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Introduction

La recherche en matière de criminalité s’intéresse depuis quelques années aux processus d’engagement et de désengagement de la délinquance, celle-ci permettant le développement de nouveaux programmes d’intervention et de prévention des risques (Laub & Sampson, 2001; Maruna, 2001). Cependant, la désistance, définie comme le processus de sortie de la délinquance, est un phénomène complexe qui fait intervenir de multiples facteurs. Actuellement, il n’existe pas de consensus quant à une définition de ce concept, ce qui rend l’étude du processus de désistance difficile (Herzog-Evans, 2011; Maruna, 2001). La plupart des auteurs s’accordent sur un modèle dynamique envisageant les sorties de la délinquance comme un processus progressif, variable et non linéaire. Cependant, la recherche sur la désistance suscite des questions à différents niveaux (Kazemian, 2007) et les mécanismes sous-jacents au processus de sortie de la délinquance restent flous (Kazemian, 2007). Différents modèles théoriques se font concurrence pour tenter d’expliquer ce processus.

Un premier, le modèle social de la désistance, considère que les facteurs sociaux et environnementaux, tels que l’emploi, le couple et la parentalité, sont des tournants de vie qui peuvent constituer des supports à la sortie de la délinquance (King, 2012; Mohammed, 2012; Paternoster, Bachman, Kerrison, O’Connell, & Smith, 2016; Sampson & Laub, 2003). Cette perspective structurale postule que la désistance est possible grâce à la participation de la personne à des rôles prosociaux (Paternoster & al., 2016). Ce processus de changement se ferait dès lors sans intention consciente de l’individu.

Le second, le modèle subjectif de la désistance, considère que les tournants de vie ne sont pas suffisants pour expliquer la désistance puisqu’ils dépendent de l’interprétation que l’individu en fait, de son ouverture au changement et de sa motivation (King, 2012; Mohammed, 2012). Cette perspective agentiviste souligne l’importance de la motivation et de la volonté de l’individu à sortir de la délinquance (King, 2012; Mohammed, 2012). Elle met en avant le rôle actif de la personne dans son processus de désistance (Paternoster & al., 2016).

À l’issue des questionnements et débats provoqués par ces deux modèles, un troisième modèle, le modèle social-subjectif, incluant à la fois les facteurs individuels et sociaux, voit le jour (King, 2012). Ce modèle ne cherche pas à déterminer un ordre chronologique, causal, mais suppose une interrelation complexe entre les changements personnels subjectifs et les changements sociaux (Kazemian, 2007; Mohammed, 2012). Il postule que la sortie de la délinquance sera plus probable lorsqu’apparait une correspondance entre ces deux types de facteurs (King, 2012). Ce dernier modèle considère que l’individu n’est ni un agent totalement autonome ni un agent passif modulé par son environnement. Il tient compte des interactions et influences réciproques entre l’individu et son environnement, c’est-à-dire que l’individu, avec ses caractéristiques personnelles, ses capacités cognitives et affectives, interagit avec son environnement pour déterminer des manières d’agir (Bandura, 1989).

Ces trois modèles constituent un cadre de référence psychocriminologique pour étudier le phénomène de la désistance. La présente recherche, de nature inductive, tente de comprendre le parcours de désistance de jeunes délinquants en transition vers l’âge adulte, sans privilégier un des modèles à priori. Peu d’études sur la désistance portent sur cette tranche d’âge. Or le passage de l’adolescence à l’âge adulte pourrait être une période propice aux nouvelles opportunités de vie ainsi qu’aux changements identitaires; des éléments essentiels dans le processus de désistance.

1. Méthodologie

La présente étude utilise une approche mixte et s’inscrit dans une recherche longitudinale plus large visant à développer et approfondir notre compréhension du processus de désistance. Pour ce faire, des jeunes en transition vers l’âge adulte, auteurs de faits qualifiés infractions, ont été rencontrés et interviewés individuellement sur base d’un entretien semi-structuré afin de comprendre leur parcours de vie et leur parcours délinquant. Par la suite, afin d’obtenir des données complémentaires sur le fonctionnement intrapsychique, les participants ont répondu à différents questionnaires. L’analyse du récit de leur parcours et des résultats obtenus aux tests visent à comprendre ce qui permet à ces jeunes de sortir d’un mode de vie délinquant. Le comité éthique de l’Université de Liège a donné son accord pour la réalisation de cette recherche.

