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Cet ouvrage est une approche sociologique très documentée et une réactualisation des outils théoriques nécessaires pour appréhender le régime moderne de l’échange de biens d’une nature spéciale — les énoncés prévalant sur les objets matériels ; il pose donc un certain nombre de questions quant à la réévaluation des valeurs traditionnelles de notre culture et de concepts aussi variés que le travail, la « production », l’opinion et la « vérité ». La question de la nouveauté y est abordée sous l’angle des nouveaux statuts des discours ainsi véhiculés, constitués selon un panorama très rigoureux qui engage l’histoire de la pratique et de la pensée des relations sociales à l’échelle globale, et ses enjeux de pouvoir au niveau de la représentation collective.
Qu’en est-il de cette globalité fréquemment assimilée au tout social lui-même, quelles en sont les limites? C’est ce que propose d’étudier l’auteur en opérant à partir d’une définition des natures spécifiques de ces discours, en invoquant la relativité de l’opposition entre public et privé, individuel et collectif, en vertu de l’existence d’un type de biens et de discours « culturels » et la limite fluctuante entre les diverses sphères d’énonciation au sein du champ social. Cette analyse traverse méthodiquement le champ de la circulation des signes, d’un point de vue historique tout d’abord, puis du point de vue de ses moyens (médias) avec la caractérisation des traits spécifiques de ce mode discursif : l’énoncé, l’événement, valeurs qui perdent tout caractère figé puisqu’elles s’inscrivent dans un régime largement connoté, censuré, orienté à des fins politiques, et qui se rapporte au phénomène publicitaire en sa visée totalitaire. Ce pan de l’analyse ouvre la possibilité d’un décodage de l’« ordre social » compris comme essentiel antinomique, puisque l’enjeu ultime de la société de communication est, semble-t-il, de contrôler et de colmater l’hétérogénéité des discours énoncés, sachant que chaque émission de parole est circonstanciée par le milieu social où elle s’élabore, comme sa représentativité est conditionnée par des normes culturelles émanant d’un mode dominant, dont l’enjeu est de nature inter-sociétale. L’exposé emprunte à divers champs de recherche, notamment ethnologique, avec le souci de reprendre les termes de sa réflexion à la base de notre conception de la collectivité, et de sa transcription, bref à l’origine (souvent idéologique et religieuse) des processus médiatiques suivant l’impératif d’organisation et de régulation de la société. Il s’agit d’évaluer plus particulièrement le degré de communication réellement à l’œuvre par le biais de ces réseaux fortement et strictement contrôlés et hiérarchisés. En d’autres termes, le projet d’intégration maximal de ce régime des signes jusqu’en ses formes actuelles n’induit-il pas paradoxalement la polarisation et l’opacité de tout savoir?
Cet ouvrage constitue ainsi un repérage précieux pour toute recherche sur la repré-sentation et un sujet d’interrogation passionnant et ouvert sur l’avenir de la pensée face au modèle de la mondialisation des échanges, et en particulier celle des singularités.