Dossier : Les relations internationales des États-Unis : la politique étrangère américaine dans tous ses étatsPrésentation

Les relations internationales des États-Unis : la politique étrangère américaine dans tous ses états[Notice]

  • Godefroy Desrosiers-Lauzon et
  • Greg Robinson

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  • Godefroy Desrosiers-Lauzon
    Professeur associé, département d’histoire, UQAM

  • Greg Robinson
    Professeur, département d’histoire, UQAM

Il y a bientôt vingt ans, le Bulletin d’histoire politique publiait un dossier thématique sur les États-Unis, sous la direction d’Albert Desbiens, professeur au département d’histoire de l’UQAM. Sur six articles, trois traitaient directement de relations internationales : un texte de François Fournier situait les relations canado-américaines, mouvementées durant le mandat de Diefenbaker, dans le contexte de la continentalisation des politiques de défense durant la guerre froide. Christine Mercier proposait une interprétation de la politique de Nixon au Vietnam à la lumière de la biographie et de la psychologie du trente-septième président. Et Geneviève Bougie analysait les représentations cinématographiques de la guerre du Vietnam. Dans son texte d’introduction au dossier, Desbiens reconnaissait l’effet de la nouvelle histoire sociale et culturelle sur « une histoire politique s’alimentant à ces transformations ». Il prenait aussi acte du « regain » de l’histoire politique – dont l’existence du BHP témoignait par ailleurs. À l’époque, il en disait autant à ses étudiants. Au soir du XXe siècle, l’histoire des relations internationales était effectivement en transformation. Un recueil de synthèses historiographiques paru en 1995 reconnaissait l’ascendance de l’histoire sociale et culturelle. Préoccupés d’autres défis, la plupart des auteurs contribuant à America in the World prenaient poliment note de la révolution scientifique en cours. Par exemple, Melvyn Leffler acceptait la contribution du genre et de l’analyse culturelle avec des réserves, insistant sur la nécessité de préserver une structure politique à l’histoire des relations internationales, au nom de la possibilité de synthèse. Les contributeurs au dossier spécial du BHP en 1999 suivaient les prescriptions de leurs éminents collègues. Andrew Rotter a relevé quatre « présences » dans l’historiographie d’alors : la place prépondérante occupée par la guerre froide ; l’influence de William Appleman Williams ; l’épisode postrévisionniste associé à John Lewis Gaddis, réactualisé alors par la fin de la guerre froide ; et la persistance des conséquences politiques et interprétatives de l’engagement étatsunien au Vietnam. Comment les articles de ce dossier-ci, en 2018, se positionnent-ils dans le champ des relations internationales des États-Unis ? Prenons d’abord acte de leur caractère exceptionnel : un tel dossier spécial sur les relations internationales des États-Unis est un événement rare en langue française. Ensuite, en quoi ce dossier témoigne-t-il de l’évolution du champ ? D’abord, il nous rappelle que toute politique (policy) étrangère est d’abord politique (politics), particulièrement dans un régime républicain, et particulièrement durant la révolution des relations internationales survenue au milieu du XXe siècle. Les articles de Bernard Lemelin et Greg Robinson discutent respectivement des positions d’Herbert Hoover en matière de politique étrangère après 1945, et du rôle d’Eleanor Roosevelt dans les relations internationales des États-Unis depuis les années 1930. Informés par une approche biographique, ces deux textes proposent bien plus que les récits de vie de deux personnages exceptionnels. Par la visibilité et la diversité de leurs engagements publics, par les contextes révolutionnaires où ils agirent, par le caractère semi-informel de leurs rôles politiques, et par les formes inhabituelles de leadership qui en découlent, Hoover et Roosevelt se trouvent chacun au centre de réseaux complexes de forces historiques, dont l’interaction est éclairée par le travail de Lemelin et Robinson. Ainsi la transformation des relations internationales durant les années 1940 et 1950 est représentée en rendant justice au flou des possibilités et des perceptions. Ainsi ces articles décrivent la construction des cadres de référence idéologiques et politiques dans lesquels les politiques internationales furent construites. Ce faisant, le mal nommé « isolationnisme » d’Hoover relativement à la crise de la politique étrangère américaine de 1949-51 permet de complexifier notre …

Parties annexes