1.1 Recrutement

Les participants ont été recrutés par l’intermédiaire des services d’aide et de protection de la jeunesse. Ceux-ci nous ont transmis les coordonnées de jeunes qui répondaient aux critères de la recherche et qui étaient d’accord pour être contactés. Les critères étaient les suivant : être un garçon âgé d’au moins 17 ans, être ancré dans la délinquance depuis au moins un an et être récidiviste. Le type de délit concerne l’atteinte aux biens et aux personnes. Les délits sexuels ont été exclus. Les participants ont été informés du contexte et des objectifs de la recherche. L’anonymat, la confidentialité, la non-traçabilité des données et le droit de refuser ou d’interrompre leur participation sans avoir à fournir aucune explication ont été mentionnés. Après la présentation du projet, ces adolescents ont eu l’occasion de poser des questions et ont disposé d’un temps de réflexion pour se positionner quant à leur désir de participer ou non à la recherche. Les jeunes intéressés ont signé un document attestant de leur participation.

1.2 Participants

Trois adolescents en transition vers l’âge adulte (18 ans, 17 ans et 17 ans), engagés dans une trajectoire délinquante depuis au moins un an et jugés pour des faits qualifiés infractions, ont été rencontrés. Lors de l’entretien, deux des jeunes étaient placés dans une institution publique de protection de la jeunesse (IPPJ), qui constitue la mesure la plus répressive en matière de délinquance juvénile et le troisième bénéficiait d’une mesure de prestation éducative. Ce jeune avait toutefois effectué un placement en IPPJ dans le passé.

1.3 Collecte des données

Cette recherche utilise une approche mixte. Chaque participant a été interviewé individuellement sur la base d’un entretien semi-structuré. Le guide d’entretien a été construit autour de quatre concepts : l’identité, les évènements de vie, les perspectives d’avenir et la trajectoire de délinquance. La désistance n’a pas été abordée de manière directe. L’entretien semi-directif a donné l’occasion aux participants de s’exprimer librement en ce qui concerne leur récit, leurs pensées et leurs émotions. Il a donc permis de récolter des données riches et détaillées concernant le sens que l’individu donne à son parcours de vie. Les interviews ont été enregistrées puis retranscrites mot à mot avant de faire l’objet d’une analyse qualitative. Après l’entretien, des questionnaires ont été administrés aux participants. Ceux-ci ont été utilisés de manière complémentaire à l’entretien.

  • Le questionnaire sociodémographique comprenait dix-sept items qui visaient à récolter des informations telles que l’âge, les croyances religieuses, le parcours scolaire et la situation familiale.

  • L’échelle Pearlin Mastery Scale » (PM, 1978), mise au point par Pearlin et Schooler évalue le sentiment de contrôle sur sa vie. Elle se compose de sept items cotés sur une échelle de Likert à quatre modalités de réponse. Le score global varie de 4 à 28 points; plus le score est élevé, plus le sentiment de contrôle sur sa vie est élevé. Cette échelle dispose de propriétés psychométriques suffisantes et a été utilisée dans de nombreuses études dans différents pays et avec différents types de population.

  • L’échelle d’attribution causale (IPC, 2002), version de l’échelle de Levenson (1973) traduite et validée par Rossier, Rigozzi et Berthoud (2002), évalue le lieu de contrôle de manière tridimensionnelle. Elle se compose de 24 items cotés sur une échelle à six modalités de réponse. Ces différents items se répartissent en trois sous-échelles indépendantes composées de huit items chacune. Ces sous-échelles évaluent le degré de contrôle interne (Internality), le degré de contrôle externe associé à d’autres individus (Powerful Others) et le degré de contrôle externe associé au hasard (Chance). Le score total des sous-échelles varie entre 8 et 48. La population générale masculine obtient des scores qui varient entre 29,3±6 (soit entre 23,3 et 35,3) pour l’internalité (I), entre 12,5 ±5,6 (soit entre 6,9 et 18,1) pour le contrôle externe associé à d’autres individus (P) et entre 18,6±5,4 (soit entre 13,2 et 24) pour le contrôle externe associé au hasard (C). L’échelle possède une bonne validité interne et une bonne capacité discriminative.

  • L’échelle Adult Hope Scale » (AHS, 1991) conçue par Snyder et ses collaborateurs, évalue l’espoir à partir de 12 items cotés sur une échelle de Likert à huit modalités de réponse. Ces items se répartissent en deux sous-échelles composées de quatre items chacune : le pathway (renvoie à la perception concernant ses capacités à planifier des choses pour atteindre les objectifs fixés) et l’agency (renvoie à la perception concernant sa compétence à entreprendre et à maintenir les actions nécessaires à la concrétisation de l’objectif fixé). Les quatre items restants ne sont pas comptabilisés. Le score de chaque sous-échelle varie de 4 à 32 points; plus le score est élevé, plus le sentiment d’espoir est élevé également. Cette échelle dispose également de bonnes propriétés psychométriques.

