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Introduction

Adger (2000) définit la résilience sociale comme l’aptitude des communautés humaines à faire face aux pressions et aux changements de leur infrastructure sociale, tout en maintenant l’intégrité de la fonction communautaire malgré les perturbations environnementales, sociales, économiques et politiques. Afin de continuer à fonctionner, les communautés doivent 1) apprendre à vivre avec le changement et l’incertitude; 2) favoriser la diversité dans la réorganisation et le renouveau; 3) combiner différents types de savoir; et 4) s’auto-organiser (Adams 2010; Berkes et Seixas 2005). Les systèmes qui présentent de faibles capacités sociales et institutionnelles sont particulièrement vulnérables aux perturbations, car des alternatives pour poursuivre ou mettre en oeuvre des stratégies d’adaptation leur font défaut (Lacitignola et al. 2007). Dans un système résilient où le tourisme constitue une activité économique parmi d’autres, le changement peut créer des possibilités de développement et induire des nouveautés et des innovations (Ruiz-Ballesteros 2011).

Le tourisme dans la communauté côtière inuit de Nain au Nunatsiavut («notre belle terre»), un territoire situé dans la province de Terre-Neuve-et-Labrador, était à l’origine faible et sporadique; seule une poignée de visiteurs y venaient à des moments précis de l’année. Cependant, d’importantes revendications territoriales, la création du parc national du Canada des Monts Torngat (Figure 1), la gestion des sites historiques et la désignation de Nain en tant que communauté d’entrée[1] ont fait du tourisme un important catalyseur des stratégies de développement économique de la région. Nous présentons dans cet article une approche, fondée sur le cycle d’adaptation de Holling (2001), qui permet d’étudier la résilience du tourisme dans les aires protégées du Nord du Canada. Une revue de la littérature et les données recueillies lors d’entrevues et de recherche sur le terrain permettent de situer le développement touristique de Nain dans le cycle d’adaptation.

Résilience et tourisme

Carpenter et al. (2001) ont déterminé trois propriétés qui permettent de définir la résilience d’un système socioécologique: la quantité de changement qu’un système peut supporter en conservant le même état, sa capacité d’auto-organisation, et son aptitude à tirer des leçons et à s’adapter. En réponse aux perturbations dans l’industrie touristique, les relations entre les différents intervenants et les niveaux de gouvernements constituent des indicateurs importants de l’adaptabilité et de l’innovation (Biggs 2011).

Considérer le tourisme comme une activité toujours bénéfique est attrayant pour les promoteurs, mais cette approche ignore souvent la réalité, à savoir que cette industrie peut créer des perturbations et entraîner des stress internes et externes (Lemelin 2005). Il serait vain de tenter de comprendre le tourisme sans tenir compte des autres variables qui le composent, tels que les stresseurs, les perturbations et les possibilités; le tourisme doit être conceptualisé de manière holistique (Dawson et al. 2007; Farrell et Twining-Ward 2004). En effet, les fluctuations des demandes du marché international, les crises sociales (p. ex. le terrorisme, la guerre, les épidémies), les changements graduels ou soudains de l’environnement (p. ex., le volcan Eyjafjallajökull d’Islande et les conséquences de son éruption sur le tourisme en Europe), et même le rôle des médias et des événements non anticipés (p. ex., le naufrage du bateau de croisière MS Explorer en Antarctique) peuvent créer des perturbations qui ébranlent les systèmes touristiques. Même les stress locaux qui émergent de facteurs comme la concurrence pour l’utilisation des ressources, l’appréhension d’une baisse de la qualité des ressources, l’absence de services d’accueil et le manque d’infrastructures pour les visiteurs, les défis techniques (sites Internet, systèmes de réservations), ou des facteurs géographiques tels que la distance et l’accessibilité peuvent s’aggraver au fil du temps, ou apparaître sans prévenir, et faire plonger un système bien organisé ou y induire un changement rapide (Faulkner 2003).

Puisque les impacts du changement climatique et les défis qui en découlent se répercutent de façon complexe, dynamique et non linéaire sur le tourisme dans l’Arctique canadien, les chercheurs et les gestionnaires du tourisme devront, selon Pagnan (2003), considérer le tourisme sous différents angles pour mieux cerner son futur incertain. Certains chercheurs comme Adams (2010) et Lemelin et al. (2012) ont utilisé le cycle d’adaptation et la résilience pour mieux comprendre l’industrie touristique en Alaska et au Nunavik.

