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Cet ouvrage fait suite à un symposium international tenu à Carcassonne en juillet 2006. Les douze chapitres du volume, rédigés par des chercheurs universitaires français, suisses et québécois, explorent les multiples facettes que peut prendre la relation entre la recherche sur les pratiques éducatives et la formation professionnelle des enseignants.

Joël Clanet, le coordinateur de ce recueil, propose une organisation selon trois axes, dont le premier présente les fondements théoriques et historiques du questionnement sur les articulations entre recherche et formation. Le deuxième axe thématique décrit des dispositifs institutionnels qui montrent différentes voies pour réconcilier les logiques, autrefois considérées irréductibles, de la formation et de la recherche. À partir d’analyses de situations éducatives, les textes réunis sous le troisième axe suggèrent des points d’appui que les pratiques enseignantes pourraient prendre sur des résultats de recherche.

Les auteurs semblent se rallier à l’idée que la vision d’une articulation simple du type recherche / développement / diffusion a perdu son actualité. En effet, le regard historique que Claudine Garcia-Debanc pose sur la formation en didactique du français depuis les années 1970 jusqu’à nos jours démontre comment le contexte éducatif a changé et à quel point la recherche elle-même essaie de se repositionner. Force nous est d’admettre cependant, avec Julie Desjardins, Colette Deaudelin et Olivier Dezutter, que la place des savoirs de la recherche reste fragile dans une tradition de formation qui valorise surtout les savoirs pratiques et d’expérience. Les textes réunis dans le volume invitent le lecteur à découvrir des articulations complexes entre recherche et formation  à travers l’examen de dispositifs récemment mis en pratique, comme par exemple la restructuration des zones d’éducation prioritaire (ZEP) du Grand-Mirail, la refonte des programmes français en enseignement technique agricole ou encore les pratiques novatrices d’évaluation au primaire adoptées au Québec. Il en va ainsi de la collaboration entre formés, formateurs et chercheurs, des devis de recherche participative, de l’analyse réflexive comme lien entre la recherche et la pratique éducative, de la fonction autorégulatrice que la recherche exercerait sur la formation.

De façon générale, on recommandera la lecture de ce livre à toute personne désireuse de mieux saisir la complexité des articulations entre recherche et formation, et surtout les différentes voies par lesquelles ces deux logiques se nourrissent réciproquement. Étudiants en sciences de l’éducation, enseignants, professeurs-chercheurs universitaires et décideurs y trouveront matière à réflexion et points d’ancrage pour renouveler leurs pratiques de formation ou de recherche. Les cadres de l’ouvrage imposent malheureusement des limites aux analyses, qui laissent souvent le lecteur sur son appétit. Explicitée dans l’introduction, la structure du volume aurait gagné à être mise en évidence aussi dans la table des matières, qui donne l’impression d’un agglomérat de textes qu’aucune logique ne sous-tend. La lecture du livre apporte, sinon des réponses nuancées et définitives aux questionnements soulevés, du moins des éclairages significatifs issus de divers espaces épistémologiques, praxéologiques et culturels.