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En relisant mon compte rendu, je me suis demandé pourquoi Karim Larose avait pris la peine d’écrire cette longue réplique dans laquelle on ne trouve rien qui ne figure déjà dans son livre. Une réplique se comprend quand la critique a été trop défavorable, injuste, ou quand elle s’acharne sur des détails pour discréditer un travail sérieux. Rien de cela dans mon compte rendu, qui est globalement positif. Dans l’introduction de La langue de papier, Larose souhaite un dialogue entre littéraires et linguistes, mais l’exercice suppose qu’on est disposé à entendre un point de vue différent. Justement, je n’évalue pas de la même façon que lui l’apport de Gérald Godin. Quelle est sa réaction ? Il donne à penser que j’ai examiné le cas « avec nonchalance », « sans retourner aux textes » … Car si on a lu Godin, on n’a pas le choix : il faut penser comme Larose. Du dernier chapitre, consacré à Miron et Brault, j’ai écrit qu’il « constitu[ait] une pièce à part, s’inscrivant mal dans l’économie de l’étude » et qu’il « baign[ait] dans la critique littéraire ». Qu’avait écrit l’auteur lui-même dans son livre (p. 33) ? « [L]e propos de cette section se situe à un niveau plus théorique et, par le fait même, tranche nettement avec le ton des premiers chapitres. » Fallait-il vraiment revenir sur ce point ? Le livre de Larose n’est pas suffisamment affranchi de la thèse de doctorat dont il est issu – ce que j’avais gentiment choisi de ne pas souligner dans mon compte rendu. D’où le maintien de son exercice de conceptualisation (expressivisme/instrumentalisme) qui devient au fil des pages une thèse à démontrer plutôt qu’un cadre explicatif. Je me demande maintenant si ce jeune chercheur est vraiment préparé au débat d’idées. Il serait dommage qu’il n’y arrive pas, car – je le crois toujours – il fait partie de la relève sur laquelle compte le milieu universitaire.