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Seelos, C., & Mair, J. (2017). Innovation and scaling for impact : How effective social enterprises do it. Stanford university press

Cet ouvrage propose une critique constructive de l’innovation sociale et a comme objectif d’apporter de la rigueur aux débats actuels sur la place de l’innovation sociale. Basé sur un projet de recherche couvrant plus d’une décennie d’observations sur le terrain, d’entrevues, d’ateliers, de discussions et de débats avec des experts et chercheurs du secteur, l’ouvrage propose une analyse contextualisée et réaliste de la place de l’innovation, la croissance, et la diffusion de ces innovations sociales.

Par cet ouvrage, les auteurs visent à combler l’écart entre ce que l’on croit être l’impact des entreprises sociales, de l’innovation sociale, et ce que font réellement ces entreprises et leurs réels impacts. Au-delà de ce qui est souvent une vision optimiste et trop positive de l’entrepreneur social, les auteurs nous proposent une vision réaliste, qui ne manque pas de soulever les limites, échecs, et conséquences parfois négatives de leurs innovations.

L’ouvrage est divisé en trois sections, la première pose les bases théoriques de la relation entre innovation, impact et croissance. Cette première section définit le cadre pour la seconde qui présente quatre études de cas. La dernière section de l’ouvrage propose une synthèse des précédents chapitres et apporte une nouvelle perspective sur les diverses formes d’entrepreneuriat social qui émergent de leurs études de cas et pose une réflexion sur les différents espaces reliés aux problèmes sociaux : technique et relationnel. 

Cet ouvrage intéressera les chercheurs en innovations et en entrepreneuriat social ainsi que ceux qui cherchent un contenu riche en études de cas et outils pour mieux comprendre leurs organisations et celles qui les intéressent. L’ouvrage sera aussi d’intérêt pour ceux qui cherchent à évaluer les impacts des organisations de l’entrepreneuriat social. 

Stiglitz, Joseph E. (2019). People, Power, and Profits : Progressive Capitalism for an Age of Discontent

Stiglitz, prix Nobel d’économie en 2001 pour ses travaux portant sur l’asymétrie d’information, a aussi servi dans l’administration Clinton et occupé le poste de vice-président de la Banque Mondiale duquel il a démissionné. Il a dénoncé dans plusieurs ouvrages le capitalisme dans sa forme actuelle.

Dans ce dernier ouvrage Stiglitz, de manière pédagogue, décrie cette politique néolibérale amorcée par Reagan aux États-Unis et Thatcher en Angleterre qui a conduit à une sur-financiarisation de l’économie. Il dénonce le lien finance et pouvoir qui a exacerbé les inégalités : des entreprises de plus en plus puissantes ont généré de grands profits, ce qui leur a permis de financer des partis politiques, favoriser le lobbysme qui a conduit les politiciens à adopter des politiques favorables aux entreprises plutôt qu’à la majorité de la population. Ainsi, le pouvoir est donné à une minorité au détriment de la population, permet alors l’exploitation de plusieurs acteurs et biens : employés, richesses naturelles, environnement etc., créant et amplifiant les inégalités.

Finalement, contrairement à la théorie selon laquelle le libre marché conduira à une concurrence bénéfique aux consommateurs, les Marchés sont devenus plus puissants et plus monopolistiques. Cette concentration d’argent et de pouvoir a aussi contribué à réduire la concurrence par un grand nombre de fusions et acquisitions, ce qui impacte négativement tant les employés que les consommateurs pour uniquement bénéficier aux actionnaires.

À cet effet Stiglitz donne l’exemple de FaceBook qui, ayant pourtant les connaissances et les capacités pour développer des plateformes, décide d’acquérir Instagram et WhatsApp pour éliminer la concurrence et rester maitre du secteur et de l’exploitation des données personnelles pour mieux les exploiter pour de la publicité ciblée.

Il en déduit que ce capitalisme a donné lieu à une « économie à court terme et à lente croissance » où finalement les grandes entreprises poursuivent la maximisation de leur richesse et de leurs intérêts plutôt que ceux de toute la société créant ainsi de grandes inégalités.

Stiglitz illustre la limite de l’économie de marché marquée par une grande financiarisation aux États-Unis et soutient que seul l’ÉTAT est en mesure de redresser la situation et combler les failles du privé. Stiglitz propose un capitalisme révisé, progressiste qui prône un équilibre entre l’État, la société civile et le Marché, marquant ainsi un changement de paradigme.

Dans la deuxième partie de son livre Stiglitz propose différentes mesures afin de redresser la situation, à redonner au peuple, à la majorité, sa place. Il soutient que seule une démocratie forte où l’influence politique des fortunes est réglementée.

À l’instar des entreprises qui ont choisi ou dû développé des politiques RSE pour prendre en compte d’autres parties prenantes que les actionnaires, Stiglitz, dans ce livre, souligne l’importance et l’urgence, au niveau des États, d’un nouveau contrat social où, entre autres, la société et les enjeux climatiques sont pris en compte.