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Montgomery Catherine et Caterine Bourassa-Dansereau (dir.), 2017, Mobilités internationales et intervention interculturelle. Théories, expériences et pratiques. Québec, Presses de l’Université du Québec, coll. Communication, 310 p., gloss[Notice]

  • Mathilde Gouin-Bonenfant

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  • Mathilde Gouin-Bonenfant
    Département d’anthropologie, Université de Montréal, Montréal, Québec, Canada

L’intensification et la diversification de la mobilité internationale s’accompagnent de nouvelles rencontres entre des personnes et des groupes « porteurs de cultures différentes » (p. 2). L’ouvrage Mobilités internationales et intervention interculturelle. Théories, expériences et pratiques, dirigé par Catherine Montgomery et Caterine Bourassa-Dansereau, toutes deux professeures au département de Communication sociale et publique de l’Université du Québec à Montréal et dont les recherches se concentrent en particulier sur les relations interculturelles, invite à penser aux enjeux interculturels qui traversent ces rencontres à travers trois regards : les théories, les pratiques et les expériences. Ce livre s’adresse autant aux chercheurs travaillant sur les enjeux de mobilité et d’intervention interculturelle qu’aux intervenants travaillant auprès de populations en contexte de mobilité. Il est aussi conçu comme un outil pédagogique et chaque chapitre se conclut par une série de questions d’approfondissement. Les 11 contributions de cet ouvrage sont divisées en deux parties. Si la première porte plutôt sur la théorie et la seconde sur la pratique, elles ne sont pas en opposition. Au contraire, il s’agit d’un dialogue portant sur leur adéquation. De plus, le regard expérientiel traverse le tout, par le biais de récits de mobilité et d’intervention, et contribue à ficeler ensemble les deux parties. La première partie, « Approches conceptuelles et expériences de mobilité », s’ouvre avec un chapitre faisant une lecture sociohistorique des mobilités internationales et des approches d’intervention. Catherine Montgomery et Christian Agbobli y présentent les trois grandes orientations actuelles dans l’intervention interculturelle. Les auteurs concluent en appelant à une « praxis interculturelle » qui éviterait les généralisations, souvent présentes dans l’approche culturaliste, et qui combinerait les dimensions micro et macro de la communication interculturelle. Cela permettrait à la fois de travailler à l’échelle de l’interaction, vers un idéal de compréhension mutuelle, tout en reconnaissant les rapports de domination et en visant la justice sociale (p. 23-24). C’est aussi dans cette première partie que sont clarifiées certaines notions-clés. Pour bien appréhender l’approche « interculturelle », encore faut-il s’entendre sur une définition de la culture. Dans le chapitre 2, « Communication interculturelle et communication interpersonnelle. Enjeux et croisements », Caterine Bourassa-Dansereau et Cheolki Yoon définissent la culture comme une manière de vivre partagée et transmise à l’intérieur d’un groupe. Celle-ci n’est toutefois pas un objet fixe, statique ou déterministe (p. 33). La communication interculturelle caractérise alors la relation entre des individus porteurs de cultures différentes, à travers laquelle les cultures peuvent se transformer (p. 42). La seconde partie, « Pratiques d’intervention, d’accompagnement et de formation en contexte de mobilité internationale », détourne le regard de la théorie vers la pratique, d’une part, et de l’expérience de mobilité vers l’expérience d’intervention, d’autre part. Les pratiques (intervention, accompagnement et formation) doivent répondre aux multiples formes de mobilité et à leur complexité, tout en s’arrimant aux approches conceptuelles provenant de la recherche. Les populations migrantes vivent souvent à l’intersection de plusieurs systèmes de discrimination et peuvent voir leurs offres de services sociaux et de santé réduites. C’est notamment le cas à des périodes cruciales de leur vie, comme le vieillissement. Pour pallier ce risque, au chapitre 7 (« Vieillissement et deuil. Vers de nouvelles problématiques en intervention interculturelle »), Marie-Emmanuelle Laquerre, Lilyane Rachédi et Catherine Montgomery préconisent, à l’échelle micro, une approche interculturelle qui permet l’ajustement et la négociation culturelle, tout en appelant, à l’échelle macro, à des remises en question institutionnelles et organisationnelles. Que ce soit pour les intervenants oeuvrant dans les milieux de la santé et des services sociaux (chap. 6 et 7) ou pour les jeunes effectuant des stages internationaux (chap. 10), les auteurs de cette section s’entendent sur …