Comptes rendus

Massicotte, Julien (dir.). Saisir le présent, penser l’avenir. Réflexions sur l’Acadie contemporaine. Québec, Presses de l’Université Laval, 2021, 141 p.

  • Patrick Noël

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  • Patrick Noël
    Université de Saint-Boniface

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Couverture de Les émotions dans l’histoire, Volume 76, numéro 3-4, hiver–printemps 2023, p. 1-278, Revue d’histoire de l’Amérique française

Depuis plusieurs années, la Chaire pour le développement de la recherche sur la culture d’expression française en Amérique du Nord (CEFAN) contribue par le biais de séminaires et de publications au renouvellement des connaissances sur l’Acadie et les Acadiens, entre autres. Saisir le présent, penser l’avenir s’inscrit dans cette tradition en rassemblant sept contributions cherchant à thématiser la question prospective en Acadie : quels rapports la communauté acadienne entretient-elle avec l’avenir et comment construit-elle ces rapports ? La plupart des contributions sont issues de conférences prononcées au colloque L’Acadie dans tous ses défis au Congrès mondial acadien de 2014 qui s’était tenu à Edmundston. L’écart tout de même important entre cette date et la publication du livre en 2021 n’est pas sans impact sur la qualité du livre. Le directeur du collectif, Julien Massicotte, pose dans l’introduction les balises de la problématique rassemblant les contributions. Comme dans tout ouvrage collectif, ce texte introductif est important. Nous sommes à l’heure du présentisme (voir François Hartog), et l’Acadie, comme d’autres sociétés, entretient un rapport « nébuleux » (p. 1) avec l’avenir, ce qui sous-entend une incertitude et une inquiétude par rapport à celui-ci. Massicotte soutient qu’il est essentiel de bien saisir les enjeux présents de l’Acadie contemporaine pour penser une Acadie prospective. Il note à cet égard que la prospective en Acadie se trouve possiblement ailleurs que dans la réflexion nationale, dans des enjeux qui dépassent la nation acadienne — pensons par exemple à l’environnement. La réflexion sur l’avenir de l’Acadie serait par ailleurs en tension entre une acadianité politique, localisée et balisée institutionnellement et géographiquement, et une acadianité multiforme et globalisée. Les six autres contributions se veulent des réflexions multidisciplinaires sur un aspect ou l’autre de l’Acadie prospective. Le chapitre écrit par Gérard Bouchard est une reprise intégrale du texte de sa conférence prononcée au congrès. On regrette que le texte n’ait pas été bonifié ; il détonne avec le reste du livre par son caractère impressionniste, pour ne pas dire incomplet. Son analyse sociohistorique du mythe, entendu comme une représentation collective porteuse de croyances et de valeurs, et de l’idéologie en Acadie permet non seulement de comprendre la construction identitaire dans sa diachronie, mais aussi d’élucider la dimension prospective de l’agir collectif. Fondement symbolique de tout lien social, les mythes ont un pouvoir de mobilisation collective. Bouchard soutient qu’il existe un « paradoxe acadien » : la dynamique identitaire acadienne est traversée d’ambivalence et de contradictions que Bouchard thématise à l’aide de neuf éléments : la langue, la religion, la filiation, la fierté, la conscience historico-mémorielle, la culture populaire, la commémoration, les élites intellectuelles et les valeurs. Le chapitre écrit par Éric Forgues a pour thème la gouvernance et le politique comme vecteur d’action collective et d’autonomie dans les communautés minoritaires telle que la communauté acadienne du Nouveau-Brunswick. Le politique serait le lieu à investir pour orienter l’action collective et renforcer la capacité de projection acadienne. Or cet investissement par lequel on peut « faire société » est compromis dans la mesure où les organismes communautaires dépendent de plus en plus, pour leur survie même, du gouvernement fédéral et de ses priorités changeantes. Forgues se demande comment l’Acadie pourra dans un tel contexte conserver un fondement politique à son action collective et se projeter dans l’avenir, lorsque la logique de financement conduit les institutions à se transformer en organisations pourvoyeuses de services répondant à des « besoins » du marché et délaissant la réflexion à long terme sur les valeurs, les principes et la vision, réflexion essentielle pour qu’une collectivité puisse faire société. André Magord défend l’idée que la question …