Les étapes de croissance, de stagnation et de déclin du tourisme ont d’abord été étudiées à partir de l’approche du «cycle de vie de la destination touristique» telle que définie par Butler (1980), mais des critiques ont été soulevées, notamment par Dawson et al. (2007), concernant la conception linéaire de la croissance et du déclin du tourisme. Dawson et al. (2007, 2009) proposent plutôt de parler du cycle de vie de l’adaptation touristique. La notion de vulnérabilité, considérée comme l’antithèse de la résilience (Folke 2006), a aussi été employée pour comprendre la nature dynamique des processus de croissance du tourisme (Keskitalo 2010). Ainsi, en présence de changement, une communauté résiliente trouvera des opportunités de développement et de diversification alors qu’une communauté vulnérable, sans capacité d’adaptation, pourrait être dévastée ou cesser de fonctionner alors qu’elle fait face aux mêmes degrés de changement (Adams 2010; Ruiz-Ballestros 2010). Pasteur (2011) suggère toutefois que le terme «vulnérabilité» est chargé d’une connotation sociale négative car il est souvent associé à la victimisation. De plus, une approche sous l’angle de la vulnérabilité peut entraîner les chercheurs dans une spirale où ils ne font plus qu’examiner ce qui ne va pas et non ce qui va bien (Koster et Lemelin 2009).

Plutôt que de minimiser ou de rejeter l’incertitude, les chocs et les perturbations, comme le font souvent les approches positivistes, le concept de résilience permet de concevoir théoriquement des systèmes pouvant dépasser un certain seuil ou même basculer à la seule modification d’une de leurs composantes (Strickland-Munro et al. 2010). C’est notamment le cas des systèmes touristiques qui sont loin d’être équilibrés.

Figure 1

Carte du Labrador montrant le parc national du Canada des Monts-Torngat (Tongait KakKasuangita SilakKijapvinga) et Nain au Nunatsiavut

Carte du Labrador montrant le parc national du Canada des Monts-Torngat (Tongait KakKasuangita SilakKijapvinga) et Nain au Nunatsiavut
(source: Parcs Canada 2010: 6, carte 2).

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Puisque les parcs nationaux et les aires protégées sont souvent définis comme des générateurs d’économie et, dans certains cas, comme des destinations touristiques (Dawson et al. 2007), il est essentiel d’employer des approches proactives pour les gérer. Plummer et Armitage (2007) décrivent la cogestion adaptative comme un processus qui entraîne des approches innovantes et collaboratives visant l’utilisation durable des ressources et la résilience socioécologique. Lorsque la prise de décisions est partagée entre deux ou plusieurs institutions, la cogestion donne lieu à de nouvelles formes de gouvernance, accroissant l’efficacité, l’efficience et l’équité (Eagles 2009). De tels partenariats, selon Moore et Weiler (2009), peuvent aussi favoriser l’autonomisation et l’appropriation. La gestion adaptative et communautaire des ressources incorpore la résilience dans les systèmes socioécologiques de manière efficace, ce qui permet de faire face aux changements sociaux environnementaux souvent empreints de surprises et de risques (Tompkins et Adger 2004). Maintenant que nous avons fourni un aperçu du concept de résilience, nous décrirons, dans la prochaine section, le cycle d’adaptation du tourisme et nous discuterons de son application.

Le cycle d’adaptation

Le cycle d’adaptation de Holling (2001) démontre que les systèmes sont hautement dynamiques et instables et peuvent subir des vagues de créativité évolutive, d’inertie et de dégringolade (Walker et Salt 2006). Pour les besoins de cet article, nous définissons les systèmes adaptatifs complexes comme des écosystèmes sociaux qui peuvent s’autoréguler et, en même temps, laisser de la place pour la créativité, le changement et des réponses à de nouvelles conditions (Waldrop 1992). Puisque les opérations touristiques donnent souvent lieu à des perturbations majeures qui peuvent amplifier les impacts négatifs de l’histoire récente des Inuit d’Amérique du Nord, comme leur sédentarisation forcée et le changement de leur mode de vie (Natcher et al. 2012), il est essentiel de surveiller et de gérer les phénomènes nouveaux afin de conserver l’intégrité des ressources et la viabilité de l’industrie économique.

La phase de développement. Cette phase de croissance comporte le développement des attraits touristiques et implique la participation des résidents aux opérations touristiques en tant que copropriétaires (guides, cuisiniers, personnel d’entretien). Au cours de cette phase, les relations communautaires s’établissent, le capital social[2] est favorisé, et la diversité socioéconomique est très élevée (Adams 2010).

Phase de stabilité. La stabilité (que l’on appelle également «conservation») est caractérisée par la consolidation et la stagnation. Quand son seuil critique est atteint, la stagnation ou le déclin surviennent (ibid).

Phase de libération ou destruction créatrice. Comme l’ont noté Adams (2010) et Holling (2001), lorsqu’une réorganisation survient à la suite de perturbations, les communautés ont l’occasion d’établir de nouvelles stratégies de gestion et d’innover. L’étude récente de Lemelin et al. (2012) décrit la façon dont les Inuit du Nunavik font face à cette phase à l’heure actuelle.

