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Vient de paraître chez Sedes, dans la collection « Dossiers des images du Monde », le 28e ouvrage consacré, cette fois, aux montagnes. À l’instar des autres titres de la collection et comme l’indique le sous-titre, il est question surtout de géographie humaine et économique.

Si l’oekoumène québécois montagneux est peu peuplé et développé, il en va autrement dans la plupart des régions dans le monde, en particulier en Europe et en Asie. Ces milieux diffèrent sensiblement des plateaux et des plaines et posent généralement des problèmes épineux aux occupants et aux aménagistes. Des solutions s’avèrent nécessaires et exigent au préalable une réflexion à plusieurs niveaux.

Bien que de taille modeste, le présent ouvrage aborde divers thèmes d’intérêt géographique susceptibles de favoriser une meilleure compréhension des milieux montagneux, en particulier ceux de la haute montagne.

Dans un premier chapitre, Bernard Debardieux envisage la montagne comme un objet géographique avant d’évoquer les représentations qu’on s’en fait ainsi que les constructions culturelles. François Bart aborde dans un second chapitre la question des montagnes vues sous l’angle de la marginalité et de l’intégration avant de discourir sur les « pleins et les vides », c’est-à-dire sur les milieux montagneux occupés et développés et les autres, plutôt vierges et déserts. Dans ce même chapitre, Mme Veyret consacre un premier article aux mobilités et discontinuités physiques avant d’aborder le problème des risques et de la gestion de l’environnement. Dans le dernier chapitre intitulé « Comment aborder la question montagnarde aujourd’hui dans les pays industrialisés d’Europe occidentale? », madame Cassé-Castells envisage diverses solutions.

L’ouvrage comprend aussi une brève introduction et une liste bibliographique choisie. À la différence de nombreux livres sur les montagnes constitués essentiellement de magnifiques photographies de paysages majestueux à faire rêver, le présent document est peu illustré et contient seulement une dizaine de figures au trait. Souverain, le discours remplace l’image dans ce recueil de textes sur les montagnes.

Voici un petit livre dans le style des numéros spéciaux de certains périodiques de géographie qui suscite beaucoup d’intérêt et incite à la réflexion. Certains textes à saveur intellectuelle plairont davantage aux théoriciens qu’aux praticiens. Mais une lecture attentive est susceptible d’apporter un éclairage bénéfique aux géographes intéressés par ces milieux caractérisés par des paysages émouvants, mais aussi difficiles à aménager et à mettre en valeur.

Si les montagnes font rêver la plupart des amateurs de plein air, elles constituent un domaine fort complexe qui présente des difficultés d’accès et de compréhension. À travers la lorgnette du géographe spécialisé dans le domaine de la perception, le présent ouvrage devrait faciliter une vision globale des montagnes permettant de comprendre l’organisation de l’espace, la gestion et l’aménagement intelligent de la montagne dans le respect de la nature, de l’homme et des animaux. Cet état d’esprit est essentiel pour refouler les promoteurs et les spéculateurs de tout genre dont le souci principal consiste en un gain rapide et non en une mise en valeur durable du territoire.

Rappelons en terminant les propos de madame Veyret (p. 85) à l’effet que « les montagnes sont à des degrés inégaux des milieux instables à toutes les échelles spatiales et temporelles, ce qui ne peut manquer de se traduire sur les activités, les usages et la perception que les société en ont ».

Lecture recommandée à tous ceux qui s’intéressent aux montagnes, en particulier aux géographes et aux aménagistes.