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Ce petit ouvrage de facture non didactique présente une originalité : celle de proposer une contribution à une modélisation de la croissance urbaine contemporaine. L’auteur − un professionnel de l’urbanisme − veut élaborer des « lois simples » en la matière à partir d’une typologie du réseau viaire applicable à toutes les tailles de villes dans le monde, typologie qu’il décompose en trois catégories : les voiries de liaison entre quartiers, les capillarités au sein des îlots, et ce qu’il nomme les enclosures, c’est-à-dire ce qui permet de tracer les limites des différentes extensions urbaines à des périodes historiques données. Ces limites ont servi de repère, depuis une cinquantaine d’années, pour la création de rocades de contournement.

La compréhension des quadrillages orthogonaux ou circulaires est, pour l’auteur, indispensable à la compréhension des processus des formes urbaines, trop souvent réduites, selon lui, à des représentations immuables ou à des images fixes. Cette méthode paraît utile pour comprendre pourquoi, par exemple, l’emplacement d’un équipement public est localisé à tel endroit, en révélant qu’il se trouvait, à un moment de l’histoire de la ville étudiée, à la confluence de deux voies importantes de communication, même si ces voies n’ont plus la même importance aujourd’hui.

Si la thèse de l’auteur est convaincante dans la première partie, croquis et cartes à l’appui, elle l’est moins quand il évoque ensuite le poids de ce qu’il nomme les facteurs géographiques de la croissance urbaine et les réduit uniquement aux considérations physiques de la surface terrestre. Il affirme bien que « la structure de la ville est directement marquée par la nature et l’organisation du groupe social qu’il abrite », mais sans lui donner de contenu et sans relier ce point à la théorie modélisatrice développée dans la première partie.

Au-delà de cette contradiction, l’intérêt de l’ouvrage tient dans la production, à partir de nombreux exemples pris en France et à l’étranger, en Chine particulièrement, d’un « mini-atlas » des processus d’extension urbaine, inscrivant le périurbain, par le truchement de la typologie des réseaux d’infrastructures routières, dans la continuité des tissus urbains existants et participant, de ce fait, à l’atténuation des oppositions, aujourd’hui obsolètes, entre centres et périphéries.

L’ouvrage est organisé en six chapitres dont les principaux portent sur les composants des processus de croissance urbaine et sur les « facteurs » humains et géographiques des dynamiques urbaines. Le dernier chapitre détaille l’étude d’une petite ville française de 50 000 habitants, Brive-la-Gaillarde, située à l’ouest du Massif central. En 28 cartes, schémas, graphiques et croquis, l’auteur déploie concrètement sa théorie. Il décrit comment le noyau urbain de Brive, les enceintes historiques et défensives de la ville datant du XIIe siècle, ont structuré son urbanisation, les percées et les rocades, les différentes implantations commerciales et industrielles et comment ce noyau constituerait même une grille de lecture des dynamiques sociales, même si l’auteur – et c’est une limite de l’ouvrage – s’appuie principalement sur l’impact du site pour décrypter les formes urbaines contemporaines.