Notes de lecture

Chapple, Freda, et Chiel Kattenbelt (dir.), Intermediality in Theatre and Performance, Amsterdam et New York, Rodopi, 2006, 266 p.[Notice]

  • Sylvie Bissonnette

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  • Sylvie Bissonnette
    Université de Californie, Davis

Résultat de plusieurs années de recherche des membres du Theatre and Intermediality Research Working Group, cet ouvrage collectif aborde le concept d’intermédialité du point de vue des études théâtrales et de la performance et s’intéresse tout particulièrement aux oeuvres médiatiques produites à l’aide des technologies numériques de même qu’aux oeuvres scéniques intégrant les nouvelles technologies. Les textes examinent des oeuvres produites au xxe siècle qui intègrent de nouvelles stratégies dramatiques, de nouvelles manières de structurer et de mettre en scène les mots, les images et les sons et de nouvelles façons de placer les corps dans l’espace intermédial. Cet ouvrage s’avère particulièrement pertinent pour l’étude de la problématique de l’adaptation et des effets de l’intégration des nouvelles technologies au théâtre. En introduction, Freda Chapple et Chiel Kattenbelt proposent différents points de vue théoriques pour amorcer l’exploration du concept d’intermédialité et définissent les termes pertinents à son étude. Selon ces auteurs, l’espace intermédial se situe à l’intersection d’un métissage d’espaces, de médias et de réalités (p. 12). Agent de changements, l’intermédialité s’inscrit comme un processus de transformation d’idées et de procédés qui s’active lors d’une performance et produit une différence (p. 12). Les spectateurs peuvent notamment percevoir cette différence en prenant conscience des changements introduits dans les pratiques théâtrales et dans l’écriture scénique récentes. Des diagrammes illustrent comment l’intermédialité apparaît « à l’intersection  » de différentes pratiques médiatiques et incite un échange entre les performeurs, les spectateurs et l’oeuvre intermédiale. Illustrant la collaboration étroite entre les différents systèmes de signes, les différents types de média, l’analogique et le numérique, le direct et le médiatisé, ces diagrammes servent ultimement à démontrer que le théâtre est devenu un hypermédium. Même si Chapple et Kattenbelt reproduisent ces diagrammes au début de chacune des trois sections de l’ouvrage, leur utilité demeure cependant limitée puisque les auteurs inclus dans ces sections ne s’y réfèrent que peu ou pas du tout. L’idée selon laquelle le théâtre serait un hypermédium qui incorpore les autres arts et les autres médias est l’un des concepts clés de cet ouvrage. Suivant Kattenbelt, le dicton selon lequel le monde est une scène n’est pas seulement une métaphore : notre culture de plus en plus médiatisée s’envisage comme une scène de théâtre. Entourés de journaux, de films et d’images télévisuelles, nous habitons un monde intermédial. Si le théâtre est la scène de l’intermédialité, et donc de la rencontre de différents médias, il reflète aussi notre expérience quotidienne de la réalité, soit un monde intermédial dans lequel nous performons nos vies et tentons de donner du sens à cette réalité (p. 24). Approfondissant l’idée que le théâtre est un hypermédium, Peter Boenisch affirme, pour sa part, que le théâtre transcode les autres médias en combinant avec aisance textes, sons et corps. Cette habileté du théâtre à combiner les médias s’apparente à celle de l’ordinateur, qui transcode et traduit toutes les formes de média afin de produire un mélange de différents types d’informations audiovisuelles. Toutefois, tandis que l’ordinateur absorbe les autres médias et les transforme numériquement lors du processus de transcodage, le théâtre incorpore les autres médias en les gardant intacts. Malgré cet effet de transparence du théâtre, l’acteur, la photographie ou la vidéo deviennent sur scène des signes représentant un personnage ou un monde fictionnel (p. 114). L’opération de transcodage, comme l’intermédialité, ne dépend pas d’un média ou d’une machine, mais procède plutôt du travail de perception des spectateurs (p. 113). Les structures modulaires et hypermédiales, des caractéristiques que l’on retrouve fréquemment dans les oeuvres intermédiales, encouragent également la participation des spectateurs dans le processus de création de sens. À cet égard, …

Parties annexes