Résumés
Résumé
Dans la jurisprudence canadienne post-Charte, la neutralité religieuse de l’État repose encore aujourd’hui sur les principes déterminés par la Cour suprême du Canada dans l’arrêt Big M Drug Mart en 1985. Dans cet article, j’analyserai les fondements de la neutralité religieuse tels qu’ils apparaissent dans cet arrêt. À mon avis, on y trouve une confusion conceptuelle importante, qui infecte encore la jurisprudence actuelle. En effet, dans l’arrêt Big M Drug Mart, il est dit que la neutralité religieuse de l’État découle uniquement de la liberté de conscience et de religion. Comme nous le verrons, il s’agit certes d’un fondement nécessaire à la neutralité religieuse, mais cela n’est pas un fondement suffisant. Il faut y ajouter la notion d’égalité pour obtenir un ensemble normatif nécessaire et suffisant. De plus, nous verrons que la Cour suprême semble normativement d’accord avec cette conclusion, mais a dû intégrer la notion d’égalité au sein de la notion de liberté pour des raisons historiques contingentes.
Abstract
In post-Charter Canadian jurisprudence the religious neutrality of the state is, to this day, determined by the principles elaborated by the Supreme Court of Canada in the 1985 Big M Drug Mart decision. In this article, I will analyse the foundation of religious neutrality as they appear in said decision. In my opinion, this case presents an important conceptual confusion which still infects today’s jurisprudence. Indeed, in Big M Drug Mart, the state’s religious neutrality is said to stem solely from freedom of conscience and religion. As we shall see, this is certainly a necessary foundation to religious neutrality, but it is not sufficient grounds. The notion of equality must be added as a second concept to obtain a necessary and sufficient normative set. Furthermore, we shall see that the Supreme Court seems to agree with this assertion, but had to insert the notion of equality within the concept of liberty for contingent historical reasons.