  • L’University of Rhode Island Change Assessment (URICA), mise au point par McConnaughy, Prochaska et Velicer (1983), est un questionnaire qui conceptualise et mesure la motivation au changement. Il se compose de 32 items cotés sur une échelle de Likert à cinq modalités. Ces différents items se répartissent en quatre sous-échelles correspondant aux quatre stades de changement (précontemplation [PC; a = 0,88]; contemplation [C; a = 0,88]; action (A; a = 0,89]; maintenance (M; a = 0,88]). La sous-échelle ayant le score le plus élevé représente l’étape du processus à laquelle la personne se trouve. Ces étapes renvoient aux attitudes liées au processus de changement et non à un état. L’échelle possède de bonnes qualités psychométriques et a largement été utilisée dans différents contextes et avec différentes populations.

1.4 Analyses

Les données collectées ont été analysées suivant la méthode de l’Interpretative phenomenological analysis (IPA) (Smith, Flowers, & Larkin, 2009). L’objectif de cette méthode est de comprendre de manière détaillée comment les personnes donnent sens à leur monde personnel et social (Smith & Osborn, 2003). Elle est de type phénoménologique et tient compte du sens que les personnes donnent aux évènements de leur vie, qu’ils soient positifs ou négatifs. Elle est herméneutique, c’est-à-dire que l’analyse implique toujours une interprétation, d’abord de la part de l’individu qui tente de donner sens à ce qu’il a vécu, puis de la part du chercheur qui donne sens à ce qui a été dit durant l’entretien. Enfin, elle est idiographique et inductive puisqu’elle se centre sur les éléments particuliers à chaque cas pour comprendre le phénomène étudié. Les résultats aux différents questionnaires ont également été encodés et analysés afin d’être mis en perspective avec le récit.

2. Résultats

Dans cette section, les résultats des analyses de cas seront développés, dans un premier temps, de manière individuelle, puis dans un second temps, de manière intégrative et globale.

2.1 Analyse de cas individuel

Participant 1 : Alex

Alex est un garçon âgé de 18 ans. Il est belge et sa langue maternelle est le français. Cadet d’une famille de deux enfants, ce dernier vit avec sa mère. Après une période de déscolarisation de plus de deux ans, Alex a repris une scolarité et entreprend un apprentissage. Il bénéficie d’une mesure de prestations éducatives au moment de la rencontre. Il entre dans la délinquance à l’âge de 12 ans. Les faits commis sont de gravités croissantes : vols simples, vols qualifiés puis cambriolages. Dès le début de l’entretien, Alex aborde son caractère impulsif ainsi que les évènements qui l’ont amené vers la voie de la délinquance. Lors de l’entretien, il semble être dans un processus de réflexion quant à son parcours. L’analyse du verbatim met en avant huit thèmes abordés par le jeune (Tableau 1).

Tableau 1

Analyse des thémes émergents à partir du verbatim d’Alex

Analyse des thémes émergents à partir du verbatim d’Alex

Tableau 1 (suite)

Analyse des thémes émergents à partir du verbatim d’Alex

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Le Tableau 2 indique les scores obtenus par Alex aux différents questionnaires.

Tableau 2

Scores aux questionnaires comptabilisés à partir des réponses d’Alex

Scores aux questionnaires comptabilisés à partir des réponses d’Alex

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Selon l’URICA, évaluant le processus de changement, Alex se situe dans la phase d’action (score le plus élevé, A = 34) caractérisée par la mise en place de plans d’action envisagés précédemment pour concrétiser les changements souhaités, à savoir ici l’arrêt des délits. Alex obtient des scores moyens aux échelles d’espoir (AHS = 63 : agency = 21 et pathway = 27) et d’attribution causale (I = 30 compris dans l’intervalle 29,3±6; P = 9 compris dans l’intervalle 12,5 ±5,6; C = 16 compris dans l’intervalle 18,6±5,4) ce qui indique qu’il présente un niveau d’espoir et un type d’attribution causale comparable à la population générale. Ainsi, Alex a une perception optimiste de sa motivation et de ses capacités à atteindre les objectifs souhaités. De plus, il a tendance à attribuer sa situation préférentiellement à des facteurs internes. Son score élevé à l’échelle de maitrise de sa vie (PM = 23) atteste qu’il a le sentiment d’avoir une forte maitrise sur sa situation. Ces tendances vont dans le même sens et mettent en évidence chez Alex une propension à adopter une position d’acteur dans sa vie.

Participant 2 : Charlie

Charlie est un garçon âgé de 17 ans. Il est belge et sa langue maternelle est le français. Cadet d’une fratrie de quatre enfants, il est placé en IPPJ au moment de la rencontre et rentre le weekend chez sa maman. Il garde des contacts ponctuels avec son papa. Son placement résulte de nombreux vols. Les faits commis sont de gravités croissantes : vols simples puis vols avec effraction. Tout au long de l’entretien, Charlie se décrit avant tout comme un adolescent lambda. Il aborde peu la facette délinquance dans la description qu’il fait de lui-même. Il se définit principalement à travers sa personnalité et ses centres d’intérêt. L’analyse du verbatim révèle cinq thèmes abordés par le jeune (Tableau 3).

