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En avant-propos, l’auteur dit avoir comme objectif majeur d’exposer sa vision de l’entreprise en Afrique. L’exposé porte particulièrement sur le questionnement de ce que l’auteur appelle la malsaine incommunicabilité entre l’école et l’entreprise, sur la difficulté de la formation scolaire à anticiper la réalité entrepreneuriale, le tout sur fond de réalités socioéconomiques difficiles.

La première partie du titre, Vision africaine d’une crise de l’éducation, mise en exergue sur la page couverture, ainsi que la deuxième partie laissaient entrevoir à la fois un clin d’oeil plus appuyé aux enjeux généraux de l’école africaine et une réflexion plus large sur l’entreprise. En fait, le propos cible l’entreprise industrielle. En effet, les quatre chapitres portent respectivement sur Les procédés industriels, La sécurité, La maintenance industrielle, La qualité. Chaque chapitre se clôt sur des mots clés et des définitions liés à la technologie industrielle : énergie, technologie, procédé, risque, ergonomie, management, etc. Cela dit, après avoir recentré nos attentes par rapport aux véritables objectifs du livre, nous avons pu apprécier la description bien faite d’un certain nombre de défis qui se posent à l’entreprise industrielle en Afrique et qui ne sont pas anticipés par la formation des techniciens et ingénieurs.

Parmi les défis, Carlos souligne l’amateurisme, l’incompétence ou le manque de moyens dans la manutention, la gestion des stocks, la mise en oeuvre des procédés industriels, l’utilisation des sources d’énergie, la gestion des ressources humaines, la sécurité, etc. Selon l’auteur, on peut relever une partie de ces défis en évitant pilotage à vue et gestion aléatoire, en lisant finement les ressources disponibles. L’auteur aborde également l’impact de certaines pesanteurs socioculturelles relatives à la représentation de l’autorité, au poids de la tradition orale, au fatalisme, à la rétention de connaissances et de savoir-faire, etc.

Mais surtout, certains de ces défis auraient pu être anticipés par une formation moins obsolète. Au-delà d’un saupoudrage de lien avec l’entreprise sous forme de visites d’usine, l’auteur fait le plaidoyer d’un feed-back Entreprise / École plus intensif, d’une formation plus intégrée, durant laquelle cours magistraux et volets pratiques alternent, comme c’est le cas en médecine. Également, à travers les chapitres, l’auteur expose ce qui devrait être une valeur ajoutée dans les contenus de formation. Finalement, il souligne d’autres maux qui affectent la formation : laboratoires sous-équipés, structures de recherche presque inexistantes, personnel enseignant sous-payé, grèves estudiantines récurrentes, etc. Nous trouvons cette partie intéressante, car elle rejoint le débat général sur l’école en Afrique.

Le ton ne s’aligne pas tout à fait sur un afropessimisme plat et les difficultés y sont décrites avec une certaine objectivité. Cependant, le débat reste ouvert : et si une partie des difficultés ou pesanteurs était lue comme des données de contexte, pas nécessairement problématiques, que l’école ignore, et auxquelles le modèle entrepreneurial ne s’est pas adapté ?