Corps de l’article

Le dossier Spectres et rejetons des Études Féminines et de Genres [1] est le deuxième volet de la réflexion entamée dans le dossier Recherches en Études Féminines et de Genres publié à Sens Public en octobre 2008. Il s’agit une fois encore de rendre compte de séances de travail qui ont eu lieu dans le cadre du séminaire de Mireille Calle-Gruber en Sorbonne.

Cette fois, ce n’est pas la notion de « genres » qui est mise en avant, mais l’adjectif « féminines » : que désigne-t-il après la déconstruction du « féminin » par les théoriciennes du genre comme Judith Butler ? Pourquoi le garder ? Pourquoi ne pas ajouter alors « masculines » ? Et qu’en fait-on au Centre de Recherches en Études Féminines et de Genres de Paris 3 ?

Le dossier veut en même temps poursuivre la discussion entamée lors de la conférence de Carole Dely qui fut donnée au sein du même séminaire en décembre 2008, et faire écho à son soupçon : « D e la philosophie, et derechef qu’elle fait ma-â-l-e ? » [2]. La question qui se posait était alors : qu’est-ce qu’un Centre de Recherches en Études Féminines et de Genres peut, et doit faire d’une tradition misogyne ? Quel héritage recevoir d’une philosophie édifiée depuis un préjugé injuste et injurieux envers les femmes, une pensée érigée au prix des femmes : corps, désirs, pensées ?

Les articles qui composent le dossier proposent différentes pistes pour répondre à ces questions. Le style (la pudeur), le ton (l’ironie), le travail littéraire et poétique permettent de prendre le biais de la langue de façon à ne pas se laisser pétrifier par la Méduse et relancer le désir d’expression et d’interprétation. C’est aussi l’occasion de mettre à l’épreuve de la littérature les lieux connotés par la tradition que sont le « féminin », le corps, la maternité, la folie.

Le titre du dossier, « Spectres et rejetons des études féminines et de genres », interroge ce qui serait une transmission universitaire, philosophique et littéraire au féminin, c’est-à-dire à contre-courant de la logique phallogocentrique de la tradition, inscrivant la réflexion dans la lignée d’Hélène Cixous, Monique Wittig, Sarah Kofman, Mireille Calle-Gruber, Judith Butler, Catherine Malabou, etc.

*   *   *

Spectres and offspring in Women and Genders studies

The dossier entitled “Spectres and offspring in Women and Genders studies’ is the second part of a discussion begun in the dossier “Research in Women and Gender Studies’ published in Sens Public in October 2008.

The goal of the dossier is also to continue the discussion begun at the conference organised by Carole Dely for the same seminar in December 2008. It is an echo to her suspicions: “regarding philosophy and, once more, that does…’. The question raised was the following: what can and must a research centre for women and gender studies do within a misogynous tradition? Which inheritance can be handed down from a philosophy founded upon unfair and insulting prejudice towards women, a thought established at the cost of women : bodies, desires, thoughts?

The articles which make up the dossier suggest various ways to tackle these questions ; style, (reserve/ modesty), tone, (irony), literary and poetic work allow to use language in order to avoid being transfixed by the Medusa and to revive a desire for expression and interpretation. It is also the opportunity to put traditionally connoted areas such as “femininity’, motherhood, pregnancy, madness, and melancholy to the test of literature.

The dossier’s title “Spectres and offspring in Women and Genders studies’ questions what an academic, philosophical, or literary feminine transmission might be within a phallocentric, logical tradition, following in the footsteps of Hélène Cixous, Monique Wittig, Sarah Kofman, Mireille Calle-Gruber, Judith Butler, Catherine Malabou, etc.