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Le présent ouvrage est le fruit d’une thèse de doctorat présentée à la Faculté de théologie de l’Université de Fribourg. On saura gré à ce jeune chercheur de s’être intéressé aux synodes diocésains et, de manière plus spéciale, à leur liturgie. Comme il l’indique en introduction (p. 20-28), plusieurs raisons militent en faveur d’une étude des synodes diocésains et de leur liturgie (p. 78). Pour y parvenir, l’A. a fréquenté des sources abondantes, disponibles, mais peu sollicitées actuellement par les chercheurs, même si le renouveau de célébration des synodes diocésains au cours des années postconciliaires jusqu’à l’Instruction romaine de 1987 constitue une des innovations les plus importantes, sur le plan des Églises locales, dans l’Église catholique.

La force de cette enquête, en plus de s’intéresser à une question importante et trop peu examinée, c’est sans aucun doute le travail dans les sources. L’A. peut certainement prétendre être parvenu à une quasi-exhaustivité (voir la présentation des sources, p. 29-31). À ce chapitre, le travail est exemplaire, l’enquête dans les sources est menée avec beaucoup de soin et la synthèse qu’il présente de ce qu’il y trouve est rigoureuse et bien ordonnée. Il sera sans doute difficile de faire mieux. On ne peut malheureusement pas en dire autant au chapitre de l’interprétation qui demeure souvent en deçà de ce que l’on aurait pu attendre. L’A. a choisi, comme il l’explique à la p. 29, de « laisser parler les sources », suivant de près la méthodologie mise en oeuvre dans une autre thèse sur la réforme liturgique postconciliaire en France. Cela l’a conduit à adopter une méthode descriptive, qui renseigne parfaitement et avec beaucoup de clarté le lecteur, mais ne l’entraîne pas dans un travail réflexif approfondi à partir de ce riche matériau qui fait envie. En somme, à défaut d’une problématique un peu construite, l’A. est conduit à mener un travail descriptif de grande qualité et fort élaboré où l’ensemble du matériau est classé et ordonné avec grand soin et beaucoup de minutie. À la suite de la lecture de cet ouvrage, le lecteur a acquis une bonne connaissance des liturgies synodales en France entre 1983 et 1999. Toutefois, à défaut d’être questionnées à partir d’une interrogation particulière, ces sources riches et abondantes à souhait n’ont pas parlé davantage. Au plus, l’A. est-il en mesure de porter un jugement sur la conformité entre la norme (p. 93) et ce que lui disent ses sources au sujet des liturgies mises en oeuvre dans les synodes diocésains.

En fait, la difficulté à laquelle s’est heurté le chercheur est typique dans le domaine de la théologie pratique qui risque souvent de ne demeurer que descriptive et qui n’arrive pas souvent à articuler son rapport à la norme. Ne désirant pas tomber dans le travers qui donnerait le statut de norme à la pratique, les chercheurs qui privilégient une approche empirique n’arrivent pas toujours à réfléchir au statut de la pratique en théologie (p. 445) et d’articuler norme et pratique de manière fructueuse et féconde. En somme, cette étude, originale et unique dans le domaine, a le mérite de nous renvoyer à des questions fondamentales en théologie pratique et interroge également les liturgistes qui abordent souvent les questions soit à partir de l’histoire, soit à partir des normes. En fait, cette étude donne à penser puisqu’elle traite du rapport entre la pratique d’une Église, la norme et la théologie. Pour l’ecclésiologue, elle renvoie à des thèmes qui ne sont pas moins importants : le rapport entre le droit particulier et le droit universel, la manifestation de l’Église qui se donne à travers la liturgie des synodes diocésains, etc.

Bref, une étude fouillée et minutieuse sur un sujet de grande importance, notamment en raison du caractère mystagogique d’un synode diocésain et de la liturgie des synodes. Une recherche pionnière qui encouragera à entreprendre d’autres travaux dans le domaine. Une étude qui fait état de la grande créativité exercée dans la tradition et qui rend témoignage du renouveau liturgique depuis Vatican II.