Phase de réorganisation. En s’organisant de nouveau, le système se débarrasse de ses vieilles dépendances ou restrictions, et un renouvellement devient alors possible (Holling 2001).

La Figure 2 montre le cycle d’adaptation lié au tourisme. Le cercle rotatif à l’intérieur de la boucle représente le système touristique alors qu’il subit l’influence d’une panoplie de changements survenant à différentes échelles temporelles et spatiales. Ce système fluctue, évolue et opère des transitions de manière constante (Dawson et al. 2007). La force de cette approche est qu’elle reconnaît les influences réciproques des stresseurs externes et internes, qu’elle permet de déterminer la façon dont ils peuvent précipiter le déclin d’un système et, dans le cas de ceux bien gérés qui ne subissent pas ou peu de stress, de montrer comment le dépassement de la capacité du milieu peut les amener à atteindre un point de rupture.

Figure 2

Le système touristique dans le cycle d’adaptation.

Le système touristique dans le cycle d’adaptation.

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Méthodologie

Dans le cadre de notre projet de recherche sur la vulnérabilité et la résilience du tourisme dans l’Arctique, nous avons entrepris une évaluation empirique des interactions entre le changement climatique et le tourisme dans les communautés de l’Arctique canadien. Depuis 2008, l’équipe de recherche a mené 289 entrevues semi-structurées (incluant celles menées au Nunatsiavut et à Terre-Neuve). Elle a aussi organisé trois réunions communautaires dans différentes parties de l’Arctique canadien. La dernière de ces rencontres a eu lieu à Nain en avril 2012.

À l’automne 2009, après avoir obtenu l’approbation du gouvernement du Nunatsiavut, nous avons entrepris ce projet de recherche collaborative avec les communautés et des partenaires. Conformément à la demande du Nunatsiavut, un comité consultatif composé d’employés de Parcs Canada et d’autres intervenants a été mis sur pied. Ce comité a fourni une liste de participants potentiels familiers avec le tourisme au Nunatsiavut et dans la province de Terre-Neuve-et-Labrador. À cette liste, se sont ajoutés d’autres candidats recrutés selon la méthode de l’échantillonnage boule de neige. Au total, 41 entrevues (dont 35 au Nunatsiavut et six dans la province de Terre-Neuve-et Labrador) ont été menées auprès de différents décideurs, chercheurs, employés du gouvernement, opérateurs, personnel d’agence et résidents (dont certains n’étaient pas liés au tourisme). Les entrevues ont été conduites dans la province de Terre-Neuve-et-Labrador au cours des étés 2010 et 2011. Afin de préserver leur anonymat, les citations des répondants sont présentées par catégories (décideurs, chercheurs, employés du gouvernement, opérateurs, personnel d’agence et résidents). Toutefois, étant donné la petite taille de la communauté et de certains organismes, nous ne fournissons pas le nombre de répondants par catégorie, et ce, afin de préserver l’anonymat qui fut demandé par la majorité des participants (Tableau 1).

Tableau 1

Catégories des répondants et année de l’entrevue. L’acronyme les représentant est en troisième colonne.

Catégories des répondants et année de l’entrevue. L’acronyme les représentant est en troisième colonne.

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Les entrevues, composées de 15 questions semi-structurées, ont été organisées autour de quatre thèmes: le rôle et l’expérience du participant dans l’industrie touristique, sa perception des changements, les défis et les adaptations. Toutes les entrevues, sauf une, ont été enregistrées et retranscrites. Chaque transcription a été tout d’abord codée de façon générale afin de favoriser l’émergence des thèmes (Saldaña 2009). Un second codage plus structuré a ensuite été effectué qui a permis d’identifier les sous-thèmes suivants: le développement du tourisme au Labrador et au Nunatsiavut; la création du parc national du Canada des Monts-Torngat (PNCMT) et les activités qui s’y déroulent; la mise sur pied du conseil de gestion du PNCMT; le camp de base et les gardiens des ours; le lieu historique de la Mission d’Hebron et la désignation de Nain en tant que communauté d’entrée du parc.

