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Le 19 juin dernier, on célébrait à Ottawa le centenaire de l’Atlas du Canada, dans le cadre de la conférence GeoTec, où neuf organisations ont fêté un siècle de représentation cartographique officielle de la géographie et de l’histoire économique et sociale du Canada. Tout au cours de 2006, le site web de l’Atlas du Canada en ligne est actualisé pour offrir une foule de ressources, de cartes, de renseignements et de nombreux autres produits cartographiques reconnus, ainsi que pour présenter des activités organisées par le ministère des Ressources naturelles du Canada (RNCan). Postes Canada a même émis un timbre-poste commémoratif.

En 1906, le Canada lançait un des premiers atlas nationaux au monde. De fait, le premier atlas thématique avait été publié en France, en 1876. Mais ce ne fut qu’en 1899 que la Finlande produisit le premier atlas national officiel, quoique faisant encore partie de l’empire tsariste sans être un pays souverain, tout comme le Dominion du Canada à l’époque, d’ailleurs. Puis la Pologne, nouveau pays résurgent aux confins d’empires déchus après la Grande guerre, lança le sien en 1926, en même temps que l’Égypte. Malgré leurs différences, ces atlas originaux précisaient le concept courant d’atlas national : un recueil de cartes topographiques et thématiques standards de première qualité, non spécialisées car accessibles au public, produites par un État selon les meilleures méthodes et technologies, pour l’ensemble de son territoire et de sa population. Les cartes par feuillets d’une même série, à petites et moyennes échelles, facilitant la comparaison des données, y étaient accompagnées de graphiques, tableaux, textes analytiques et d’un répertoire toponymique. Avant, il n’y avait, outre la cartographie militaire, de cartographie civile que pour des fins spécialisées de l’État : exploration, voies de transport, inventaire géologique, ou cadastre pour l’attribution des terres de colonisation et l’organisation municipale.

L’Atlas du Canada a connu six éditions, d’abord en planches imprimées sous forme de livres puis en boîtier, et enfin sur le Web. La première édition fut publiée en 1906 par James White, le géographe en chef du ministère de l’Intérieur (1900-1910), qui avait une formation militaire. Son contenu provenait des travaux civils d’arpentage, de levé topographique et de relevé géologique, mais il fallait encore effectuer des travaux détaillés d’exploration scientifique, de géodésie et de topographie sur la majeure partie du territoire. Elle fut revue et corrigée en 1915 par son successeur, Joseph Épiphane Chalifour. Pour cette oeuvre remarquable qui fit école à l’époque, les deux coauteurs reçurent conjointement la médaille d’or de la Société de Géographie de France, en 1921. Ces deux premiers Atlas montraient la distribution, la composition et la densité de la population canadienne, soit environ 7 millions d’habitants dont seulement 30 % d’urbains.

Ce n’est qu’après la Seconde Guerre mondiale qu’on recommença à se préoccuper davantage du manque d’informations géographiques fiables et synthétisées sur les vastes étendues du pays, particulièrement à propos du Nord canadien. En 1958, à la troisième édition (43 ans après la deuxième !), presque tous les domaines d’intérêt national (transport, développement industriel et urbain) suscitaient de nouveaux problèmes d’information socio-économique, y compris les données du recensement. Avec la quatrième édition de l’Atlas (dit national jusqu’en 2002) en 1974, le gouvernement adoptait un programme continu intégré à un système d’information géographique.

La cinquième édition de l’Atlas national du Canada, parue en 1993, comprenait une série de 92 feuillets volants insérés dans un boîtier, à échelle standard plus grande (1 : 7 500 000) que les éditions antérieures, disponibles en versions française et anglaise. Autre nouveauté, des données de cartographie numérique et de télédétection satellitaire avaient été utilisées. L’avènement depuis la décennie 1980 des technologies géomatiques pour recueillir et représenter l’information géospatiale, puis l’expansion de l’Internet firent germer l’idée d’installer dès 1994 une version initiale de l’Atlas en ligne sur un site Web, avec un nombre restreint de cartes thématiques.

Le lancement de la sixième édition de l’Atlas national du Canada en ligne eut lieu lors de la conférence de l’Association cartographique internationale (ACI) tenue à Ottawa, en 1999, ce qui en faisait le premier atlas électronique au monde disponible sur l’Internet destiné à une large audience. Grâce à ce passage des cartes en papier vers une technologie dynamique de cartes interactives, de graphiques, d’images, de ressources multimédias et de textes explicatifs, les utilisateurs peuvent parcourir une information vulgarisée pour visualiser, interroger et comprendre la géographie du pays en accédant à une grande variété de données géospatiales ou statistiques (dont la Banque de données topographiques du Canada, basée à Sherbrooke). Ayant aussi un rôle éducatif, les outils interactifs d’accès au contenu d’information recèlent des ressources pédagogiques pour les enseignants, un jeu-questionnaire et de l’information textuelle sur la cartographie comme science et technique, ses méthodes de présentation et les toponymes.

Selon la vision de RNCan, son site Web de l’Atlas du Canada a pour mandat de fournir des produits géographiques reconnus, les plus riches, dynamiques et complets qui soient disponibles et accessibles, à jour car constamment révisés. Avec plusieurs partenaires, on veut contribuer à l’intégration et à l’analyse de diverses données afin de répondre adéquatement aux besoins des utilisateurs, au gré d’avancées technologiques, et de déployer les connaissances générales sur le Canada.