Le Tableau 4 regroupe pour sa part les scores obtenus par Charlie aux différentes échelles. Il indique que, selon l’échelle URICA, Charlie se situe à cheval sur les phases de contemplation et d’action (scores les plus élevés, C=33 ; A= 34). Ainsi, après avoir pensé à différentes manières de mettre en place un changement, il expérimente progressivement les plans d’action envisagés afin de concrétiser les changements souhaités. Charlie obtient des scores élevés à l’échelle de maitrise de sa vie (PM = 19) ainsi qu’à l’échelle d’attribution causale (I = 27 compris dans l’intervalle 29,3±6; P = 26 compris dans l’intervalle 12,5 ±5,6; C = 27 compris dans l’intervalle 18,6±5,4) ce qui peut paraître paradoxal puisque ces résultats indiquent que Charlie a le sentiment d’avoir une forte maitrise sur sa situation tout en présentant une attribution causale externe et interne importante. Toutefois, le fait qu’il ait été placé au moment de la rencontre, et donc que sa marge de liberté s’en trouvait réduite pourrait expliquer cette apparence contradictoire. Il obtient en outre des scores moyens à l’échelle d’espoir (AHS = 56 : agency = 20 et pathway = 25) ce qui atteste d’un certain optimisme quant à sa capacité à atteindre les objectifs fixés.

Tableau 3

Analyse des thèmes émergents à partir du verbatim de Charlie

Analyse des thèmes émergents à partir du verbatim de Charlie

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Tableau 4

Scores aux questionnaires comptabilisés à partir des réponses de Charlie

Scores aux questionnaires comptabilisés à partir des réponses de Charlie

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Participant 3 : Amel

Amel, 17 ans, est belge d’origine africaine et sa langue maternelle est le français. Il est 4e enfant d’une fratrie de cinq enfants. Placé en IPPJ au moment de la rencontre, il rentre le weekend en famille. Amel est déscolarisé depuis trois ans. Il est ancré dans la délinquance depuis l’âge de 11 ans. Les faits commis sont de gravité croissante : vols simples, vols qualifiés puis trafic de stupéfiants. Dès le début de l’entretien, il aborde son parcours délinquant ainsi que les motivations qui l’ont amené à adopter des comportements délinquants. L’analyse du verbatim fait émerger cinq thèmes abordés par le jeune (Tableau 5).

Amel se situe dans la phase de pré-contemplation (score le plus élevé, PC=29), laquelle se caractérise par un déni du comportement problématique. Amel n’envisage en rien le changement; les bénéfices retirés des conduites délinquantes étant actuellement importantes pour lui. Ses scores aux échelles de maitrise de sa vie (PM = 21) et d’espoir (AHS = 81; agency = 21; pathway = 27) montrent que le jeune a le sentiment d’avoir une maitrise importante de sa situation et qu’il est confiant quant à sa capacité à penser et à mettre en place des actions effectives pour atteindre les objectifs souhaités. Amel présente aussi une tendance plus forte que la population générale à attribuer sa situation à des facteurs internes et à des facteurs chance (I = 37 supérieur à l’intervalle 29,3±6; P = 13 compris dans l’intervalle 12,5 ±5,6; C = 28 supérieur à l’intervalle 18,6±5,4) ce qui peut paraître peu cohérent avec sa position d’acteur dominante mais cela concorde toutefois avec les contradictions soulevées dans son discours concernant le choix de la délinquance et la difficulté d’en sortir.

Tableau 5

Analyse des thèmes émergents à partir du verbatim d’Amel

Analyse des thèmes émergents à partir du verbatim d’Amel

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Tableau 6

Scores aux questionnaires comptabilisés à partir des réponses d’Amel

Scores aux questionnaires comptabilisés à partir des réponses d’Amel

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2.2 Analyse globale

À la suite de l’analyse des verbatims de ces trois participants, sept thèmes décrivant l’expérience de changement lié au processus de désistance ont émergé. Ceux-ci sont repris dans le Tableau 7 et sont accompagnés d’extraits de verbatims à titre d’exemples.

Le sentiment d’ambivalence entre envie de changer et tentations renvoie à la présence permanente de tentations malgré un changement effectif de comportement. En effet, malgré l’arrêt des délits, Alex insiste sur la difficulté de rester en dehors de la délinquance. Il y pense encore et reste soumis à des tentations externes auxquelles il doit faire face. Il compare la délinquance à une assuétude : le désistant doit continuellement lutter contre la délinquance comme l’alcoolique abstinent lutte constamment contre les tentations et la rechute. Cela montre les efforts quotidiens et permanents que le jeune doit réaliser pour avancer dans le processus de désistance.