Les débuts du tourisme au Nunatsiavut

Au XVIIIe siècle, grâce à leurs structures sociales et économiques flexibles combinées à des ressources naturelles historiquement abondantes, les Inuit du Labrador vivaient dans une relative sécurité, créaient des réseaux d’échanges et accumulaient même des surplus (Kaplan et Wollett 2000; Wollet 2007). À la même époque, les Européens étaient de plus en plus nombreux à visiter le Labrador et les missionnaires moraves établirent leur première mission à Nain en 1771 (Broddy 1977; Vodden et Kennedy 2006). Ces missions moraves avaient pour but de christianiser les Inuit et de protéger les convertis des Inuit païens et des colons européens qui s’installèrent le long de la côte du Labrador (Vodden et Kennedy 2006). En plus de la traite, les Moraves s’occupaient de la santé et de l’éducation des Inuit (Rodon et Grey 2009). Les Moraves ont exercé leur influence de la fin du XVIIIe siècle jusqu’au milieu du XXe siècle, époque à laquelle la nouvelle province de Terre-Neuve-et-Labrador prit en charge les services essentiels et entreprit le relogement des Inuit d’Hebron à Nain ainsi que celui d’autres Inuit établis le long de la côte du Labrador (Brice-Bennett 1977). Malgré près de 600 ans d’interactions avec différents explorateurs, aventuriers et colons, et plusieurs décennies d’interactions avec le gouvernement fédéral qui accepte de «prendre en charge les Inuit au même titre que les “Indiens” au sens de la loi» en 1939, aucun traité ne fut signé entre les nations européennes et les peuples autochtones du Labrador (Andersen et Rowell 1993; Hayson 1992; Natcher et al. 2012).

Terre-Neuve fit sentir sa présence au Labrador dès le milieu du XXe siècle et la consolida par la suite sur le continent en votant le LabradorAct de 1964 et en renommant la province en 2001. Cependant, Terre-Neuve et le Labrador demeurent distincts du fait que l’économie du Labrador était largement axée sur la chasse à la baleine et au phoque, ainsi que la pêche et le trappage, alors que maintenant le développement économique du Labrador repose principalement sur les ressources naturelles et s’articule autour de la mine de nickel de la baie de Voisy et des projets hydroélectriques de Churchill Falls (Government of Nunatsiavut 2006). Le Labrador compte une vaste population d’Innus, d’Inuit et de Kablunângajuit[3] alors qu’on retrouve des Mi’kmaq à Terre-Neuve. Des différences géographiques existent également, le Labrador étant relié au continent nord-américain alors que Terre-Neuve est une île. Plusieurs de ces différences, bien que n’étant pas directement liées au tourisme, influeront néanmoins sur les développements touristiques du Labrador, comme nous le verrons ci-après, et plus tard au Nunatsiavut durant les XXe et XXIe siècles (Cadigan 2009; Rompkey 2003).

Dick White, sa femme inuk Ruth Townley et Wilfred Grenfell ont été parmi les premiers partisans du développement et de la commercialisation des attraits touristiques du Labrador (Hull 1999; Rompkey 2003). Les croisières d’agrément, populaires dans les années 1920 et 1930, ont gagné la faveur des touristes en Amérique du Nord (Byrne 2008). Malgré cela, le tourisme déclina fortement après la Seconde Guerre mondiale (Hull 1999). La création de sites militaires, miniers et hydroélectriques un peu partout dans le nord du Canada après la Seconde Guerre mondiale donna aux travailleurs non autochtones un accès facile à la faune et créa une industrie touristique parallèle, les résidents servant de guides de pêche et de chasse aux travailleurs et militaires (Lemelin et McIntyre 2011). La région recevait aussi des aventuriers plutôt intéressés par les régions sauvages (Hull 1999, 2001; Hull et al. 2007; Hull et Milne 2010).

À la fin des années 1960 et au début des années 1970, les représentants des gouvernements provincial et fédéral proposèrent la création d’un parc national dans la région des monts Torngat. Selon Richard (1982), les discussions préliminaires se déroulèrent plutôt mal et conduisirent, peu de temps après, à la création de la Labrador Inuit Association (LIA) en 1975, une organisation dédiée à la résolution des enjeux territoriaux dans cette région du Canada (Andersen et Rowell 1993; Hayson 1992). Un an plus tard, les Kablunângajuit sont invités à joindre la LIA (Vodden et Kennedy 2006).

Au début des années 1990, le gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador entreprit un processus pour développer le tourisme d’aventure. Une étude conduite auprès de 11 105 visiteurs a révélé que la plupart de ces touristes visitaient le Labrador pour la première fois et qu’il s’agissait surtout de personnes âgées d’origine nord-américaine. Les intérêts principaux de cette clientèle étaient l’observation des paysages, le magasinage et les sorties au restaurant (Hull 1999). Selon la plus récente estimation de Hull (2001), le nombre de visiteurs au Labrador serait passé à 21 000.

En janvier 2005, la LIA, constituée d’environ 5 300 membres, le gouvernement du Canada et le gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador signaient l’Accord sur les revendications territoriales des Inuit du Labrador. L’accord, qui établit le territoire du Nunatsiavut, précise les droits de propriété sur les terres, les modalités du partage des ressources et les droits reliés à l’exercice de l’autonomie gouvernementale. Il crée aussi le parc national du Canada des Monts-Torngat (Procter et al. 2012). En 2006, une stratégie de développement du Nunatsiavut était mise sur pied (Government of Nunatsiavut 2006).

