Corps de l’article

Il est important de se rappeler que la Revue internationale PME a pour mission de diffuser et faire reconnaître la recherche « en langue française » sur les PME et l’entrepreneuriat. Ce faisant, et en dépit de la prédominance de l’anglais comme langue de publication, la Revue désire participer au débat qui se tient à l’échelle internationale sur l’évaluation de la recherche. À cet égard, la plus grande accessibilité qui résulte du développement de nouveaux modes de publication tels que les archives ouvertes (open access) favorise une remise en question des critères d’évaluation basés uniquement sur des comptages de publications et de citations (cf. Harnad, 2007, par exemple).

Une synthèse des travaux de recherche publiés dans la Revue depuis ses débuts en 1988 nous permet de conclure que la majorité de ces travaux constitue un apport unique et distinctif à la théorie en management de la PME et en entrepreneuriat (cf. les articles de Julien et de Marchesnay dans le vol. 21, no 2, 2008). Confrontée à la perspective anglophone et nord-américaine qui domine la recherche sur les PME et l’entrepreneuriat depuis ses débuts, la perspective francophone et européenne mérite ainsi d’être plus diffusée et surtout mieux reconnue. Nous pensons par ailleurs que cette dernière perspective doit en partie son originalité et sa pertinence à des facteurs reliés à la langue et à la culture. Et c’est pourquoi, dans ce même esprit et pour faire exemple, le dernier numéro thématique de la Revue portait sur la contribution de la recherche germanophone en entrepreneuriat et PME.

Notons qu’il ne s’agit surtout pas ici de prôner l’enfermement de la recherche francophone en PME et en entrepreneuriat, mais bien un plus grand dialogue avec les communautés de chercheurs d’autres langues et cultures que la nôtre[1]. N’oublions pas, en outre, que fonder l’identité de cette recherche en la distinguant de la littérature « anglo-saxonne » peut être trompeur ou illusoire dans la mesure où cette littérature ne constitue pas un bloc monolithique sur le plan épistémologique et théorique et émane depuis plusieurs années déjà de chercheurs de cultures très diverses et dont la langue maternelle n’est pas l’anglais.

Nous invitons donc les lecteurs à évaluer la façon dont les auteurs positionnent leur recherche dans les cinq articles que comprend ce nouveau numéro de la Revue. Dans un premier article, Moez Bellaaj nous présente une enquête réalisée auprès de 91 entreprises, et ce, dans le but d’expliquer l’effet complémentaire des ressources liées au commerce électronique et de certaines ressources organisationnelles sur l’obtention d’un avantage concurrentiel. Pour leur part, Jean-Pierre Boissin, Marie-Christine Chalus-Sauvannet, Bérangère Deschamps et Sébastien Geindre ont effectué quatre études de cas, s’intéressant au rôle joué par le dirigeant sur la stratégie de croissance et en particulier au profil du chercheur primo-entrepreneur. À leur tour, Franck Brulhart, Sandrine Gherra et Philippe Rousselot proposent un modèle simple et complet d’évaluation et de signalisation de la performance, adapté à la situation des PME ; le modèle est illustré et validé à partir d’analyses typologiques effectuées sur 208 entreprises. Le quatrième article provient d’Olivier Colot qui a réalisé une enquête auprès de 2 000 entreprises pour déterminer si la préparation de la transmission a une influence sur la performance des PME familiales et si ces PME éprouvent moins de problèmes. Enfin, Pierre-André Julien, Christophe Leyronas, Jean Makita et Éliane Moreau sont les auteurs du cinquième article, soit une étude exploratoire de 43 PME au Congo-Brazzaville qui montre que la relation entre les sources d’information, la capacité d’absorption et l’innovation joue autant dans les pays en voie de développement que dans les pays industrialisés.

Bonne lecture !

Le rédacteur en chef