La complexité du sentiment d’agentivité inclut la notion de choix et le sentiment d’avoir de la maitrise dans sa vie. La désistance, tout comme la délinquance, est considérée comme un choix. Les jeunes pensent avoir la possibilité d’arrêter ou de continuer la délinquance. Toutefois, le choix de continuer dans la délinquance semble plus ambivalent. En effet, Alex et Charlie, jeunes en voie de désistance, ont choisi d’arrêter les délits et ont mis en place des choses pour concrétiser leur choix. Amel considère pour sa part avoir fait le choix d’une trajectoire délinquante. Cependant, son discours laisse voir quelques contradictions puisqu’il fait part à plusieurs reprises de la difficulté de sortir de la délinquance une fois ancré dans ce mode de vie.

Tableau 7

Analyse globale des thèmes émergents

Analyse globale des thèmes émergents

Tableau 7 (suite)

Analyse globale des thèmes émergents

Tableau 7 (suite)

Analyse globale des thèmes émergents

Tableau 7 (suite)

Analyse globale des thèmes émergents

Tableau 7 (suite)

Analyse globale des thèmes émergents

Tableau 7 (suite)

Analyse globale des thèmes émergents

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Le thème portant sur la complexité des changements de soi et de la perception des autres regroupe les changements identitaires et comportementaux des jeunes. Ces changements nécessitent une modification du regard que le jeune porte sur lui et sur son environnement ainsi qu’un changement dans son comportement. Alex et Charlie se définissent comme de bonnes personnes et non pas comme des délinquants. Ils ne considèrent plus la délinquance comme un mode de vie attrayant, mais comme un mode de vie superficiel, sans intérêt, qui risque de leur apporter des ennuis. Alex et Charlie n’ont plus commis de délits depuis plusieurs mois. Le tri qu’ils ont effectué parmi leurs amis et le fait qu’ils errent moins dehors ont facilité cette suspension de la délinquance. L’investissement important de Alex dans son travail soutient également cet arrêt des délits. Néanmoins, ces changements à un niveau individuel ne suffisent pas. Pour résister aux tentations et se maintenir dans la désistance, les jeunes ont également besoin que des changements surviennent dans leur environnement. Ils ont besoin d’être acceptés, reconnus et soutenus dans leurs changements. Ils voudraient que les interactions avec leur entourage évoluent de manière positive, qu’on leur fasse confiance et qu’on leur offre des nouvelles opportunités.

La complexité des émotions liées aux expériences de vie renvoie à l’accumulation des émotions non exprimées à la suite d’évènements difficiles qui font basculer les jeunes vers la délinquance et qui entravent le processus de désistance. La délinquance est alors utilisée comme un mode d’expression. Alex, Charlie et Amel ont tous les trois vécu des évènements de vie difficiles qui ont fait naitre chez eux des questionnements, de la tristesse, de la colère ou encore un sentiment d’injustice qu’ils expriment à travers la délinquance. Alex et Charlie ont pu s’en libérer. Amel, quant à lui, est toujours aux prises avec un sentiment de haine, ce qui pourrait bloquer l’évolution du processus de désistance.

L’importance que les jeunes accordent aux relations et à l’influence que celles-ci peuvent avoir sur eux est explicité dans le thème la complexité des relations dans le processus de désistance. Les relations des jeunes peuvent se révéler tant sécurisantes (soutien, valorisation, encouragement…) qu’insécurisantes (violence, dévalorisation, tentations…). Le type de relation influence la trajectoire du jeune. Alex, Charlie et Amel manifestent tous les trois un besoin d’appartenance, de soutien et d’écoute qu’ils peuvent retrouver autant dans des groupes d’appartenance prosociaux qu’antisociaux, ce qui influe sur leur processus de désistance. Alex se sent soutenu et valorisé dans une identité non délinquante par sa famille notamment sa mère et sa soeur, par son patron et ses amis. Charlie retrouve ce soutien auprès de ses amis et de sa soeur. Ces personnes-ressources sont présentes pour les jeunes en cas de doutes et de difficultés et les encouragent au quotidien. La qualité de ces relations favorise leur processus de désistance puisque les jeunes se maintiennent dans un mode de vie conventionnel afin de préserver la qualité de leurs relations et le soutien reçu. Amel retrouve ce soutien auprès de ses amis délinquants, ce qui le maintient dans la délinquance.