Le parc national du Canada des Monts-Torngat (PNCMT) s’étend du fjord Saglek, au sud, à la pointe nord du Labrador, et de la frontière provinciale avec le Québec à l’ouest, aux eaux de la mer du Labrador à l’est (environ 9 700 km2) (Figure 1). Le parc abrite une faune variée: ours, caribous, phoques, baleines, rapaces et gibiers d’eau (Lemelin et Maher 2009). Le PNCMT borde le parc national de Kuururjuaq au Nunavik. La superficie combinée des deux parcs couvre près de 14 000 km2 de la péninsule du Labrador, faisant de cette zone la plus récente aire protégée transfrontalière de l’Arctique (Lemelin 2012). Le PNCMT est un témoin du mode de vie passé et présent des Inuit qui comprend des centaines de sites archéologiques, dont des cercles de tente, des habitations de tourbe, des caches de vivres, des sépultures et des aullâsimauet (camps inuit). De récentes recherches ont permis d’établir l’importance historique de certains lieux, notamment les missions moraves d’Okak et de Ramah, les postes de traite de la Compagnie de la Baie d’Hudson à Saglek Bay et aux abords du fjord Nachvak, ainsi que des installations militaires (une station météorologique allemande dans la péninsule de Hutton datant de la Seconde Guerre mondiale et deux postes radar hérités de la Guerre froide) (Douglas 1982).

Les attraits touristiques au Nunatsiavut s’articulent principalement autour des croisières faisant découvrir les paysages naturels et la faune de la région et s’accompagnant de brèves visites à des endroits ciblés (Hull et Milne 2010; Maher et Lemelin 2011). De plus, des entreprises se spécialisant dans le tourisme d’aventure en région sauvage (ski de randonnée nordique, kayak) offrent de courts séjours personnalisés dans le parc (Hull 1999). Malgré des difficultés à ses débuts et des retards, le PNCMT est considéré par plusieurs des répondants comme un parc magnifique. Son éloignement n’a pas empêché 610 touristes de visiter la région en 2010-2011. Bien que ce nombre de visiteurs puisse sembler petit, il est maintes fois plus élevé que le nombre de visiteurs dans d’autres parcs de l’Arctique canadien.

Le Labrador, pour paraphraser un participant à la recherche (CU[4] 2011), tout comme le reste des régions nordiques du Canada, souffre de «dissonance spacio-périphérique», c’est-à-dire que les stratégies de commercialisation touristique élaborées dans les grands centres urbains – comme ici à St. John’s – sont peu pertinentes pour les régions périphériques. Malgré cela, les paysages exceptionnels du Labrador continuent de faire la manchette des journaux et des messages publicitaires (PA-TNL 2011). D’autres répondants ont fait remarquer que bien que la route trans-labradorienne reliant Goose Bay au reste du Canada soit achevée, plusieurs endroits du Labrador demeurent inaccessibles et dispendieux (RN 2011).

Croissance accrue du tourisme au Nunatsiavut

La mise en oeuvre d’une cogestion adaptative, la gouvernance et la résilience sont les meilleures options pour la gestion durable du tourisme (Armitage 2007; Fennell et Ebert 2004). Dans cette section, nous examinons la façon dont la reconnaissance des communautés et la résilience ont donné lieu à des pratiques de cogestion adaptative au Nunatsiavut.

Le conseil de cogestion du PNCMT

Le conseil de cogestion du parc national du Canada des Monts-Torngat (PNCMT) se compose de sept membres: deux du Nunatsiavut, deux de la Société Makivik (représentant les Inuit du Nunavik), deux de Parcs Canada et un directeur nommé par les autres membres (Parcs Canada 2010). Le conseil de cogestion du PNCMT est le premier, dans l’histoire de Parcs Canada, qui soit composé exclusivement d’Inuit. Comme l’indique le plus récent plan de gestion du PNCMT, le tourisme est un facteur clé pour favoriser l’équité et l’autonomisation (ibid.).

Camp de base

Situé à 150 km au nord de Nain, tout juste à l’extérieur de la limite sud du parc, se trouve le camp de base. Établi sur la rive de la baie Saglek, ce camp est un point d’arrêt pour les chercheurs, pourvoyeurs, employés du parc et invités (aînés inuit, photographes, etc.). Il contient le centre d’enregistrement et d’information pour les touristes à bord des voiliers et des navires de croisière et des pourvoiries (Maher et Lemelin 2011). Bâti en 2006 et rénové en 2009-2010 pour en faire une installation permanente, le camp comprend une cuisine, un dortoir, des espaces de recherche, un salon et un dispensaire. Géré par le gouvernement du Nunatsiavut en accord avec le Nunavik, le parc génère des revenus en créant des possibilités d’emplois variées pour les Inuit de tous âges du Nunatsiavut et du Nunavik, afin qu’ils participent aux divers projets éducatifs et de recherche qui y ont cours. Environ 20 personnes y travaillent, dont des guides, des cuisiniers, du personnel d’entretien et un gérant.

