Comptes rendus

Archives de Sciences Sociales des Religions, « Catholicisme et Territoire », no 107, juillet-septembre 1999, 185 p.Transcultural Psychiatry, « Narrative Therapy and Religion », vol. 36, no 4, décembre 1999, 144 p.[Notice]

  • Denis Gagnon

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  • Denis Gagnon
    Département d’anthropologie
    Université Laval
    Sainte-Foy (Québec) G1K 7P4
    Canada

Ces deux numéros thématiques ont en commun le fait d’aborder des espaces institutionnels, la paroisse et la clinique, par le biais de phénomènes religieux axés respectivement sur la pratique et le discours. Le concept de territorialisation, abordé dans « Catholicisme et Territoire », est familier aux géographes et anthropologues intéressés par la construction sociale de l’espace. Par contre, son application dans le contexte de la désintégration des communautés paroissiales et, à un niveau plus large, dans celui des efforts des diocèses pour réorganiser l’Église catholique, est relativement nouvelle. En guise d’introduction, S. Abbruzzese situe l’analyse du territoire, en tant que champ d’étude, dans la tradition durkheimienne, et il s’interroge sur le lien entre la dimension religieuse et l’espace socialement vécu dans le contexte de la sécularisation. R. Courcy s’intéresse aux effets de la modernité, au Québec et en France, sur la paroisse catholique vue en tant que lieu de débats et d’expérimentations concrètes. Dans le même contexte, F. Garelli traite de la relation entre la mobilité territoriale des croyants italiens et l’établissement de nouveaux lieux religieux autres que la paroisse. À un niveau plus large, J. Palard compare la restructuration de l’organisation territoriale de l’Église catholique aux processus de décentralisation de l’ordre politico-administratif en mettant l’accent sur les transformations des modalités d’exercices de pouvoir. De son côté, L. Diotallevi, par le bais d’une analyse quantitative laborieuse, compare les pratiques religieuses dans le nord et le sud de l’Italie et, chose surprenante, il conclut son article en postulant l’absence de relation directe entre la sécularisation et la crise actuelle de la religion catholique! Enfin, C. de Galembert présente un article remarquable sur les enjeux entourant la construction d’une cathédrale dans la ville nouvelle d’Évry en France. Le succès de ce « lieu de transcendance anonyme » auquel chacun peut s’identifier, serait l’expression d’une « revanche de la tradition sur la modernité », d’un « retour du sacré » et d’un retour à une « pastorale de visibilité ». Ce numéro présente des outils d’analyse pertinents pour aborder du point de vue de la relation au territoire les transformations religieuses vécues au Québec depuis quelques décennies (sécularisation, fusions paroissiales, démolitions d’églises, mobilité des croyants et popularité croissante des centres de pèlerinages). Le numéro thématique de Transcultural Psychiatry traite de la construction narrative de la détresse psychologique à l’aide des symboles culturels, des mythes et des rituels. Le numéro s’articule autour de l’article de E. Witztum et Y. Goodman intitulé « Narrative Construction of Distress and Therapy : A Model Based on Work with Ultra-Orthodox Jews ». Il est suivi de quatre commentaires auxquels répondent les auteurs. Witztum et Goodman travaillent dans une communauté juive ultra-orthodoxe israélienne où la psychologie et, en particulier, le concept de subconscient, sont vus comme de dangereuses hérésies menaçant la foi en l’existence de Dieu. S’appuyant sur un paradigme constructiviste social et cognitif, les deux psychiatres respectent l’horizon culturel, symbolique et rituel de leurs patients et leur approche thérapeutique tient compte d’ouvrages récents en anthropologie, entre autres, Dow (1986) et Obeysekere (1990). Le but de la thérapie est de créer un changement positif chez le patient en l’aidant à construire, à partir d’un récit fragmentaire, des séquences plus logiques qui serviront à le libérer de la figure surnaturelle qui le hante. Plutôt que d’inscrire ce récit dans la terminologie psychiatrique, ils le traduisent dans le monde symbolique et religieux du patient. Le premier commentateur, D. Seeman, qualifie cette approche de réductionniste en raison de la méconnaissance anthropologique dont feraient preuve les auteurs envers la culture Haredim. Plutôt que de le relier à une réalité culturelle, ceux-ci réduiraient …

Parties annexes