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Godelier, Maurice, 2019, Fondamentaux de la vie sociale. Paris, CNRS et De vive voix, coll. « Les grandes voix de la recherche », 96 p.[Notice]

  • Nicolas Boissière

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  • Nicolas Boissière
    Département de sciences des religions, Université du Québec à Montréal, Montréal (Québec), Canada

Maurice Godelier est sans conteste l’un des anthropologues français les plus connus. Son oeuvre, qui s’appuie sur plusieurs années d’enquête de terrain auprès d’un peuple de Papouasie-Nouvelle-Guinée, les Baruya, constitue, en effet, un apport majeur à la discipline, au point de l’avoir distingué, en 2001, de la médaille d’or du Centre national de la recherche française (CNRS), à savoir « la plus prestigieuse récompense scientifique » (p. 3) existante en France. Dans ce court ouvrage, publié au sein d’une collection qui offre la parole aux lauréats et lauréates de cette médaille, Maurice Godelier retrace ainsi son parcours de recherche tout en dressant « une sorte d’inventaire » des « résultats » et « découvertes » qu’il a mis au jour et qui possèdent, selon lui, « un intérêt » à la fois pour l’anthropologie et pour les autres sciences humaines et sociales (p. 5). Après une introduction (p. 5-10) où il revient sur sa formation et sa double « émigration intellectuelle » (p. 7), de la philosophie à l’économie puis de l’économie à l’anthropologie, Maurice Godelier déploie sa thèse centrale : quel que soit les contextes socioculturels et sociohistoriques dans lesquels ils s’inscrivent, « les rapports sociaux » (p. 11-19) sont structurés par « des invariants » dont l’existence ne s’explique pas « par diffusion d’une société à l’autre » (p. 12) mais par celle d’une « nature humaine » (p. 20-33) qui, sans renvoyer à « une définition close » voire à « une essence », doit plutôt être envisagée « comme une série de préconditions (biologiques, historiques, etc.) permettant à un être humain d’exister » (p. 21). Celles-ci sont plus exactement au nombre de cinq : 1) « un individu n’est jamais à l’origine de lui-même », « il est né d’un homme et d’une femme qui lui ont donné son corps et son sexe » ; 2) « un individu ne survit pendant les premières années de son existence que grâce aux soins d’autres humains, des adultes en général, ceux qui l’ont mis au monde ou qui l’ont adopté » ; 3) « un individu naît toujours à une époque et au sein d’une société qu’il n’a pas choisies » (p. 22) ; 4) « un individu, parce qu’il est doté génétiquement de la capacité d’émettre et de comprendre des signes qui font sens pour lui et les autres, comprend d’abord puis parle ensuite la langue utilisée par ses parents » (p. 23) ; 5) « un individu », enfin, « naît et grandit dans un groupe qu’on appelle habituellement une famille. [...] Il appartient [aussi] à un groupe social (un clan, une caste, une classe sociale) marqué d’un statut plus ou moins positif ou négatif au sein de sa société » (p. 23-24). Au fil de sa carrière, c’est finalement à la documentation et à l’analyse des invariants associés à des grandes thématiques de l’anthropologie que Maurice Godelier s’est attaché, comme il l’explique dans les quatre sections suivantes : « les systèmes de parenté » (p. 34-55), s’articulant autour de six d’entre eux  « la descendance » (p. 38-39), « l’alliance » (p. 39), « l’interdit de l’inceste » (p. 39-41), « la résidence » (p. 41), « une terminologie de parenté » (p. 41-42) et « un ensemble de représentations du processus de fabrication des enfants » (p. 42) ; « le don » (p. 56-60), auquel il est nécessaire de distinguer « des choses que l’on peut donner ; des choses que l’on peut vendre [...] ; et des choses qu’il ne faut ni donner ni vendre [mais] qu’il faut garder pour transmettre » …

Parties annexes