque la fiction est rédigée en parallèle avec les ouvrages scientifiques. Cette séparation s’amenuisera chez Nigel Barley. Et chez Castaneda, l’autobiographie se révèle pure invention productrice de faux. Muller s’interroge sur la nouvelle doxa du dialogisme, se demandant si le désir de « dialoguer » avec les populations qui sont objets d’étude n’est pas le résultat des rapprochements à la fois physiques et culturels que l’on appelle mondialisation. Cette réponse est juste, bien entendu. La rencontre ethnographique se modifie selon les conditions – matérielles et autres – qui permettent qu’elle ait lieu.

Dans un texte hautement auto-réflexif portant sur son expérience de recherche auprès des réfugiés du village palestinien de Barbarah, Christine Pirinoli confesse que l’assassinat (« une exécution criminelle », écrit-elle) d’un de ses amis palestiniens lui a permis de sortir de la sidération et du silence où le face-à-face avec la souffrance l’avait plongée. Il lui fallait témoigner de cette violence par les mots et redire à sa manière les récits d’expulsion et de spoliation qu’elle avait entendus, l’écriture étant le seul moyen, pensait-elle, de se libérer de la colère qui l’avait d’abord paralysée. C’est une écriture politique, thérapeutique aussi, que pratique l’auteure qui inscrit son propre tracé dans les mots des autres et qui s’inscrit dans le champ politisé de la mémoire des réfugiés de Barbarah. Sur le « terrain miné » de la bande de Gaza où elle a rencontré ces réfugiés, Pirinoli dit qu’il est impossible de pratiquer la neutralité que (ré)clame la science, que l’engagement est une nécessité de la part des anthropologues et que l’écriture est un devoir.

Dans leur note de recherche, Axel Guïoux, Evelyne Lasserre et Jérôme Goffette montrent que la science-fiction des inventeurs de cyborgs, « robots sapiens » et autres chimères tend à abolir la frontière entre les machines et les êtres vivants. Les héros hybrides des films japonais analysés se présentent comme autant de figures ambiguës qui semblent chercher, dans la démesure techniciste, à échapper à la mort. Thème majeur d’inspiration pour les producteurs de films et pour les écrivains, les nouvelles oeuvres de fiction mettant en scène des cyborgs et des êtres modifiés réactualisent sans doute l’inquiétude des inventeurs de mythes d’autrefois. Elles nous rappellent, dans le contexte de ce numéro portant sur l’anthropologie, la fiction et l’écriture, l’extraordinaire pouvoir créatif de l’écriture en même temps qu’elles annoncent les dérives possibles d’une fiction qui se laisse porter par le seul pouvoir de l’imaginaire.

Phillip Rousseau s’interroge, dans une note bibliographique, sur l’extravagance potentielle de l’anthropologie des ethnographes dévoreurs de romans. La folie d’un Don Quichotte obsédé par les romans de chevalerie lui permet de poser une question essentielle : le recours à la fiction pour interpréter l’empirique entraîne-t-il la distorsion de la réalité comme chez Quichotte qui transforme les moulins à vent en des géants à abattre? L’examen des « manières de voir le réel » mises en oeuvre dans les ouvrages récents de M. Taussig, V. Crapanzano et J. A. Boon conduit Rousseau à laisser entendre que la science et la littérature sont toutes deux « susceptibles d’enchanter ou de désenchanter, de faire sens du monde ou de le rendre absurde ». Au détour de sa discussion, il montre comment Roland Barthes se profile, tout en étant rarement cité, derrière le virage littéraire de l’ethnologie tel que l’ont entamé aux États-Unis Clifford, Marcus et les autres.

L’ensemble des textes du numéro reprennent ce questionnement sur la nature des « conditions », y compris les fondements épistémologiques, qui sous-tendent une rencontre réussie entre fiction et ethnologie et sur les pièges qui la guettent. Ils mettent en évidence les liens inévitables entre style d’écriture et savoir. Entre la méfiance face à l’engouement pour les écritures expérimentales, la dérive possible vers une pure esthétisisation des textes ethnographiques et le souci d’une écriture rigoureuse, la voie définitive reste à trouver. Des ethnologues continueront sans doute encore à combiner plusieurs pratiques d’écriture, dans des voix plurielles ; d’autres prendront des libertés en produisant une écriture limite, située sur la bordure de la réalité. Les anthropologues contemporains sont sensibles au fait que la pensée s’incarne dans une langue, que la traduction du monde de l’autre exige de nouvelles stratégies d’écriture et que l’ethnographie de l’autre ne peut faire abstraction de la présence de l’auteur dans la rencontre. Parce que les mots ramènent à la vie, on peut penser que la langue prendra de plus en plus d’importance dans l’anthropologie de demain. Sans doute Borges avait-il raison de rappeler que toute description de l’autre porte le risque de se transformer en un auto-portrait. Ce rappel doit être entendu comme un appel à la vigilance.