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Il est malaisé de rendre compte d’un livre écrit par douze auteurs sans être injuste. Le point de vue du lecteur n’est pas celui des auteurs. Je ne souhaite donc pas faire double emploi avec l’introduction d’Agnès Fine et Françoise-Romaine Ouellette, en introduisant à mon tour les auteurs de ce livre, elles l’ont fait et bien fait.

Ce livre comprend, en plus de sa préface, neuf contributions groupées en deux parties : 1. Questions d’identification : le nom, l’État, l’individu (quatre textes) ; 2. Choix du nom et affirmation des appartenances (cinq textes). La première partie aborde le problème du nom à partir surtout des préoccupations des institutions civiles ou religieuses qui cherchent à classer les individus en s’appropriant le contrôle de leur nomination légitime. La seconde partie reste très proche des pratiques de nomination dans les groupes et les familles, de nos jours ou autrefois.

Nous circulons dans le vaste champ des écrits d’historiens, de sociologues ou d’anthropologues qui s’intéressent aux transformations actuelles des structures familiales. Tous les travaux présentés ici s’attardent à l’examen d’une variété de pratiques concernant la nomination des sujets et, de temps en temps, à l’interprétation que l’on peut faire de ces changements. Le nom de chacun devient alors un symptôme révélateur des logiques sociales en place, en émergence ou en désuétude progressive. Que se passe-t-il? Que s’est-il passé? Bien sûr, on trouve ici les indices de l’écart grandissant entre les souhaits parentaux de nommer leurs enfants sans la contrainte des règles sociales et les pratiques des générations précédentes cadrées par des coutumes ou des discours religieux ou encore par l’intervention des pouvoirs publics conscients des avantages d’un état-civil aux règles claires qui leur permettent un accès assuré à leurs citoyens pour quelque but que ce soit.

Comment prendre le recul nécessaire qui permettra de fonder un jugement crédible sur les logiques sociales subverties ou relancées, nouvelles ou prétendument nouvelles qui marquent l’art de nommer? L’intérêt du livre à cet égard est constant, il propose des interprétations variées, souvent prudentes. Il n’est pas nécessaire, heureusement, d’être d’accord avec toutes les propositions du livre pour reconnaître la valeur de ses recherches.