Résumés
Résumé
Si le rap accède de nos jours à une certaine légitimité culturelle, le travail des rappeuses reste encore largement dans l’ombre. Ce sont les voix masculines qui se sont imposées dans le milieu du rap québécois, comme en témoigne l’intérêt que leur manifestent les maisons de disques (labels) et les stations de radio commerciales. Cet article propose une analyse des textes de deux rappeuses, MCM et Donzelle, afin d’observer comment elles construisent leur autorité lyrique, c’est-à-dire la crédibilité de leur prise de parole, la validité idéologique de leurs propos et la valeur esthétique de leur chant. Trois stratégies sont mises en place. Les rappeuses intègrent d’abord à leur rap un point de vue sexiste afin de reproduire le contexte social et discursif dans lequel elles oeuvrent. Ensuite, elles proposent une autre représentation des femmes afin de répondre à l’imaginaire sexiste dont s’est parfois nourrie la parole rap. Enfin, MCM et Donzelle créent leur propre esthétique, jouant pour ce faire avec les codes du trash, prégnant dans leur art.
Abstract
If rap has reached a certain cultural legitimacy, the work of female rappers remains largely in the shadows. Masculine voices have imposed themselves in Québec rap milieu, as evidenced by their presence in the labels and on the radio. This article offers an analysis of the texts from two female rappers, MCM and Donzelle, in order to examine how they build their lyrical authority, that is, the credibility of their voice, the ideological validity of their words and the aesthetic value of their singing. Three strategies are implemented. First, both rappers include a sexist point of view in their rap in order to reproduce the social and discursive context in which they are involved. Second, they offer another representation of women to reply to the sexist imaginary from which originate some rap works. Lastly, MCM and Donzelle create an aesthetic of their own, playing with the codes of trash, predominant in their work.
Parties annexes
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