La mise en balance du pour et du contre, concerne la balance décisionnel et les conséquences qu’un comportement peut avoir sur soi. Alex, Charlie et Amel pèsent le pour et le contre de la délinquance et, au terme de ce calcul cout-bénéfice, prennent la décision d’arrêter ou de continuer la délinquance. Pour Alex et Charlie, les aspects positifs du changement sont plus nombreux que les aspects négatifs, ce qui leur permet d’avancer dans le processus de désistance. Continuer dans la délinquance serait trop couteux pour eux puisqu’ils risqueraient de décevoir leur entourage et de perdre tout ce dans quoi ils se sont investis ces derniers mois. De plus, cela compromettrait leurs projets d’avenir. En revanche, Amel perçoit les inconvénients du changement comme étant plus nombreux que les avantages ce qui l’amène à continuer dans la délinquance malgré les risques qu’il encoure. En effet, la délinquance lui apporte actuellement de nombreux avantages : elle est une source de revenus facile qui lui permet d’assurer un certain train de vie et d’assurer sa consommation de stupéfiant. Elle est décrite par les jeunes comme un canal d’expression de sa haine. Enfin, le réseau social d’Amel, décrit comme une famille, est essentiellement composé de jeunes déviants.

Le dernier thème décrivant l’expérience de changement dans un processus de désistance est la prise de conscience de l’impact sur les autres. Il correspond à la prise en compte par les jeunes des conséquences que la délinquance peut avoir sur l’autre. En effet, Alex et Charlie ont réalisé que la délinquance n’avait pas de conséquences uniquement sur eux, mais qu’elle touchait également leurs proches, ce qui les a amenés à se remettre en question. Alex prend conscience que sa mère souffre beaucoup de son comportement délinquant, que son neveu l’a pris en modèle et pourrait suivre le même chemin. Il constate également qu’il met sa famille en danger. Pour sa part, Charlie prend conscience que sa violence amène ses amis à s’éloigner de lui. Or, aucun des deux ne souhaitent pas faire souffrir leurs proches ni s’éloigner d’eux, ils veulent, au contraire, garder de bons contacts avec eux. Cette considération de l’autre contribue à faire progresser les jeunes dans le processus de désistance.

3. Discussion

Réalisée à partir de trois analyses de cas, cette recherche visait à comprendre le vécu des jeunes concernant leur parcours en vue d’étudier le processus de désistance à travers leur discours. Pour ce faire, trois adolescents délinquants en transition vers la vie adulte engagés dans une trajectoire délinquante depuis au moins un an ont été rencontrés et interviewés individuellement. Au terme de l’entretien, ceux-ci ont répondu à des questionnaires. Il est intéressant ici de relever la cohérence entre le discours des jeunes et leurs résultats aux différents questionnaires,cela renforce notre approche. Il ressort de nos analyses que Alex et Charlie sont actuellement engagés dans un processus de désengagement de la délinquance. Ils se situent dans les stades de contemplation (intention de changer de comportement) et d’action (modification effective du comportement). Ils développent, tout au long de leur récit, une réflexion quant à leurs parcours déviants et mettent en avant les éléments qui les motivent à vouloir changer. Cette remise en question de leur mode de vie délinquant leur a permis de prendre conscience de l’impact de leur comportement sur eux et sur leur environnement. Cela les a également amenés à mettre en balance les gains espérés et les pertes anticipées à la suite du délit (Cusson, 2010; Prochaska, Norcross, & DiClemente, 2013; Prochaska, Redding, & Evers, 2006), ce qui influence à son tour le choix de commettre ou non un nouveau délit. Ainsi, Alex et Charlie considèrent que les mauvais côtés de la délinquance sont devenus plus nombreux que les bons et cela les incite à changer et par conséquent à aller vers une sortie de la délinquance (Cusson, 2010). Ils évoquent notamment la perspective d’aller en prison, ce qui mettrait en échec leur volonté d’adopter un mode de vie conventionnel et la concrétisation de leurs projets. De plus, le changement effectif lié à cette réflexion leur permettrait de valoriser une image positive de soi (Maruna, 2001). Renforcé dans cette nouvelle manière de faire, ils pourraient alors progressivement se détacher d’une identité délinquante prédominante au profit de facettes prosociales de leur identité (King, 2012; Maruna, 2001; Paternoster & Bushway, 2009).

D’autres éléments contribuent également à maintenir ces jeunes en dehors de la délinquance. Tout d’abord, pour Alex, il y a l’emploi, qui apparait ici comme une nouvelle opportunité sociale (Prochaska & al., 2006), comme un tournant de vie (Sampson & Laub, 2003; Mohammed, 2012) favorisant le changement. Ce catalyseur de changement offre une occasion de transformation identitaire, change et structure la vie du jeune et constitue une source de contrôle informel (Sampson & Laub, 2003; Mohammed, 2012). Investi dans son travail, Alex aurait moins d’occasions et d’incitations à la délinquance à court terme. De plus, la valorisation procurée par son travail renforcerait sa volonté de rester dans une vie plus conventionnelle à long terme (Sampson & Laub, 2003). Pour Charlie, le sport apparaît comme un élément soutenant la désistance. Cette activité pourrait être considérée ici comme une activité structurante qui donne au jeune l’opportunité de se sentir appartenir à un groupe de pairs non déviants, de se confronter à un cadre régi par des règles strictes et de s’y conformer (Communauté d’agglomération Grenoble-Alpes Métropole, 2009). Ensuite, la présence de personnes-ressources valoriserait et renforcerait les jeunes dans leur nouvelle identité (Paternoster & Bushway, 2009; Prochaska & al., 2006; Shover, 1996) et soutiendrait donc la désistance. Ce soutien social favoriserait la transition vers une vie de conformité en permettant à Alex et Charlie de se détacher progressivement de l’identité de délinquant. Selon Paternoster et Bushway (2009), le regard que porte l’entourage sur l’individu est capital, il l’enferme ou le libère de son étiquette délinquante. Ainsi, le changement devient opérant chez l’individu lorsqu’il est reconnu par d’autres personnes. Ceci souligne le poids des attentes et du regard des autres sur le changement.

