Hors-dossierRecensions

Jean-Paul Morel de La Durantaye, La noblesse canadienne sous le Régime anglais. Le destin des familles nobles suite au démantèlement des territoires français en Amérique du Nord (1760-1840), Québec, Les Presses de l’Université Laval, collection À propos, 2020, 254 p.[Notice]

  • Karine Pépin

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  • Karine Pépin
    Université de Sherbrooke

Cet ouvrage propose de suivre les trajectoires de diverses familles nobles, de la cession de la Nouvelle-France jusqu’aux rébellions des Patriotes. Publié à titre posthume, les derniers remaniements et le travail d’édition de cet ouvrage ont été respectivement effectués par Fernand Thibault et Catherine Ferland, selon ce qui est indiqué en pages liminaires. L’auteur, l’abbé Jean-Paul Morel de La Durantaye, détient un doctorat en lettres françaises de l’Université d’Ottawa. Il a enseigné la littérature française et québécoise au Petit Séminaire de Sainte-Thérèse, puis au Collège Lionel- Groulx de cette même localité, où il a remporté un prix d’excellence en pédagogie en 1993. Durant sa retraite, l’abbé Morel de La Durantaye s’est plongé dans sa passion pour l’histoire en publiant deux ouvrages qui suivent respectivement le parcours de deux de ses ancêtres nobles ayant vécu sous le régime français, Olivier et Louis-Joseph Morel de La Durantaye. Avec ce présent ouvrage, il poursuit donc sa réflexion en tentant d’élargir à l’ensemble de la noblesse canadienne, évoluant cette fois-ci sous le cadre temporel du régime britannique. Se fixant comme date butoir la veille de l’union des deux Canadas, l’abbé Morel de La Durantaye utilise un angle d’analyse centré sur l’histoire politique et militaire de la colonie. Il poursuit l’objectif de « comprendre la façon dont ce groupe social a pu réagir, s’adapter et se transformer face aux événements ayant suivi la guerre de Sept Ans » (p. 3), en portant un regard sur l’évolution des fonctions militaires, politiques ou administratives attribuées à la noblesse. Pour s’y faire, l’auteur appuie son essai sur la correspondance trouvée grâce au fonds Verreau des Archives du Séminaire de Québec et du dossier privé de la famille Chartier de Lotbinière, que lui a transmis madame Andrée de La Durantaye. Dans une moindre mesure, il s’est aussi appuyé sur la correspondance que recèle le fonds Baby pour les années 1770 à 1800, archives conservées à l’Université de Montréal. Force est d’admettre toutefois que ses propos sont essentiellement appuyés par les nombreuses notices du Dictionnaire biographique du Canada ainsi que par d’autres monographies familiales plus anciennes. Sans enlever de valeur à ces précieuses études, on sent tout de même que l’historiographie utilisée par l’auteur est loin d’être à jour, ce qui influence beaucoup son interprétation. Toutefois, comme l’indique la note éditoriale à la page 3, l’auteur est décédé en 2016 des suites d’une longue maladie, de sorte qu’il n’a pas pu incorporer la majorité des études, mémoires et thèses qui ont été effectués au-delà de 2008 et qui ont considérablement renouvelé l’historiographie sur la noblesse canadienne en particulier pour la période post-Conquête. Même si cela est tout à fait excusable, il s’avère que des ouvrages majeurs publiés bien avant la maladie de l’auteur ont été oubliés, que l’on pense à l’étude de Lorraine Gadoury sur la noblesse de la Nouvelle-France (1991) ou aux travaux d’Allan Greer (1997) sur les rébellions des Patriotes, pour ne nommer que ceux-ci. Ainsi, les réflexions de l’auteur sont teintées d’une vision historiographique datant d’une autre époque. La structure de l’ouvrage suit un plan chronologique, sur sept chapitres, afin de couvrir l’évolution politique de la Province of Quebec ayant eu un impact sur les parcours nobiliaires. Cet essai est de nature plutôt descriptive et l’on y retrouve donc que peu d’analyse. Le premier chapitre, « Les lendemains de la Conquête », se concentre sur le contexte entourant les départs individuels ou familiaux des nobles en France, particulièrement ceux qui s’en sont ensuivis après les capitulations et durant le régime militaire. Le second chapitre suit le parcours de ces …

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