Corps de l’article

Dans un texte récent du Bulletin d’histoire politique, la professeure Geneviève Dorais affirme que la quasi-totalité des historiennes et historiens québécois entretiendrait des réflexes anti-Noirs inconscients ; selon elle, je n’arriverais pas moi-même à me libérer d’une « subjectivité blanche et francophone ».

Quand j’ai commencé à m’intéresser à l’histoire du Québec, il y a de cela plus de vingt ans, il fut quelques collègues qui, apprenant que j’étais le fils d’une immigrante palestinienne et d’un père d’origine écossaise, m’ont suspecté de ne pouvoir écrire sans préjugés sur un groupe (les Canadiens français) qui n’était pas le mien. M’auraient-ils parlé de mon inconscient que j’en aurais été encore plus perplexe.

Je trouvais hier, et je trouve toujours aujourd’hui ce genre de jugement sur tout un chacun hors de propos, pour ne pas dire davantage.

J’espère que tout cela n’empêchera personne, comme je le recommandais dans ma note du Bulletin d’histoire politique de 2014, « d’acheter et de lire Fear of a Black Nation », de David Austin, un livre qui, malgré ses imperfections, permet de s’initier à un « chantier de recherche très prometteur [sur les années 1960] et de découvrir des pistes interprétatives nouvelles qui forcent à sortir de thématiques convenues ».