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S’appuyant sur des recherches empiriques menées au Québec, les huit auteurs des textes de cet ouvrage collectif dirigé par Philippe Maubant interrogent la place des savoirs dans les pratiques enseignantes au primaire. La question des savoirs en jeu dans la formation professionnelle à l’enseignement est aussi abordée. Le chapitre 1 présente les résultats d’une étude sur les perceptions de sept enseignants du primaire en regard de la profession enseignante et des pratiques d’enseignement, où les savoirs occupent assez peu de place dans leurs discours. Au regard de l’enseignement de l’univers social au primaire, le chapitre 2 s’intéresse aux articulations entre les savoirs scolaires disciplinaires et les compétences dans la mise en oeuvre des pratiques d’enseignement. Le chapitre 3 vise à effectuer une incursion du côté du préscolaire en y explorant la place des savoirs selon les enfants, les parents, les enseignants et le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport et son influence sur la transition vers la 1re année du primaire. Un certain consensus s’en dégage autour de l’idée que la maternelle doit préparer à la scolarisation, mais les moyens utilisés pour y parvenir diffèrent selon les acteurs. Le chapitre 4 adopte une perspective plus large et expose les résultats d’une recension des publications scientifiques sur les pratiques d’enseignement. On suggère alors que les recherches prennent appui sur des cadres conceptuels et méthodologiques mieux définis. Le chapitre 5 présente une étude sur les conceptions de la pratique d’enseignement de huit futures enseignantes du primaire. Les résultats montrent que les étudiantes accordent peu d’attention aux savoirs dans les planifications d’activités. Le chapitre 6 dévoile les résultats d’une recherche menée au sein d’une communauté autochtone visant à cerner les pratiques d’enseignement et les caractéristiques des savoirs enseignants. Il apparaît que, selon les acteurs interrogés (intervenants scolaires, parents, élèves), le discours sur les savoirs et les pratiques d’enseignement diffère. Le chapitre 7 illustre que la place des savoirs dans les pratiques d’enseignement s’avère réduite, toute l’attention des élèves étant dirigée vers l’activité et ses particularités. À l’image du chapitre 4, le chapitre 8 fait état des écrits sur le savoir afin d’en cerner toutes les configurations, une notion largement évoquée lorsqu’il est question des pratiques enseignantes.

Cet ouvrage effectue un tour d’horizon intéressant des recherches sur la place des savoirs dans les pratiques enseignantes au primaire. Il propose une réflexion en profondeur autour de notions complexes et polysémiques comme celle des pratiques d’enseignement ou autour de l’idée de savoir, ce qui contribue à clarifier le sens et la portée des concepts utilisés dans les recherches faisant l’analyse de l’activité des enseignants. Plusieurs chapitres rapportent des résultats de recherches empiriques sur ces questions, lesquelles s’avèrent fort pertinentes dans un contexte de renouveau pédagogique. Cependant, les résultats présentés demeurent préliminaires ou partiels dans certaines études. Le degré d’approfondissement varie également d’un texte à l’autre. Enfin, il aurait été utile de développer davantage autour des pistes d’intervention pour la formation à l’enseignement à la lumière des constats formulés dans ces études. Cet ouvrage présente un intérêt certain pour les chercheurs dont les travaux touchent les pratiques des enseignants et la question des savoirs dans la formation et la profession enseignante.