Comme l’a suggéré un résident de Nain, le parc permet à différentes personnes de la communauté et de la région de se côtoyer: «Le parc n’est pas seulement pour les touristes, il est aussi pour nous, mais surtout pour nos jeunes, pour leur donner une chance d’entendre les histoires et de voir comment les choses se passaient auparavant» (RN 2010). Dans ce contexte, les histoires racontées et les savoirs traditionnels[5] sont fondamentaux pour rétablir les liens qui unissent les Inuit à ce territoire. Une autre répondante, non directement impliquée dans l’industrie touristique, a exprimé sa frustration à l’égard du parc et de ses programmes, trop tournés vers les jeunes et pas assez vers les gens plus âgés (RN 2010). Dans la même perspective, un autre répondant a fait part de sa tristesse en parlant des visiteurs qui ont la possibilité de visiter le parc et le site de la communauté abandonnée d’Hebron, alors que les résidents ayant des racines aux deux endroits n’ont pas la possibilité de le faire (RN 2010).

Des préoccupations liées à la sécurité des visiteurs sur les territoires de l’ours polaire et de l’ours noir ont conduit l’équipe de gestion du parc à mettre en place un système de mesures passives et agressives (clôtures électriques, guides armés de fusils détonants). Ces guides, appelés communément «gardiens d’ours», sont au coeur de ce programme (Lemelin et Maher 2009). Embauchés à l’origine pour protéger les chercheurs et les touristes visitant le parc, les gardiens d’ours sont devenus, un peu comme ceux que présente Ruiz-Ballesteros (2011) dans ses travaux à Agua Blanca en Équateur, plus que de simples «effaroucheurs», des assistants de recherche, interprètes, agents de liaison et gardiens du territoire.

En raison de la proximité du camp de base, de la beauté de ses paysages, de la présence de deux anciens villages de maisons en tourbe, de plus de 683 lieux de sépultures et d’un site où ont été réinhumés les restes de 113 personnes, Sallikuluk (l’île Rose)[6] attire un nombre croissant de visiteurs venus du camp de base et des navires de croisières (Parcs Canada 2010). Une stratégie a été élaborée par le conseil de cogestion pour répondre aux préoccupations permanentes liées aux perturbations potentielles que pourraient causer les ours et les visiteurs sur les lieux de sépultures; il s’agit notamment de l’achèvement de l’inventaire du site, la documentation de l’histoire orale, la mise en oeuvre d’une stratégie de surveillance, l’élaboration de lignes directrices et de protocoles à l’intention des visiteurs, et la formation de guides locaux et d’interprètes (Lemelin et Baikie 2012; Parcs Canada 2010).

Le lieu historique de la Mission d’Hebron

La communauté abandonnée d’Hebron est située à l’extérieur du PNCMT, au sud, le long des côtes. Fondée en 1831 par les missionnaires moraves, Hebron a été habitée jusqu’en 1959, date à laquelle 58 familles inuit ont été expulsées par le gouvernement de Terre-Neuve et relogées dans divers établissements inuit au sud du Labrador, notamment à Nain et à Hopedale (House 1989). Plusieurs vestiges de grandes habitations semi-souterraines en tourbe et de chambres funéraires hors-sol en pierre attestent de la présence humaine sur le site avant l’occupation par les Moraves et les Inuit (Loring et Arendt 2009). Des maisons de tourbe et les édifices de la mission sont encore visibles et témoignent de la présence des Moraves et des Européens. Le lieu historique d’Hebron est géré en partie par Parcs Canada et le gouvernement du Nunatsiavut (Maher et Lemelin 2011).

L’importance historique d’Hebron en a fait une destination de choix pour les Inuit qui viennent y pratiquer la chasse et la pêche de subsistance ainsi que pour les férus d’histoire, les chercheurs et les touristes (Loring et Arendt 2010; Maher et Lemelin 2011). Le comportement des touristes et la qualité de l’expérience touristique ont été une source de préoccupations, si bien qu’en 1990, un projet de recherche archéologique impliquant le centre culturel Torngasoak à Nain et le département d’archéologie de l’Université de la Caroline du Sud (États-Unis) a été entrepris. Celui-ci a été suivi par la création d’un programme de surveillance semblable à celui mis en place dans le parc national de Gwaii Haanas en Colombie-Britannique en 2009 (Loring et Arendt 2010). Le programme de surveillance du PNCMT emploie des familles ou des couples inuit. L’objectif est que ces individus supervisent la protection des sites historiques fragiles, qu’ils interagissent avec les visiteurs, les informent et fassent la promotion du mode de vie et de la culture inuit. Les stratégies de gestion mises en place aux camps de base de Sallikuluk et de Hebron ont permis aux Inuit du Nunatsiavut de promouvoir leurs savoirs — en racontant leur propre version de leur histoire et en montrant leur culture aux visiteurs —, de générer des fonds et de favoriser leur autonomie (Lemelin et Baikie 2012).