Qu’en est-il d’Amel qui lui n’envisage pas l’arrêt de la délinquance? Il se situe dans le stade de précontemplation (déni du problème, absence de changement du comportement délinquant). Il développe également une réflexion sur son parcours. Toutefois, au contraire d’Alex et Charlie, sa réflexion renforce sa volonté de rester dans un mode de vie délinquant. De fait, pour lui, les bénéfices retirés des conduites délinquantes sont actuellement importants. Les trois jeunes rencontrés, qu’ils soient persistants ou en voie de désistance, réalisent donc un calcul des couts-bénéfices concernant leur comportement délinquant. Prochaska, Redding et Evers (2006) et Prochaska, Norcross et DiClemente (2013) attestent que la prise de conscience des risques et des pertes d’un comportement favoriserait la reconnaissance de ce comportement comme étant problématique et mènerait au changement. Néanmoins, pour Amel, cela n’est pas le cas puisque malgré sa conscience des conséquences possibles liées à ce mode de vie, il manifeste la volonté de se maintenir dans un mode de vie délinquant. Il considère la délinquance comme son choix et non pas comme un problème. Ceci nous renvoie aux théories de Cusson (2010) attestant que les individus peuvent choisir la voie de la délinquance. Ce choix est fonction de la réflexion des personnes et des résultats obtenus. Les trois jeunes rencontrés semblent conscients des risques liés à un mode de vie délinquant, mais tous ne font pas le même choix : pour les deux jeunes en voie de désistance, les couts d’un mode de vie délinquant sont devenus trop conséquents. Ils préfèrent préserver l’emploi, le sport ou encore la qualité des relations avec leur entourage. Ces jeunes présenteraient des attentes négatives à l’égard de la délinquance et des attentes positives à l’égard de la désistance, favorisant ainsi un changement du comportement délinquant. De plus, ils projettent leur choix sur du long terme, ce qui les aide à résister aux tentations et aux plaisirs immédiats. En revanche, pour le jeune persistant, les bénéfices d’un mode de vie délinquant restent importants. Ils présenteraient des attentes positives à l’égard de la délinquance et des attentes négatives à l’égard de la désistance ce qui l’amènerait à continuer dans la voie de la délinquance. Ainsi, le type de croyances et d’attentes influencerait le choix de comportement (Bandura, 2006; Lloyd & Serin, 2012).

Par ailleurs, nos analyses indiquent que les trois jeunes manifestent, d’une manière qui leur est propre, un sentiment d’agency c’est-à-dire qu’ils présentent une croyance en leur capacité à maitriser et contrôler leur vie. Ce positionnement d’acteur serait un élément central et déterminant tant dans le processus de changement (Prochaska & DiClemente, 1982) que dans le processus de sortie de la délinquance (Bottoms, Shapland, Costello, Holmes, & Muir, 2004; Laub & Sampson, 2001; Liem & Richardson, 2014; Marsh, 2011; Maruna, 2001; Sampson & Laub, 2005; Vaughan, 2006; Weaver, 2009). L’agentivité défaillant chez les individus délinquants occasionnerait chez eux une perception réduite des choix d’action. Considérant qu’ils ont peu de contrôle sur leur situation, les individus délinquants se sentiraient moins responsables des choix faits (Healy, 2013; Liem & Richardson, 2014; Marsh, 2011; Maruna, 2001). Toutefois, nos analyses montrent que le sentiment d’agentivité se retrouve chez les trois jeunes rencontrés, qu’ils soient persistants ou en voie de désistance. Il semble donc judicieux de repenser l’agentivité dans un cadre plus large, à savoir la compréhension de tous types de comportements. En effet, l’agentivité est une croyance générale concernant sa capacité à atteindre ses objectifs. Elle influence donc les scénarios anticipatoires que l’individu se construit, enregistre et réitère. Par conséquent, elle détermine le comportement choisi ainsi que les résultats ultérieurs (Bandura, 2006). Une personne ayant un fort sentiment d’agentivité reconnaitrait l’impact des facteurs environnementaux et sociaux dans sa vie, mais maintiendrait le sentiment d’avoir le choix dans la manière d’agir et de mener sa vie (Liem & Richardson, 2014). Elle élaborerait donc des scénarios de réussite et développerait des moyens pour atteindre son objectif de changement. Au contraire, une personne ayant un faible sentiment d’agentivité considèrerait avoir peu de contrôle de la situation, voire aucun, et attribuerait sa situation à des causes externes non contrôlables (Liem & Richardson, 2014; Maruna, 2001). Elle construirait dès lors des scénarios défaitistes qui réduisent la performance, entravent l’atteinte de ses objectifs (Bandura, 2006; Maruna, 2001), et minimiserait sa responsabilité (Liem & Richardson, 2014).

