Introduction[Notice]

  • Michelle Troberg et
  • Sandrine Tailleur

…plus d’informations

  • Michelle Troberg
    University of Toronto

  • Sandrine Tailleur
    Université du Québec à Chicoutimi

Ce mélange rend hommage à Yves Roberge et à sa contribution aux divers problèmes de la syntaxe française, voire romane, autant au niveau empirique qu’au niveau théorique. Son influence n’a guère besoin d’être présentée ici ; elle est peut-être mieux appréciée dans les articles que présente ce numéro spécial, qui rassemble des représentant.e.s important.e.s de plusieurs communautés de recherche dans lesquelles Yves joue un rôle central. Chaque article s’inspire d’une façon ou d’une autre de son oeuvre et de la vision qu’il a mise de l’avant tout au long de sa carrière, qui compte cette année 34 ans. Yves découvre sa passion pour la linguistique dès le cégep, en 1978, lors d’un cours de linguistique offert par un jeune doctorant de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), qui leur fait faire des arbres syntaxiques. Selon Yves, ce fut le coup de foudre. Il laisse donc tomber les sciences pures, la voie qu’il suivait à l’époque, pour s’engager entièrement en sciences humaines. Un cours subséquent au cégep, offert par un autre doctorant de l’UQAM, et qui portait celui-là sur l’acquisition de la langue maternelle dans le cadre de la grammaire générative, confirme ce qu’il voulait étudier. Lors de son baccalauréat à l’Université de Sherbrooke, il s’épanouit. Il travaillera en tant qu’assistant de recherche dans les projets menés par Normand Beauchemin (sociolinguistique) pendant le premier cycle et par Marie-Thérèse Vinet (syntaxe) pendant le deuxième. C’était l’époque où on lisait les manuscrits de Chomsky avant même la publication de Lectures onGovernment and Binding (1981) –  ce jeune étudiant francophone qui n’avait jamais suivi de cours d’anglais était clairement doué et passionné. Boursier, Yves est allé faire ses études doctorales en syntaxe à l’Université de la Colombie-Britannique (UBC) en 1983. Travaillant sous la direction de Michael Rochemont, Yves lui est particulièrement reconnaissant de lui avoir inculqué une façon rigoureuse de faire de la syntaxe et de développer des arguments linguistiques. Yves se souvient du caractère pointilleux de son directeur et de son esprit de décision, se rappelant les moments où Michael l’a encouragé à pousser son raisonnement et à dire les choses comme elles sont. Un an plus tard, Yves fut en mesure de laisser sa marque à UBC quand il fonda en 1984 la Northwest Linguistics Conference (NWLC) – qui célèbre sa 37e itération en 2021. Peu après, il rencontre celle qui deviendra son épouse, Diane Massam, alors professeure contractuelle à UBC. Avec son efficacité distinctive, Yves soumet sa thèse en 1986, à peine trois ans après son arrivée. Apportant de nouvelles données provenant du français québécois, il propose que le français soit considéré comme une langue à sujet nul ; une telle approche allait à l’encontre de tout ce que l’on disait à l’époque, alors que le français normé était de loin le plus étudié. Moment déterminant, idée très influente, et approche durable (nous y reviendrons plus loin). Après sa soutenance, Yves déménage à Montréal avec Diane, où chacun s’engage dans des projets différents. Yves travaille sur un projet avec Anna Maria Di Sciullo en tant que postdoctorant (ce sera en fait le début d’une longue collaboration fructueuse entre les deux chercheurs), ainsi que sur un projet avec Marie-Thérèse Vinet, en tant que chercheur adjoint (financé par le Conseil de recherche en sciences humaines du Canada). Le résultat de ce dernier projet fut, entre autres, la publication de leur livre La variation dialectale en grammaire universelle (1989). Diane et Yves se marient et s’installent à Toronto en 1987, Diane, elle, récipiendaire d’une subvention du CRSH au département de linguistique à l’Université de Toronto et Yves ayant décroché une bourse postdoctorale …

Parties annexes