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En 2008 est paru le premier numéro de la Bibliotheca Isiaca sous la direction de L. Bricault, chef de file des grands projets isiacologiques depuis le premier colloque des études isiaques en 1999[1]. Car si l’isiacologie, en d’autres mots l’étude des divinités d’origine égyptienne exportées en dehors de l’Égypte, a une historiographie qui remonte au xixe siècle, le domaine ne fut défini qu’à la fin du xxe siècle lors de ce colloque. Depuis, avec la rencontre fréquente des spécialistes, est apparue la nécessité de nouveaux outils de recherche : cartographique avec un atlas[2], épigraphique avec le RICIS[3], numismatique avec la SNRIS[4], glyptique avec l’ouvrage inédit de Richard Veymiers qui se concentre sur les bijoux à l’effigie de Sérapis[5], bibliographique avec une version électronique de l’IBIS[6] (projet lancé sous sa version papier en 1972, couvrant les années 1940-1969), etc.

La série des Bibliotheca s’attache depuis à publier régulièrement les divers documents inédits (inscriptions, monnaies, statuaire, lampes etc.), et des chroniques analytiques sur la diffusion des cultes isiaques dans le monde gréco-romain. La partie Nova Isiaca du premier volume[7] rassemblait neuf documents, la deuxième partie se consacrait à une réactualisation du RICIS (avec un apport d’une quarantaine d’inscriptions). Enfin, la partie Chronique bibliographique reprenait le modèle de l’IBIS pour offrir un commentaire détaillé et analytique des publications de la période 2000-2004, relatifs aux liens entre l’Égypte et le reste du monde gréco-romain, le tout en plus de 400 titres.

Quant à ce deuxième volume, on y trouve quatre chapitres, le tout accompagné d’une bibliographie générale et d’index ; l’indexation est également divisée agréablement en deux parties, épigraphique et générale, permettant une consultation aisée et exhaustive. Le premier chapitre représente une occasion inédite de publier huit interventions d’une séance qui s’est tenue en marge du ive colloque international L’Égypte en Égypte, organisé en novembre 2008[8]. Sur le thème des nouveautés isiaques de Grèce, des spécialistes grecs nous présentent les sanctuaires d’Argos, Dion, Marathon, Messène et Rhodes, sous la houlette de R. Veymiers. Ce dernier, avec son catalogue inédit de gemmes isiaques publié en 2009, profite des Nova Isiaca de cette deuxième Bibliotheca pour en apporter un premier supplément de 121 exemplaires, pour la plupart inédits.

Le deuxième Supplément au RICIS qui suit, toujours accompagné de photos, nous apporte pas moins de 32 nouvelles inscriptions, ce qui amène à un total de plus de soixante-dix épigraphies isiaques inédites ou complétées grâce à la série des Bibliotheca. En outre, une vingtaine de pages supplémentaires sont consacrées à la mise à jour bibliographique, iconographique et analytique d’inscriptions déjà présentes dans le RICIS. Ce qui prouve le dynamisme de ce domaine, postérieurement à la création des colloques internationaux, tant dans la recherche de nouveaux objets que dans la présentation exhaustive de ceux qui nous sont déjà connus, par l’analyse, la bibliographie et l’aspect visuel.

Le chapitre Chronique bibliographique, ici en deux parties, en est une autre preuve, avec un complément de la période 2000-2004 commentée dans le premier volume, puis les commentaires pour les publications des années 2005-2008. Cela représente près de 500 titres, ce qui amène à un total de près de 900 bulletins analytiques grâce à ce projet.

Cet ouvrage démontre une véritable volonté d’actualisation scientifique et de promotion de ce domaine historique récent qu’est l’isiacologie. Et il répond idéalement à un besoin méthodologique, offert par les grands spécialistes européens, tout d’abord aux étudiants qui se vouent à ces études. Ces spécialistes du domaine, tels que L. Bricault, M. Malaise, M. J. Versluys, etc., ont d’ailleurs mis en place dès 2010 une « journée internationale des jeunes chercheurs européens sur les cultes isiaques », pour encourager la mise en place d’un véritable réseau entre les étudiants appelés à collaborer dans de futurs programmes de recherche[9]. Ensuite, cet ouvrage est destiné à tous ceux qui s’intéressent à l’isiacologie ou plus généralement à l’histoire des religions de l’Antiquité. Nous ne pouvons qu’espérer que la série ne s’arrête pas là, alors que les colloques internationaux, et les projets qui y sont organisés, se renouvellent tous les 3 ans, avec le dernier qui a pris place à Boulogne-sur-Mer en octobre 2011 sur le thème Les cultes isiaques et le pouvoir.