Communautés d’entrée

Les communautés d’entrée sont des villages ou des villes souvent perçues comme étant des lieux d’une grande beauté naturelle et où la qualité de vie est élevée (Howe et al. 1997). Des études indiquent que certaines activités offertes dans le cadre des parcs ou par les communautés d’entrée (déplacements vers les lieux touristiques, services touristiques) peuvent générer des revenus importants pour les économies régionales (Bennett et al. 2012). Souvent définies comme des zones rurales, certaines communautés d’entrée du Canada sont plus accessibles (par les réseaux routiers, de chemins de fer ou par bateau) que d’autres (seulement accessibles par la voie des airs). Les communautés d’entrée de Nain et de Kangiqsualujjuaq, en raison de leurs infrastructures existantes (aéroport et docks), sont les seuls points d’entrée du parc national du Canada des Monts-Torngat et du parc national de Kuururjuaq. Les deux parcs étant à bonne distance de leur communauté d’entrée, des moyens de transport supplémentaires (motoneige, bateau, hélicoptère, avion) sont nécessaires pour s’y rendre.

Localisée sur la côte de la baie Unity (mer du Labrador), Nain est la communauté la plus au nord du Nunatsiavut et uniquement accessible par bateau ou par avion (Figure 1). Avec une population de 1 135 habitants, composée en grande partie d’Inuit et de Kablunângajuit, Nain est la capitale administrative et la plus grande communauté du Nunatsiavut. On y trouve deux épiceries, une banque, un poste d’essence, un hôtel, un gîte, un lieu de pêche, une marina, une église, un centre de santé régional, des écoles, les bureaux administratifs du gouvernement du Nunatsiavut et ceux de Parcs Canada, un centre de recherche et le centre culturel Torngasok. En plus de Nain, le territoire du Nunatsiavut est composé de quatre communautés: Hopedale, Makkovik, Postville et Rigolet. La population de ces cinq communautés totalise 4 800 habitants. (Furgal et Séguin 2006). Au total, on compte 6 500  bénéficiaires de l’entente du Nunatsiavut, dont un nombre important vivent à l’extérieur de la région. Le développement économique du Nunatsiavut repose principalement sur la mine de nickel de la baie de Voisey et les emplois gouvernementaux (Government of Nunatsiavut 2006). Les secteurs privé et public, l’exploitation des ressources renouvelables, la pêche, les coopératives, le tourisme, le transport et l’industrie des services constituent d’autres possibilités économiques.

Certains résidents de Nain ont exprimé leur enthousiasme au sujet de la nouvelle désignation de leur village en tant que communauté d’entrée et ont partagé leur optimisme quant aux possibilités d’emplois qu’offre le parc (à l’heure actuelle, il y a cinq employés au bureau du parc à Nain et un employé à celui de Kangiqsualujjuaq). Ils se sont réjouis de la construction d’un nouveau centre d’information et croient au potentiel touristique encore inexploité (de la croisière touristique à l’écotourisme accompagné par des guides locaux). D’autres ont exprimé leur déception par rapport à certains aspects du nouveau parc (p. ex. le manque de possibilités d’emplois, le retard dans la construction du centre d’information), alors que certains ont soulevé des interrogations au sujet du potentiel touristique dans leur communauté, faisant remarquer que Nain ne dispose pas d’infrastructures suffisantes, notamment pour ce qui est des hôtels et des restaurants.

D’autres commentaires allaient dans le même sens que la citation suivante: «Nous voyons très peu l’avantage de ce parc surtout depuis que les gens voyagent en avion, ils ne s’arrêtent plus ici» (RN 2010). Des préoccupations similaires ont été soulevées au sujet du peu de temps passé dans le village par les touristes des croisières à l’aller ou au retour de leur séjour dans le parc. Cependant, certains répondants du milieu gouvernemental ont remarqué une amélioration mais croient que davantage de travail de gestion sera nécessaire pour que le tourisme soit bénéfique à la communauté: «Au début, tout était gratuit. Maintenant nous voulons que les visiteurs paient pour ces services (c’est-à-dire les guides, les interprètes, les musiciens et les artistes), mais ils ne veulent pas payer» (EG-GN 2010). Enfin, un répondant a suggéré que Nain verrait moins de visiteurs que Kangiqsualujjuaq, qui profite de vols Montréal-Nunavik moins dispendieux et des infrastructures déjà en place au parc national de Kuururjuaq. Ce commentaire fait écho aux investissements importants faits à l’heure actuelle dans les infrastructures de ce dernier (Lemelin 2012).