Comme tout comportement, la délinquance renvoie à des actes posés par un individu qui anticipe et régule son comportement en fonction des résultats qui en découlent. En effet, l’aboutissement d’un délit dépend des capacités de planification et de préparation de l’individu délinquant puisque ce dernier doit repérer les lieux, comprendre les habitudes des victimes, se procurer les équipements nécessaires, prévoir les modalités de fuite ou encore anticiper les risques (Cusson, 2010). Ce contexte sollicite tout autant cette position d’acteur.

Enfin, les cas analysés mettent en évidence une tendance à attribuer la situation à des causes internes pour les trois jeunes rencontrés. Seul le jeune persistant présente une forte tendance à attribuer fortement sa situation autant à des facteurs internes qu’à la chance. L’engagement ou non dans le processus de désistance pourrait dès lors dépendre des attentes initiales de l’individu ainsi que du sentiment de maitrise. (Burnett & Maruna, 2004; Maruna, 2001). Le suivi longitudinal de ces jeunes permettra d’aborder cette question dans un prochain article.

Conclusion

En conclusion, notre étude offre un éclairage supplémentaire pour comprendre le processus de désistance chez des adolescents délinquants en transition vers l’âge adulte. Les résultats issus de cette recherche permettent de se rendre compte de l’importance de la balance décisionnelle dans le processus de désistance. Celle-ci prend la forme d’une réflexion mettant en évidence les pertes et les gains anticipés, que Cusson (2010) avait déjà mis en avant dans l’engagement délinquant. Prochaska et ses collaborateurs (2006) avaient également mis en évidence cette notion de balance décisionnelle dans leur processus transthéorique du changement. Ainsi, le calcul cout-bénéfice serait un facteur essentiel dans le processus de sortie de la délinquance. Les résultats issus de ce calcul amèneraient l’individu à s’engager ou non dans le processus de désistance. Ces conclusions sont intéressantes d’un point de vue interventionniste puisqu’elles encouragent les travailleurs sociaux à accompagner les justiciables dans ce travail de réflexion.

Nos analyses démontrent également que le processus de désistance implique un processus interactif entre le jeune et son environnement. L’investissement du jeune dans une activité prosociale valorise une image positive de lui. Les changements opérés par le jeune sont ensuite reconnus et valorisés par l’entourage qui constitue le miroir du jeune. Notre recherche met évidence de manière intéressante que le reflet identitaire peut transiter par différents agents de désistance qui ne se limitent pas à la famille. Ainsi, même les intervenants de terrain peuvent devenir des agents de désistance en privilégiant des interventions valorisant les changements, même minimes, opérés par l’individu délinquant et en soutenant sa transition vers une identité non déviante.

Enfin, l’agentivité et, par conséquent, le sentiment d’avoir le choix de la direction à donner à sa vie influencent aussi le processus de désistance. À l’inverse des théories de Maruna, nos analyses indiquent que le sentiment d’agentivité peut se retrouver autant chez des individus persistants que chez des individus en voie de désistance. Si l’agentivité peut caractériser autant les délinquants en voie de désistance que les persistants, qu’est-ce qui soutient la sortie de la délinquance? Il se pourrait que l’importance accordée au hasard ou à la chance, élément incontrôlable, vienne contrebalancer le sentiment d’être acteur de sa vie. En effet, même en tant qu’acteur de sa vie, l’individu peut se sentir limité dans ses opportunités et notamment dans celle de sortir de la délinquance, car cela impliquerait un changement plus conséquent sur le plan de la vie sociale et sociétale. Le sentiment d’être acteur et l’importance accordée au hasard devraient alors tous deux être pris en considération pour envisager le concept d’agentivité et aborder la désistance. Il se pourrait également que les délinquants qui présentent un sentiment d’être acteur aient une plus grande probabilité de sortir de la délinquance s’ils en faisaient le choix ultérieurement. Le sentiment d’être acteur serait dès lors un facteur nécessaire, mais pas suffisant, pour expliquer le processus de sortie de la délinquance.