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introduction

Sociologie et sociétés publie dans ce numéro la traduction française du premier chapitre du livre Dzieci Kazimierza (« Les enfants de Casimir/Kazimierz ») de l’anthropologue polono-britannique Michał P. Garapich (1973)[1].

Le livre relate la saga d’une famille de la noblesse terrienne polonaise du début du 19e siècle jusqu’à aujourd’hui, de Cebrów à Cracovie, en passant par Lvov et Londres.

Cette famille, c’est celle de Michał P. Garapich. Son arrière-grand-père n’est nul autre que le fameux Kazimierz (1878-1940), propriétaire terrien, député et père de nombreux enfants nés de ses unions avec son épouse et avec de très jeunes paysannes ukrainiennes.

S’appuyant sur l’étude de mémoires et de documents d’archives, de l’histoire orale et d’un travail de terrain qui l’a mené à rencontrer sa famille ukrainienne, dans le village même où vivait Kazimierz, il donne une voix aux 12 enfants illégitimes de Kazimierz qui, bien que socialement séparés, partageaient souvent un espace commun. En retraçant l’histoire complexe de la famille, une histoire riche en silences et en secrets, Michał P. Garapich confronte la mémoire qui lui avait été transmise et réfléchit aux conséquences, très personnelles, de ces révélations.

Cette histoire, elle se déroule sous différents régimes : l’Empire austro-hongrois, la Pologne, l’Union soviétique, l’Ukraine indépendante. Elle est racontée de façon inédite, sous forme d’un récit autoethnographique empruntant à l’anthropologie, à l’analyse critique de mémoires de la famille et au reportage qui nous invite à réfléchir à l’écriture dans les sciences sociales.