Discussion

La recherche sur le développement économique dans les communautés autochtones suggère que l’augmentation du contrôle à l’échelle locale et l’auto-gouvernance constituent des préalables en vue de l’amélioration des conditions socioéconomiques (Kelly et Vodden 2003). Depuis l’achèvement du processus de revendications territoriales, les résidents du Nunatsiavut sont devenus des gestionnaires reconnus pour leurs approches progressistes sous la forme du premier conseil inuit de cogestion de Parcs Canada, leur participation à des recherches incorporant les savoirs traditionnels inuit et la science, et leurs stratégies touristiques favorisant le renforcement des capacités, de l’équité et de l’autonomisation (Lemelin et Baikie 2012).

Dans le cadre du cycle d’adaptation que nous avons présenté plus tôt, le tourisme à Nain se situe aux premiers stades de la phase de croissance (Figure 3). De son côté, le tourisme au Nunatsiavut se développe au moyen d’initiatives résultant, pour la plupart, de la création du parc national du Canada des Monts-Torngat et de la communauté d’entrée de Nain. En favorisant l’adaptabilité, le capital social du Nunatsiavut est mis en évidence par des stratégies proactives de gouvernance et de cogestion et par la présence de ressources humaines (guides, employés, gestionnaires et opérateurs locaux).

Bien que le tourisme constitue l’une des stratégies du développement économique régional, il faut faire preuve de prudence lorsque l’on examine cette industrie, car même si elle existe depuis longtemps, elle en est restée au stade embryonnaire au Nunatsiavut. Par ailleurs, comme le disent Natcher et al. (2012), malgré tous les bouleversements sociaux et les tentatives de contrôler leur vie, les Inuit du Nunatsiavut continuent de mettre de l’avant l’importance de leur culture et de leurs savoirs traditionnels. Plusieurs de ces savoirs sont intégrés dans des développements régionaux.

Figure 3

Le système touristique du village de Nain dans le cycle d’adaptation.

Le système touristique du village de Nain dans le cycle d’adaptation.

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Enfin, il faut noter que l’utilisation d’approches théoriques découlant de l’écologie et d’autres disciplines des sciences naturelles pour analyser les systèmes sociaux peut être problématique (Duit et al. 2010). En effet, les systèmes sociaux ne suivent pas tous le cycle d’adaptation (Bunce et al. 2009; Cumming et Collier 2005; Walker et Lawson 2006). Certains chercheurs indiquent aussi qu’il est difficile de mesurer les dimensions du cycle d’adaptation (Carpenter et al. 2001). D’autres suggèrent qu’il est nécessaire d’inclure davantage d’approches interdisciplinaires pour décrire les transitions entre les différentes étapes qui se succèdent au sein des systèmes socioécologiques (Abel et al. 2006; Daedlow et al. 2011; Davidson 2010; Gunderson et Holling 2002). Cela dit, nos entrevues démontrent que les participants à notre recherche sont à l’aise avec le concept de résilience et y voient plusieurs similarités avec les savoirs traditionnels.

Conclusion

Dans cet article, nous avons élaboré une approche, fondée sur le cycle d’adapation de Holling (2001), pour examiner les stratégies touristiques dans les aires protégées du Nord canadien. À travers le concept de résilience, nous avons illustré la capacité d’adaptation de l’industrie touristique au Nunatsiavut. Un examen des données historiques concernant le développement touristique dans la province de Terre-Neuve-et-Labrador a fourni un aperçu des stratégies utilisées et a permis de comprendre comment elles ont favorisé ou, au contraire, se sont faites au détriment du tourisme au Nunatsiavut. Notre analyse de la création du parc national du Canada des Monts-Torngat a mis en lumière les avantages qui en ont découlé, notamment le premier conseil de cogestion inuit de Parcs Canada; les projets de recherche portant sur le parc, la surveillance et l’interprétation des lieux faisant appel à la fois aux savoirs traditionnels et aux approches scientifiques; et la création d’emplois dans le parc et dans le village de Nain. Les stratégies de gestion du parc combinées à celles, plus larges, du territoire (par l’entremise du processus de revendications territoriales) ont révélé que le changement est inévitable et l’incertitude une réalité. Puisque le tourisme et la cogestion du parc accroissent l’efficacité, l’équité et l’autonomisation, il apparaît que les stratégies touristiques à Nain sont en expansion.

Considérant que le tourisme a pris place au Nunatsiavut il y a plusieurs décennies et qu’il est une composante importante du développement économique régional, l’évaluation que nous faisons des stratégies d’adaptation démontre qu’elles devraient continuer de mettre l’accent sur l’éducation et tabler sur l’information et la mobilisation des résidents dans des initiatives locales et régionales. Nous avons aussi suggéré que les fondements du concept de résilience sont similaires à ceux des savoirs traditionnels et qu’ils peuvent être complémentaires lorsqu’ils sont appliqués au niveau de l’aménagement du territoire. De futures recherches à l’intérieur du cadre de la résilience combinant le tourisme à d’autres projets de développement économique fourniraient un aperçu plus complet de ces interactions.